Ce qui valut très vite à paul auster un public de lecteurs inconditionnels et une reconnaissance internationale (marquée en france par l'attribution du prix médicis étranger à léviathan en novembre 1993) se trouve en quelque sorte sublimé dans mr vertigo.
Par la phrase initiale -" j'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau "-, le lecteur est en effet précipité dans une suite d'événements dont il ne sortira plus avant l'épilogue qui le renvoie d'ailleurs au commencement. la force centrifuge des aventures de cet enfant des rues, qui est adopté par maître yehudi et doit à son impitoyable enseignement de parvenir à de prodigieuses lévitations, vient d'une manière que paul auster n'hésite pas à rapporter lui-même aux contes d'andersen ou des frères grimm.
Mais la virtuosité narrative n'en conduit pas moins le lecteur à découvrir, du ku klux klan au gangstérisme, en passant par la sensualité, quelques facettes étranges de cette amérique que les romanciers d'outre-atlantique n'ont pas fini de nous révéler.
Paul Auster est un auteur aux multiples facettes. Recueils de poésies, pièces de théâtre, essais, autobiographies déclinées sous l'angle du corps ou des objets, romans ou scénarios de films, la tâche qui attend tout lecteur souhaitant compulser l'ensemble de son œuvre promet une redécouverte permanente.
Avec "Mr Vertigo", c'est exactement ce que j'ai ressenti, mais peut-être est-ce dû au fait que je connaisse mieux la deuxième partie de sa carrière plutôt que la première. Il m'est relativement difficile de démarrer ce billet tant ce roman m'est apparu comme inclassable. S'il fallait vraiment coller une étiquette à cette histoire, ce serait sans doute celle de roman initiatique. Paul Auster s'attarde à nous montrer combien la trajectoire de Walt s'apparente à un cheminement. Malgré les péripéties qui jalonnent son parcours - et elles sont nombreuses - Walt possède une volonté à toute épreuve qui lui permettra de rebondir et d'embrasser le curieux destin qui l'attend.
Walt est orphelin et a été recueilli par sa tante et son oncle qui ne savent que faire de cet enfant fort en gueule doté de surcroît d'un langage familier à la limite de l'ordurier. Livré à lui-même, Walt s'épanouit dans les rues, loin des brimades de l'oncle Slim dont les méthodes d'éducation tournent plus volontiers du côté de la maltraitance que de la pédagogie. Incarnation moderne et gouailleuse d'Olivier Twist ou du Rémi de Malot, Walt - qui deviendra par la suite Walt le Prodige - va faire une rencontre décisive avec un homme étrange qui se fait appeler Maître Yehudi. Celui-ci entrevoit chez l'enfant un potentiel à exploiter, des prédispositions insoupçonnés et va le prendre sous son aile.
C'est ici qu'entre jeu la dimension fantastique du roman, une touche surnaturelle qui apparaît au premier abord comme une simple hypothèse, un gigantesque point d'interrogation. En effet, Maître Yehudi affirme à l'enfant qu'il va lui apprendre à voler, mais est-ce au sens propre ou au sens figuré ? Est-ce voler comme un oiseau ou voler de ses propres ailes ?
Dès lors, difficile de ne pas penser au mythe d'Icare. Celui qui prétend voler encourt le risque de se brûler les ailes au sens propre comme au sens figuré. Commence alors la première phase du parcours initiatique du jeune Walt marquée par un entraînement intensif, des méthodes brutales qui ont pour but le dépassement de soi. S'il est bien question de voler comme un oiseau, Paul Auster dépeint avec réalisme le développement des aptitudes psychiques du garçon et surtout la façon dont ce don va le faire passer progressivement de la bête de foire à l'artiste.
Maître Yehudi va sortir son protégé de la fange et donner un sens à sa vie. Plus qu'un objectif, il va lui apporter la chaleur d'un foyer, si bancal soit-il, et le pousser à lutter, à aller à l'encontre du sort que ce monde impitoyable lui réservait. Lorsque l'on brave le destin, que l'on essaie de s'élever là où d'ordinaire les gens de notre condition ne s'élèvent pas, les embûches sont nombreuses.
Paul Auster nous invite à suivre la trajectoire de Walt, de l'enfance jusqu'à l'âge canonique d'écrire ses mémoires, un parcours marqué par la mort, la violence et les errances, nombreuses, un cheminement sans réel salut, une vie marquée par un refus du renoncement qui tutoiera les sommets comme les bas-fonds y compris lorsqu'il faudra renoncer à ses rêves pour mieux reprendre les rênes.
"Mr Vertigo" est une lecture surprenante par bien des aspects et j'ai eu toutes les peines du monde à retranscrire dans cette critique ce que j'ai ressenti, ce qui m'a semblé essentiel. Non que ce roman m'ait déplu, bien au contraire, mais quelques jours après l'avoir lu, je peine encore à me faire un avis définitif. Je n'ai pas encore lu tout ce que Paul Auster a écrit, mais il me semble que « Mr Vertigo », tout comme « Tombouctou », est une œuvre à part dans sa bibliographie et qu'elle n'est pas forcément représentative de son univers.
Ce sentiment d'incertitude, cette sensation de ne pouvoir s'approprier pleinement une oeuvre, de ne savoir par quel angle l'approcher est le signe d'un roman profond, puissant, à l'imaginaire foisonnant qui s'inscrira durablement dans ma mémoire à grands renforts de scènes inoubliables.
Je ne connaissais pas les romans de Paul Auster, et après l’avoir entendu dans une interview, je me suis dit qu’il était grand temps de combler cette lacune. Et j’ai bien fait.
Mr Vertigo est un roman épique, l’épopée de Walt dans une Amérique populaire de l’entre-deux-guerres violente et sauvage. Walt va être choisi et acheté, jeune enfant, par Maître Yehuda. Après une initiation violente, il va apprendre à léviter et devenir un artiste, un phénomène de foire. Walt va connaître l’affection grâce à maître Yehuda, à Mama Sioux et à Esope le Nègre. Mais la vie ne lui sera pas douce longtemps dans cette société sans pitié, pleine de haine pour les marginaux.
Comme Walt, ce texte plein d’énergie ne s’appesantit pas sur le désespoir. Les personnages ne sont exempts de défauts mais leurs faiblesses et fêlures les rendent attachants. Hauts en couleurs, ils dépeignent bien la mentalité de la société américaine de cette époque, entre débrouillardise et racisme.
Le style rappelle celui de mark Twain, les propos de Walt sont pleins de gouaille mais aussi de cynisme.
Un roman comme un conte pour décrire une vie chaotique pleine de rebondissements dans une Amérique en pleine transformation.
Le premier livre de l'auteur que j'ai lu... je suis depuis resté fidèle !
le premier que j'ai lu de Mr auster, après je l'ai ai tous pratiquement lu
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