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Marié, deux enfants, Théophrastre Sentiero est un homme sans histoires. Aussi prête-t-il peu d'attention à ces tremblements inopinés qui agitent ses jambes et ses pieds en ce soir de Noël. Hélas, ces trépidations s'accentuent et la médecine n'y entend rien. C'est un vieux libraire cacochyme et presque aveugle qui va le tirer d'affaire en lui proposant un remède pour le moins surprenant : écouter ses pieds puisqu'ils sont si pressés d'aller quelque part.
Au fil de ses déambulations, Théo croise une faune interlope qui compte ses piliers de comptoir et ses prostituées philosophes. Mais il y a surtout cette sylphide qui lui entrouvre les portes d'un horizon insoupçonné...
Peuplé par des personnages truculents qui surgissent telles les figures du tarot sur le chemin de Théo, L'Homme qui marche est une berceuse enchanteresse. Ode à un Paris évanoui, il envoûtera ceux qui accepteront de s'en remettre à la chance, ou au destin.
Dominé par son épouse, ignoré par ses enfants, méprisé par sa belle-famille, effrayé par sa concierge, Théophraste Sentiero est un petit employé municipal du service du nettoiement de Paris.
Son seul plaisir ? Aller boire un café avec les habitués du Gay-Lu, un bistrot tenu par Mme Jouve, qui sera hélas bientôt vendu...
Tout se dérègle quand les pieds de Théo se donnent une vie autonome, que seule la marche peut arrêter. Il croise alors une inconnue sur le Pont-Neuf, dont il tombe immédiatement amoureux, puis rencontre un vieux libraire presque aveugle qui l'embauche. Sa petite vie bien réglée bascule alors...
Jean-Paul Delfino livre ici un roman très différent des deux que j'ai lus précédemment. Finis les nuits romancées de Blaise Cendras et Eric Satie (Les pêcheurs d'étoiles) ou les derniers jours d'Émile Zola (Assassins !). Dans L'Homme qui marche, il met en scène un obscur, un sans grade, un sans ambition, mais il le conduit jusqu'à la réalisation de lui-même. Le second personnage principal, Anselme Guilledoux, vieux libraire quasi aveugle, y est excellent dans le rôle du vieux sage, de l'éveilleur de conscience, bien secondé il est vrai par quelques autres...
On l'a compris, derrières les mésaventures de Théo et ces personnages très caricaturés (cela commence par le choix des noms !), se cache une réflexion sur la quête du sens de la vie. Encore une différence avec les deux précédents romans...
On retrouve ici l'écriture précise et ciselée de l'auteur ; il y ajoute une richesse de vocabulaire qui fait partie intégrante de la narration, et une forme de truculence du discours, sans doute plus proche de Giono que de Pagnol, mais où l'on sent bien les racines provençales. Enfin, même si L'Homme qui marche se situe plus dans le temps long (on y compte en semaines et en mois, pas seulement en heures et en jours comme dans Les pêcheurs d'étoiles ou Assassins !), on y retrouve une sorte d'éloge de la lenteur : prenons le temps du détail et de la description ; donnons du temps au temps pour faire murir la réflexion avant de passer à l'action...
Le résultat est un roman surprenant, que l'on prend beaucoup de plaisir à lire.
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/07/16/lhomme-qui-marche-jean-paul-delfino-editions-heloise-dormesson-le-plaisir-de-lire-un-roman-surprenant/
Théophraste Sentiero, la quarantaine, marié, a deux enfants et souffre d'une affection des pieds qui s'agitent à son insu de mouvements qu'il réfrène avec difficulté. Il enchaîne des petits boulots qui lui permettent de faire vivre simplement sa famille et rencontre Anselme Guilledoux, un vieux libraire aveugle qui va changer sa vie…. Ses déambulations à pied dans la capitale s'accompagnent de rencontres avec des personnages hauts en couleur qui répandent un humour réjouissant. le style enlevé de Jean-Paul Delfino, la truculence de son vocabulaire, la cocasserie des situations qu'il imagine constituent un vrai régal pour le lecteur.
D'abord se prénommer Théophraste quand on convient soi-même que la lecture nous est "terra incognita", c'est déjà pas de chance. Abrégé en Théo, le prénom est certes moins insolite mais recèle une discrète connotation divine que ne confirme pas vraiment 'existence dudit Théo.
Deuxième coup du sort et nouveau clin d'oeil divin : être né le 25 décembre et devoir accepter sans protester qu'un seul cadeau célèbre à la fois Noël et l'anniversaire.
Mais ce serait bien peu de chose si la vie de Théo (phraste) était réjouissante. Hélas ! Son métier (repêcheur de trottinettes, vélos et autres dans la Seine) n'est pas franchement épanouissant ; sa belle-mère le hait ; sa femme le trompe (ou pas) ; il hait la concierge de l'immeuble. Dans cette grisaille insipide, les seules éclaircies sont ses passages au Gay-Lu, bistrot où il retrouve d'autres solitudes. Mais le Gay-Lu va fermer et même ce refuge lui sera interdit.
Alors quand ses pieds se mettent à pédaler mécaniquement de jour comme de nuit, qu'il soit assis, debout ou couché, c'est peut-être le signal qu'est venu le temps de cheminer. D'autant que son nom de famille (Sentiero) semble le prédestiner à arpenter les petits chemins qui sentiront peut-être la noisette...
Et il marche, Théo. Dans un Paris stylisé et nostalgique, il marche pour tenter de retrouver l'Inconnue aperçue un jour et peut-être oser lui parler. En chemin, l'humanité étriquée qu'il connaissait s'élargit et, de même que ses pieds se mettent en branle, son regard se dilate et ses pensées s'étoffent. Ses trajectoires croisent tout un assortiment de personnages truculents, comme sortis des romans de Blondin, Fallet ou d'un film d'Audiard. Parmi eux, Anselme Guilledoux, le libraire aveugle, devient paradoxalement son guide et son mentor. Peu à peu, en marchant, Théo devient lui-même.
Quel bonheur de pouvoir marcher dans Paris aux côtés de Théo ! De démasquer les personnes que l'on croise et de s'en approcher jusqu'à les toucher et être touché. De même que le Paris où pérégrine Théo s'efface derrière des façades ravalées et des bureaux modernes, la désinvolture du flâneur paraît un paradis perdu. Et retrouver, par le roman de Jean-Paul Delfino, cet état de disponibilité bohème que l'on éprouve en déambulant dans une grande ville est un délice teinté de mélancolie.
C'est une des raisons qui m'ont fait dévorer ce roman d'apprentissage, roman de quête et roman d'aventures. J'en ai aimé aussi l'écriture qui portraitise tout un monde à la fois hors du temps et fichtrement contemporain. Parfois humoristique, parfois ironique, parfois grave, le ton distille une petite musique qui se niche dans la tête pour n'en plus ressortir. Un roman savoureux !
Il aura fallu la fermeture prochaine du bistrot parisien le Gay-Lu, dans le quartier latin, pour que l’on en pousse la porte. On y découvre tout un petit monde d‘habitués, « ces bras cassés, ces bois-sans-soif, ces suce-glaçons » qui viennent refaire le monde dans un « troquet parigot ».
Et c’est là que l’on rencontre Théophraste Senterio, un quadragénaire « pêcheur de bicyclettes, de trottinettes et de cadavres » atteint depuis peu d’une drôle de maladie qui agite ses jambes de mouvements incontrôlés.
Marchant dans les rues de Paris pour calmer cette danse de St Guy, Théo croise une palette de personnages tous plus originaux les uns que les autres, un kiosquier ancien boxeur, un chauffeur de VTC toujours armé, un mendiant cul de jatte, une fausse anglaise peintre, une ancienne prostituée au long cours et une belle inconnue sur le Pont Neuf.
Mais celui qui va changer sa vie, est un vieux libraire aveugle, Anselme, bien décidé à lui ouvrir les yeux sur le vrai sens de l’existence. Car Théo fier d’être « gaulois, français et parisien », mène une vie sinistre d’ennui et se voit comme « un lâche du quotidien ».
Grâce aux livres que lui fait découvrir l’irascible libraire, il se met à regarder le monde d’une autre façon et décide de suivre la route que ses jambes en mouvement perpétuel choisissent pour lui.
Une rocambolesque ballade dans les rues de Paris à la rencontre de personnages hauts en couleur, rescapés de vies hors du commun, à qui l’auteur, de sa plume savoureuse, prête des dialogues épicés et cocasses.
Un roman à la Queneau ou à la Blondin que l’on lit comme une réjouissante pérégrination au cœur de la capitale mais qui peut aussi réveiller en chacun de nous des questions essentielles sur les vraies envies de chacun.
Si je me suis amusée tout au long de cette histoire, je l’ai trouvée au final bien plus que distrayante et elle m’a interrogée sur la suffisante satisfaction que l’on peut tirer de sa propre vie.
Car comme le dit le libraire philosophe :
« Quoi qu’on dise, on ne sera jamais que le résultat de toutes les décisions qu’on a prises, qu’on prend. Ou qu’on va prendre. Se plaindre de l’existence qu’on mène, c’est aussi idiot que de râler parce qu’on n’a pas gagné au loto. Si vous voulez gagner, il faut commencer par jouer … ».
Une perle à ne pas manquer.
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