Premières impressions sur les romans de la rentrée littéraire ...
Mains dans les poches, gauloise au bec, il rentrait à pieds du Quartier Latin à la barrière de Clichy, porte d'entrée du monde prolétaire. Ce monde, régi par le couperet des pointeuses, les cadences effrénées, la solidarité dans les combats menés et l'esprit de fraternité, est le sien. Gamin déjà, dans sa Normandie natale, il se levait aux aurores pour aller gagner trois sous avant l'école et se payer un couteau à cran d'arrêt, celui de James Dean dans La Fureur de vivre.
Premières impressions sur les romans de la rentrée littéraire ...
Quand 50 Explorateurs partent à la découverte des romans de cet automne...
Du gamin qui se lève tôt pour tenter de gagner quelques sous à l’homme d’aujourd’hui, de l’adolescent qui découvre l’amour sombre, romantique, clandestin, à celui qui découvre l’anarchie, la vraie, de l’étudiant sérieux à celui qui manifeste, une vie défile. Heureuse parfois, nostalgique parfois, belle souvent.
Il y a les souvenirs, il y a les parents, la famille et la vie, les batailles d’indiens, imaginaires, le bord de mer, les barricades et les révoltes, le bleu de travail que l’on porte à l’usine, les chagrins et les amours. Mais il y a également une certaine nostalgie à se remémorer ceux qui ne sont plus, amis, amantes, parents. Et tout au long des pages une dose de tendresse pour l’enfant ou l’adolescent que l’homme a été un jour, pour celui qui n’est plus mais qui continue à vivre dans les réminiscences de ces instants de vie. Comme tout un chacun en somme, mais ici c’est joliment dit, avec une vraie poésie.
Car ce livre, qui n’est ni tout à fait un roman, ni vraiment un récit, est à lire au hasard. Juste ouvrir un chapitre, vivre avec l’auteur quelques instants, se souvenir de l’enfant, de l’adolescent puis de l’homme qu’il a été, comprendre et aimer, la vie, la mort peut-être aussi…
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/08/20/les-mains-dans-les-poches-bernard-chenez/
- une court roman avec un patchwork de scènes de la vie de l'auteur
- des brèves d'un quotidien ordinaire qui peut rendre nostalgique
- une écriture simple mais efficace
- un choix de récit non chronologique dont l'explication est intéressante
- mais j'étais en retard sur mes rédactions et il ne me reste presque rien de ce texte à part le parallèle de départ entre la façon d'écrire le roman et le métro circulaire japonais
« Nostalgique de rien. J’aime être dans un train qui roule. Une fois sa vitesse stabilisée, je remonte tous les wagons à contresens. Arrivé à la dernière voiture, j’observe la voie qui défile à l’envers »
Les mains dans les poches, de Bernard Chenez, est une balade à travers les ans, à travers les temps, à travers les luttes.
L’auteur a posé les mots comme des croches, des noires, des blanches, sur une portée musicale. Et il nous emporte. Au fil des protest songs, mais aussi au fil des sons, des mélodies du petit matin parisien.
Le roman est composé de chapitres courts, de bribes de vie, de confidences (enfin, c’est ainsi que je l’ai perçu). La nostalgie est là, présente. Celle de l’enfance, celle du premier amour, celle des combats et de la plage sous les pavés. Celle du Paris où les allées étaient encore des chemins, où « la Seine était encore en liberté ». Il y a ces cicatrices à l’âme, ces blessures, cette mère qui m’a bouleversée.
« Je me souviens de ma mère par fragments. Comme ces statues antiques dont on ne retrouve que quelques reliques éparses ».
Il y a le temps qui passe, il y a la gauloise au bec…
Il y a cette immense sensibilité, cette belle fragilité, si émouvante. Celle qui cohabite avec la colère.
« On peut partager se colères, on ne partage pas ses fêlures. Il n’y a pas péril à ressembler à une tasse ébréchée. Bancale ».
Avis de la page 100.
Dans ce texte court, l'auteur évoque des bribes de son enfance, de son adolescence et de ses années d'ouvrier qualifié, sans ordre chronologique. J'accroche vraiment à cette écriture légère et poétique et à l'évocation de temps qui ne sont plus: l'hommage à l'attache des soutien-gorges Playtex, la découverte de la musique classique grâce au CE de son entreprise automobile... Je pense finir dès ce soir!
Avis final:
Ce court texte de Bernard Chenez présente des moments intenses mais fugaces de sa vie, de l'enfance au début de sa vie professionnelle dans une usine automobile. Ils sont évoqués sans suivre l'ordre chronologique, comme un voyage au sein de la mémoire de l'auteur.
J'ai beaucoup aimé ce texte que j'ai trouvé très doux, très poétique. L'alternance de moments extrêmement durs comme celui du père qui frappe la mère et d'autres plus doux voire drôles comme celui qui rend hommage à l'attache en « double S » des soutien-gorges rend la lecture agréable et m'a parfois coupé le souffle et fait monter les larmes aux yeux. On y devine la grande sensibilité de l'auteur et la dureté de son enfance.
J'ai enfin apprécié les séquences sur le travail à l'usine, sa difficulté, l'empreinte qu'il laisse sur les hommes car je les ai trouvées justes et tellement bien écrites. Elles faisaient écho à des mots entendus dans la bouche de mon père, à certaines remarques sur sa place dans la société : « Le bleu de travail , quelles que soient sa couleur et sa forme, est un tatouage que l'on porte sous sa peau ». Cette phrase me semble bien résumer ce que ressentent ceux qui se sont élevés socialement mais qui conservent en eux une sorte de complexe de l'imposteur, un regard différent.
Je recommande donc vivement la lecture de ce joli texte, facile à lire mais pas à oublier !
*Explorateurs de la rentrée littéraire lecteurs.com*
L'avis de la page 100...
qui sera un l'avis de la page 60, le livre étant très court
Premiers coups de cœur, premiers jobs, premières prises de conscience politiques : le narrateur nous emmène d'un souvenir à l'autre... et j'ai du mal à le suivre. Malgré un talent certain pour l'écriture, il n'est pas encore parvenu à m'accrocher. Je manque de repères, les références me touchent peu. J'ignore ce que les prochains chapitres me réservent, mais j'ai peur d'arriver à la dernière page avec ces mêmes premières impressions.
Avis final : deux étoiles
« J’annote seulement les gares au gré du parcours. Tantôt dans le sens de la marche, tantôt à contresens. Je m’interdis de descendre à une station. Je m’autorise seulement le changement de quai. Seul le voyage compte. »
À bord du train qu’il imagine être sa mémoire, Bernard Chenez regarde défiler le paysage. Esquissant les rails à mesure qu’il se souvient, bousculant l’aiguillage si le cœur lui en dit, « pourvu que ça roule ».
Affranchi des contraintes de la vie et de ses éternelles questions auxquelles il n’attend désormais plus de réponse, il se remémore son premier job. Petit garçon de douze ans qui se sentait homme, l’information entre les mains, lorsque, pour un billet de dix francs, il passait deux heures à coller les adresses des abonnés sur un journal de gauche. Lui reviennent des images de sa mère, qui, comme toutes les mères, ne mourrait jamais. Ses premières amours, empreintes d’une timidité délicieuse, désuète. Puis ses élans d’ouvrier révolté, agité par le chambardement politique et idéologique des années 60. Puis… je me suis un peu perdue en route.
Le choix de l’auteur de négliger toute logique chronologique m’a déstabilisée. J’aurais aimé avoir à suivre un semblant d’histoire, pour m’attacher à celui qu’il fait renaître derrière ces brefs épisodes de vie. Je regrette d’autant plus d’être restée sur le quai de la gare (je joue le jeu) que tout est très joliment écrit. Brut et fin à la fois, simple, spontané. En peu de mots, chaque anecdote transpire une époque. Trop peu de mots peut-être. J’aurais voulu m’attarder un peu, mais je n’en ai pas eu le temps. Ce livre relèverait-il d’une démarche quelque peu égoïste ? Que chacun en soutire ce qu’il peut ? Bizarrement, c’est à cette idée que je l’ai un peu plus apprécié. Pour qui écrit-on, après tout ? Il me fallait accepter les libertés prises par l’auteur dans la construction de ses souvenirs. Des souvenirs offerts (pas si égoïste que ça, le bonhomme) avec une grande tendresse.
Je ne me suis pas toujours sentie du voyage, mais j’ai lu de belles phrases, souri, humé d’autres décennies. La génération de Chenez (il est né en 1946) se laissera très certainement émouvoir.
"Les mains dans les poches" de Bernard Chenez - noté 16/30
Éditions Héloïse d'Ormesson
Parution le 16 août 2018
Explorateur rentrée littéraire 2018 via lecteurs.com
Le narrateur se souvient. Il se replonge dans les souvenirs des moments, plus ou moins forts, de sa vie. A travers son récit, il nous fait voyager dans le temps, à cette époque passée et pourtant pas si lointaine. Une période maintenant révolue dont l'empreinte continue à subsister en lui.
"Vous croyez pleurer. C'est la pauvreté qui vous crache à la gueule."
Il nous raconte sa mère, son père, son enfance, le court temps d'une rencontre, d'un petit amour éphémère, l'usine et sa cadence...
"On se construit les cathédrales que l'on peut. La mienne était faite de toile et de vent. Elle n'a duré que le temps d'un printemps."
Il se remémore même ses voyages en transport, ce métro ou train de banlieue où les usagers s'agglutinent. Ces corps qui s'entrechoquent. Leur bruit. Et alors il imagine...
"Ce chapelet d'apparences humaines est un livre ouvert. J'en feuillette les pages. J'en lis les histoires. Qu'importe celle que j'invente."
La violence de son père qui a jalonné son existence. Ses pics d'agressivité, ses gestes brutaux envers sa mère...
"Déguerpir les mains dans les poches, c'est moins facile pour serrer dans ses bras ceux qu'on voudrait aimer."
Petit livre qui se lit rapidement dans lequel le narrateur se plonge et nous plonge dans ses souvenirs, dans cette France de l'industrie, de l'enfance... Je n'ai pas été touchée par le personnage, je n'ai pas réussi à m'y attacher. J'ai eu du mal à comprendre où l'histoire me menait... j'ai pourtant bien relevé quelques extraits, aux jolis mots, aux douces phrases... Je suis passée à côté, je n'ai pas été séduite...
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Explorateurs RL2018
Avis à la page 100 (passée :-) )
Petit livre qui se lit rapidement dans lequel le narrateur se plonge et nous plonge dans ses souvenirs, dans cette France de l'industrie, de l'enfance... Je n'ai pas été touchée par le personnage, je n'ai pas réussi à m'y attacher. J'ai eu du mal à comprendre où l'histoire me menait... j'ai pourtant bien relevé quelques extraits, aux jolis mots, aux douces phrases... Affaire à suivre.
Avis après lecture complète :
Eclats de vie, de l'enfance des petits boulots à l'usine où "la pointeuse du petit matin était un couperet". Au milieu, ce sont les escapades à vélo avec les copains, les premières amours et leurs bouquets de pâquerettes, les parents éloquents par leurs vêtements ou la frappe de leur main. Toute l'histoire d'une vie, mais aussi celle d'une France progressivement désindustrialisée, l'histoire d'une jeunesse qui se soulève, l'histoire d'un mode de vie maintenant disparu, détruit comme les usines de l'Île de la Jatte.
Arrivé à un certain âge, Bernard Chenez revient sur son passé, ses jeunes années surtout, par petits récits courts et poétiques, chargés d'une certaine morale, d'un certain message pour les générations futures. Il a connu l'usine, le travail à la chaîne assez jeune, moyen comme un autre de gagner quelques francs. Destiné à être chaudronnier, la forge n'a pas de secrets pour lui. Il nous raconte ses premiers faits d'armes, les petites révoltes de ses vingt ans, quand Mai 68 commençait à se dessiner à l'horizon. Il nous raconte les femmes, quelques femmes rencontrées, aimées, égarées. Chaque petit chapitre est l'illustration d'une époque révolue, perdue par le cortège implacable des années.
Ce livre n'a pas de fil rouge, pas de trame, pas de suite. C'est une circonvolution, où l'enfance se mêle à l'adolescence, où l'adulte rencontre le gamin tétanisé par la pantomime de son père. Aucune logique dans l'enchaînement de ces fragments, seulement la poésie des mots pour porter quelques messages sur la vie, quelques constats légers ou plus tragiques, qui ont longuement résonné en moi.
Il n'est pas de ces livres qui se lisent d'une traite tant on veut en connaître la fin, c'est un livre qui se savoure, petit chapitre après petit chapitre, et j'ai beaucoup apprécié cette ballade poétique dans ces années que je n'ai pas connues.
Avis de la page 60 (#Explolecteurs) :
Extraits de vie joliment poétiques, parfois humoristiques, Les Mains dans les poches emmène le lecteur vers les années 1960, ses bouleversements révolutionnaires, sa culture décalée, ses chaînes de montage. Un petit livre qui se lit comme se déguste une pâtisserie sucrée : avec gourmandise !
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