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Du gamin qui se lève tôt pour tenter de gagner quelques sous à l’homme d’aujourd’hui, de l’adolescent qui découvre l’amour sombre, romantique, clandestin, à celui qui découvre l’anarchie, la vraie, de l’étudiant sérieux à celui qui manifeste, une vie défile. Heureuse parfois, nostalgique parfois, belle souvent.
Il y a les souvenirs, il y a les parents, la famille et la vie, les batailles d’indiens, imaginaires, le bord de mer, les barricades et les révoltes, le bleu de travail que l’on porte à l’usine, les chagrins et les amours. Mais il y a également une certaine nostalgie à se remémorer ceux qui ne sont plus, amis, amantes, parents. Et tout au long des pages une dose de tendresse pour l’enfant ou l’adolescent que l’homme a été un jour, pour celui qui n’est plus mais qui continue à vivre dans les réminiscences de ces instants de vie. Comme tout un chacun en somme, mais ici c’est joliment dit, avec une vraie poésie.
Car ce livre, qui n’est ni tout à fait un roman, ni vraiment un récit, est à lire au hasard. Juste ouvrir un chapitre, vivre avec l’auteur quelques instants, se souvenir de l’enfant, de l’adolescent puis de l’homme qu’il a été, comprendre et aimer, la vie, la mort peut-être aussi…
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/08/20/les-mains-dans-les-poches-bernard-chenez/
- une court roman avec un patchwork de scènes de la vie de l'auteur
- des brèves d'un quotidien ordinaire qui peut rendre nostalgique
- une écriture simple mais efficace
- un choix de récit non chronologique dont l'explication est intéressante
- mais j'étais en retard sur mes rédactions et il ne me reste presque rien de ce texte à part le parallèle de départ entre la façon d'écrire le roman et le métro circulaire japonais
« Nostalgique de rien. J’aime être dans un train qui roule. Une fois sa vitesse stabilisée, je remonte tous les wagons à contresens. Arrivé à la dernière voiture, j’observe la voie qui défile à l’envers »
Les mains dans les poches, de Bernard Chenez, est une balade à travers les ans, à travers les temps, à travers les luttes.
L’auteur a posé les mots comme des croches, des noires, des blanches, sur une portée musicale. Et il nous emporte. Au fil des protest songs, mais aussi au fil des sons, des mélodies du petit matin parisien.
Le roman est composé de chapitres courts, de bribes de vie, de confidences (enfin, c’est ainsi que je l’ai perçu). La nostalgie est là, présente. Celle de l’enfance, celle du premier amour, celle des combats et de la plage sous les pavés. Celle du Paris où les allées étaient encore des chemins, où « la Seine était encore en liberté ». Il y a ces cicatrices à l’âme, ces blessures, cette mère qui m’a bouleversée.
« Je me souviens de ma mère par fragments. Comme ces statues antiques dont on ne retrouve que quelques reliques éparses ».
Il y a le temps qui passe, il y a la gauloise au bec…
Il y a cette immense sensibilité, cette belle fragilité, si émouvante. Celle qui cohabite avec la colère.
« On peut partager se colères, on ne partage pas ses fêlures. Il n’y a pas péril à ressembler à une tasse ébréchée. Bancale ».
Avis de la page 100.
Dans ce texte court, l'auteur évoque des bribes de son enfance, de son adolescence et de ses années d'ouvrier qualifié, sans ordre chronologique. J'accroche vraiment à cette écriture légère et poétique et à l'évocation de temps qui ne sont plus: l'hommage à l'attache des soutien-gorges Playtex, la découverte de la musique classique grâce au CE de son entreprise automobile... Je pense finir dès ce soir!
Avis final:
Ce court texte de Bernard Chenez présente des moments intenses mais fugaces de sa vie, de l'enfance au début de sa vie professionnelle dans une usine automobile. Ils sont évoqués sans suivre l'ordre chronologique, comme un voyage au sein de la mémoire de l'auteur.
J'ai beaucoup aimé ce texte que j'ai trouvé très doux, très poétique. L'alternance de moments extrêmement durs comme celui du père qui frappe la mère et d'autres plus doux voire drôles comme celui qui rend hommage à l'attache en « double S » des soutien-gorges rend la lecture agréable et m'a parfois coupé le souffle et fait monter les larmes aux yeux. On y devine la grande sensibilité de l'auteur et la dureté de son enfance.
J'ai enfin apprécié les séquences sur le travail à l'usine, sa difficulté, l'empreinte qu'il laisse sur les hommes car je les ai trouvées justes et tellement bien écrites. Elles faisaient écho à des mots entendus dans la bouche de mon père, à certaines remarques sur sa place dans la société : « Le bleu de travail , quelles que soient sa couleur et sa forme, est un tatouage que l'on porte sous sa peau ». Cette phrase me semble bien résumer ce que ressentent ceux qui se sont élevés socialement mais qui conservent en eux une sorte de complexe de l'imposteur, un regard différent.
Je recommande donc vivement la lecture de ce joli texte, facile à lire mais pas à oublier !
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