C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
À trente-deux ans, pas d'enfants mais beaucoup dediplômes, Reine, fraîchement débauchée d'un poste opérationnel, en occupe déjà un autre. Mais voici qu'elle se lasse - ou se réveille - et, des sentiers battus de la réussite, décampe. Laissant sur place le salariat, les escarpins, la fierté de ses parents.
La voilà libre de s'inventer un avenir.
À ses côtés, un triomphe de la République, Étienne. Parti de la classe ouvrière, recalibré dans une fabrique d'élites, il trépigne sous les ordres d'un P-DG increvable, certain qu'à sa place il ferait beaucoup mieux. Et puis Pierre, un mari raisonnable. Et bientôt Marin, une passion trouvée au bon moment - ou au pire, tout dépend de ce qu'on attend de l'amour.
Dans cette radiographie d'une époque et d'un milieu, on retrouve l'écriture vive de Maria Pourchet ainsi que son talent d'ironiste, tempéré, pour cette romance, par une vraie tendresse.
C’est le moment de découvrir tous les romans en sélection pour la 11e édition du Prix…
Maria POURCHET a ce style très particulier d'être hors et dans les êtres. L'action n'est jamais écrite comme telle mais verbalisée par un des personnages, toujours partielle et complète à la fois. On comprend la situation ainsi que les enjeux et les émotions, le tout, sans passer par la description. Mais on ne devine jamais vraiment les tours et les détours pour aboutir à une fin que nous supposons.
C'est à la fois une écriture verbalisée des personnages et à la fois une interpellation de notre "je", comme un jeu de rôles. D'ailleurs, elle ouvre parfois ses chapitres par "Vous êtes..." (Etienne, Cyril...). Cela surprend si on ne connaît pas cette autrice mais on s'y fond sans y penser.
Il y a aussi une sorte d'effet où l'action se déroule avec la voix off du personnage qui commente, comme on le fait dans la vie réelle en se parlant à soi-même. C'est un jeu de résonnance entre personnages dont...nous !
Quant à l'histoire, elle est rapide comme l'impatience de cette jeunesse qui semble savoir où elle va et qui pense que rien ne s'acquière sans stratégie, carnet d'adresses, audace et efforts. On apprend beaucoup des rouages et des intrications au niveau des Directions d'entreprises. Pas sûre que cela soit rassurant... d'autant que cette histoire fictive est basée sur une enquête sociologique réelle.
En bref :
- Reine vit vite et dans la réussite qu'elle bâtit de ses mains (elle est entrepreneuse). Elle n'est pas très sympathique et elle-même n'a pas le temps de s'attacher à quelqu'un ;
- Pierre est le mari conventionnel sans risque et ennuyeux ;
- Etienne représente le fidèle ami angoissé qu'on rêve d'avoir car si c'est un homme dans l'histoire, il pourrait être aussi une femme (la "neutralité de genre" selon l'expression d'Elisabeth, un personnage du roman) ;
- Cyril l'ordure de service qu'on peut qualifier d'archétype du "connard" ;
- Elisabeth est la Anna Wintour de la cosmétique,
- Marin est le côté Barbara Cartland arrivé comme l'ex deus machina (le beau blond de l'Ifremer)
- Simon et Raphaël, le duo d'investisseurs aimants les chats et dont la référence m'échappe
C'est un roman qui se lit vite et bien. L'histoire est prévisible, un peu lourde parfois mais tellement bien écrite et vivante !
Premier roman que je lis de cette autrice et c’est plutôt une bonne surprise. Comme pour beaucoup, le début de lecture a été un peu difficile car le style et la structure narrative sont assez déstabilisants mais au final, on accroche et on se prend au rythme de ces courts chapitres alternant les scènes et les personnages qui gravitent autour de Reine, cette Wonder woman surdiplômée, super active qui court après le temps et après sa vie. Le lecteur est placé dans le rôle de l’observateur mais aussi tout à tour dans la peau des personnages, c’est assez amusant. Le style est vif, mordant, plein d’humour avec une certaine dose de cynisme, c’est assez réussi. J’ai aussi beaucoup aimé tout ce que ce roman ne dit pas, ce qu’il y a en filigrane des failles et de la sensibilité de Reine, notamment l’absence et le manque sa sœur… derrière sa carapace de gagnante se cache une personnalité plus profonde qu’il n’y parait. Et sa rencontre avec Marin, cet océanographe chercheur d’algues… moi j’ai bien aimé, c’est comme une respiration, un grand bol d’air.
Il y a des romans qui semblent déborder de qualités et auxquels vous n’accrochez pas. « Les impatients » fait partie de cette catégorie pour moi.
Tout est pourtant réuni pour me plaire. Maria Pourchet se propose de nous narrer le destin d’une femme moderne, évoluant dans le monde d’aujourd’hui. A travers ses relations intimes qui gravitent autour d’elle et les personnes qu’elle rencontre, se dessine une radiographie de notre époque. Pour se faire, l’auteur utilise une plume fougueuse. Elle matérialise la vitesse et l’empressement du monde actuel dans son écriture.
Seulement cette rapidité m’a un peu laissé sur le carreau. J’ai tenté de m’habituer aux phrases courtes et au flux du texte, mais je n’ai pas réussi. Au fil des pages, j’ai dû me rendre à l’évidence. Je n’arrivais pas à apprivoiser cette manière de raconter. J’ai donc persévérer en hachant régulièrement ma lecture. Dans ces conditions, cette expérience n’a pas vraiment été agréable.
Je reconnais qu’au vu du sujet, la façon de le traiter est originale et même légitime. L’immédiateté de tous les jours, la versatilité des décisions, le mode de vie accéléré, qui régissent le monde moderne sont parfaitement représentés. Seulement, dans une lecture, le plaisir est une condition sine qua none à l’appréciation d’un livre. Et ce plaisir passe par une fluidité auquel je ne suis pas parvenu.
Je ne déconseille pas du tout ce roman. Je ne suis juste pas compatible avec cette plume. N’hésitez donc pas à tenter l’expérience, elle pourrait vous plaire. J’espère que vous vous retrouverez en phase avec l’autrice et que vous profiterez mieux que moi de ce texte, qui semble tout de même renfermer un véritable potentiel.
http://leslivresdek79.com/2019/06/17/467-maria-pourchet-les-impatients/
Reine est impatiente. Issue d’un milieu très favorisé elle est déterminée depuis son plus jeune âge et n’a rien laissé au hasard pour se construire la vie qu’elle s’était programmée.
Elle a tout pour elle, une situation professionnelle brillante, un compagnon avocat, elle virevolte jusqu’au jour où….. elle décide de tout laisser tomber et entame une reconversion professionnelle.
Maria Pourchet nous entraine à la suite de Reine dans ce tourbillon avec beaucoup d’humour, d’ironie et surtout une grande connaissance du milieu de l’entreprise, de ces jeunes dirigeants cyniques à l’égo surdimensionné.
Tour à tour elle nous attribue le rôle des différents personnages et décrit avec beaucoup d’acuité et d’originalité notre époque.
Et derrière l’humour, derrière l’ironie, derrière l’écriture novatrice, on se surprend à réfléchir à ces questions existentielles : qui suis-je ? où cours-je ? dans quel état j’erre ?
« Elle a trente-trois ans. Déjà? Oui Reine va très vite. On tourne une page, on ne fait pas attention, on s’est pris dix-huit ans dans la vue. Cinq années jusqu’à Hec, trois pour en sortir, deux passées à s’en remettre, à Harvard section histoire de l’art, couplé à un poste de researcher chez Gucci USA, pour la suite se référer à LinkedIn. Il est classiquement écrit que sa passion pour la beauté est devenue un métier. Au chapitre Expérience s’énoncent en anglais quelques vies de chef de groupe, de chef produit, de chef de département France, de chef de département Moyen-Orient, de chef de département Russie et Moyen-Orient, de directrice de marque, avant qu’elle ne soit débauchée par la concurrence, toujours dans la cosmétique de luxe. C’est assez agaçant à lire. On imagine que sur le terrain ce fut palpitant, concentré, outrageusement bien payé. »
Vous aurez remarqué le ton et le style. Écrit en grande partie avec ce «On» non défini et à la seconde personne du pluriel, ce qui permet d’établir une distance ironique avec les personnages ainsi interpellés, ce roman brille par son côté incisif, par cette arrogance propre aux leaders dont les dents rayent le parquet.
Élisabeth, quarante-trois ans, un bureau à l’étage de la direction et à l’affût de sa N-1, son «dernier trophée» vient à peine d’embaucher Reine que cette dernière lui rend ses «vêtements nobles et sous-vêtements travaillés» pour lancer son propre projet. Les impatients n’ont pas envie d’attendre. Après un voyage en Bretagne et la découverte des bienfaits des algues, elle trouve des investisseurs pour la suivre dans la société L’État sauvage, un institut de soins qui commercialisera également les produits cosmétiques et qu’elle ouvrira en quelques mois à peine.
Ah, j’allais presque oublier. Ce voyage en Bretagne s’est fait en compagnie de Marin, un jeu et beau breton dont elle aurait pu s0enticher. Sauf que voilà, comme on lui a appris dans ses cours de management, elle doit anticiper. renonce à cette aventure: « Reine s'enguirlande et prophétise. Tu te vois c’est Reine qui parle à Reine – tu te vois chercher un hôtel à Brest? Te faire choper le soir même parce que tu sentiras le gel douche caramel beurre salé? Et même. Tu te vois trois semaines à faire l’amour dont deux mal, et après quoi? Débandade chez lui, jalousie chez toi, un SMS à la con, ton téléphone qui charge au salon alors que tu es à la cuisine. Tu la vois la gueule de Pierre? Reine la voit, elle le voit aussi rester. Tout plutôt que d’admettre l’imprévu. Ils reparleront, pour passer à autre chose, de l’enfant. Mais à la suite de la trahison, subiront une stérilité psychologique. »
Pierre est le mari de Reine, rencontré alors qu’elle était à Hec. Cet intervenant extérieur, chargé de la Stratégie juridique en entreprise, lui aura facilité les études et entend lui aussi grimper les échelons de l’entreprise qui l’emploie. Mais il voit aussi leur relation s’effriter au fil du temps, confiant à son psy qu’elle «n’est plus vraiment là. Qu’elle poursuit une vie parallèle.» Est-ce une première étape avant la séparation? Reine, on s’en doute, n’a pas le temps d’y réfléchir. À moins que…
La belle trouvaille de Maria Pourchet, c’est d’avoir lancé du sable dans cette machinerie si bien huilée. Voilà Reine confrontée à quelques soucis, voilà Reine bien décidée à s’offrir une récréation. Voilà comment l’étude sociologique vire au roman à suspense, le tout accompagné d’un humour corrosif et de quelques rebondissements dans lesquels les hommes ne sont pas forcément à la fête. Enfin pas tous.
Mais ne dévoilons rien de l’épilogue, sinon pour souligner combien ce roman, après Brillante de Stéphanie Dupays, raconte avec beaucoup de finesse ce monde de l’entreprise qui est tout sauf lisse comme les parois de verre derrière lesquelles il se cache.
https://urlz.fr/95Yc
" Toujours plus vite "
Reine est une jeune femme programmée pour réussir dans la vie. Issue d'un milieu très favorisé, elle est cultivée et diplômée d'une prestigieuse école de commerce. Déterminée, à quinze ans, elle avait obtenu du proviseur de son lycée un changement de classe en cours d'année pour être dans une meilleure classe.
A trente-trois ans, entourée d’Étienne, son ami pour la vie et de son compagnon Pierre, avocat fiscaliste qui planifie le moindre détail de leur vie, Reine mène une brillante carrière professionnelle enchaînant d'importants postes dans de grands groupes de cosmétiques de luxe. Cependant un jour, alors qu'elle se présente pour un poste important, cette jeune femme pétrie d'ambition va décider brutalement de tout abandonner. Il faut dire qu'en se rendant à cet entretien, elle a croisé un homme qui l'a troublée, un scientifique spécialiste des algues qui semble à l'opposé de son compagnon trop raisonnable. Elle décide alors de monter sa propre entreprise à base d'algues, de faire venir la mer à Paris... Rien ne fait peur à Reine qui a peut-être une petite idée derrière la tête... Elle commence alors la recherche d'investisseurs, de locaux...
Maria Pourchet nous entraine dans un tourbillon à l'image de celui dans lequel vit Reine, jeune entrepreneuse pleine d'énergie que l'auteure parvient à nous rendre extrêmement sympathique. Inspirée des résultats de ses travaux de sociologue, cette fiction est remarquable par sa plume d'une incroyable vivacité, par son ton caustique, par son regard sans concession tour à tour féroce ou tendre. Sa façon de prendre le lecteur à témoin, de s'adresser à lui en lui attribuant le rôle des différents protagonistes "Vous êtes Marin, celui qui passe, qu'on désire et qui s'en va" ajoute un certain piment à ce texte qui baigne dans un humour décapant. Cette description des jeunes dirigeants trop pressés de notre monde contemporain où tout va trop vite est un vrai délice où tout est savamment observé. Avec de l'ironie, de la causticité, des dialogues vifs, des personnages attachants, des formulations irrésistibles comme " Le tweet est à la pensée ce que le pet est au système gastrique ", " Un dirigeant c'est quelqu'un qui a trouvé plus intéressant que le sexe" ce texte très original m'a enthousiasmée.
Maria Pourchet manie la kalachnikov avec style et élégance. C'est un plaisir, une vraie détente de retrouver sa douce ironie et l'acuité de son regard sur notre époque et les individus qui s'y débattent. Dans ce nouveau roman (le cinquième), l'auteure s'appuie sur son expérience de sociologue pour nous offrir une étude corrosive mais tendre du milieu des décideurs. Pressés, très pressés, lancés sur les rails de la réussite comme si rien ne pouvait les faire dévier de leur trajectoire.
Et s'il y en a une qui est programmée pour réussir c'est bien Reine, idéalement prénommée par des parents aussi ambitieux que clairvoyants. Le genre à apprendre le russe à seize ans en écoutant des enregistrements pendant la nuit et à négocier avec le proviseur de son lycée un changement de classe en cours d'année pour être dans un environnement plus stimulant. C'est au lycée qu'elle a rencontré Etienne dont elle fait un ami pour la vie. Tout aussi ambitieux. Quinze ans plus tard, Reine est une cadre que l'on s'arrache, riche d'un parcours sans faute dans les grands groupes de cosmétiques. Justement, elle intègre un nouveau poste, une marche de plus, quand soudain... un petit grain de sable vient chambouler son esprit. Ou plutôt un grand blond, scientifique, spécialiste des algues. Assez éloigné de Pierre, le compagnon de Reine, avocat fiscaliste tiré à quatre épingles, roi de la planification et ennemi du hasard. Brusquement, Reine décide de plaquer ce énième poste sans surprise ; une idée germe, elle va créer un concept totalement innovant, faire venir la mer à Paris... Entrepreneuse, battante, créative... on ne se refait pas. Débute alors une course folle, entre tournée des investisseurs et conception du lieu qui devra devenir le nouveau rendez-vous des gens qui comptent. Avec toutefois comme une petite idée derrière la tête, et derrière les algues.
Ça va vite, très vite. Le style de Maria Pourchet est vif, fringuant, enlevé. Sa façon de placer le lecteur en observateur puis de lui faire endosser alternativement les personnalités des uns et des autres ("Vous êtes Élisabeth. Projetée par cette énergie naturelle et renouvelable qui est la vôtre, vous passez à cet instant le seuil de votre bureau...") contribue à imprimer un rythme effréné à la narration. Reine est une experte du marketing, des tendances, des médias, de la communication. Qui ne s'embarrasse d'aucun stéréotype concernant le pouvoir ou les relations hommes-femmes ; au contraire, elle prône la neutralité du genre patron. Elle fonce et elle aime ça. Cash mais jamais trash. Un cerveau monté sur stilettos. Mine de rien, l'auteure nous dresse le portrait d'un milieu, d'autant plus efficace qu'il est étayé par les observations de la sociologue qu'elle est. Les relations avec les investisseurs, la façon dont la sauce monte, dont les médias s'emparent de Reine... tout cela est d'une justesse savamment épicée. Il y a un passage savoureux où Reine observe la façon dont sont habillées les femmes "décideuses" présentes à une conférence où elle intervient sur le thème de la réussite. Drôle et féroce. D'autant plus que franchement, on l'aime beaucoup Reine. Et qu'on espère bien que cette obsession pour les algues trouvera, derrière la réussite éclatante, son réel aboutissement. En même temps, ne comptons pas sur elle pour verser dans la guimauve...
Tout est vraiment dans le ton dans ce roman dont on apprécie qu'il évite la méchanceté, lui préférant une férocité teintée de bienveillance à l'égard de ses personnages qui conservent un certain recul sur la société dans laquelle ils évoluent. Et puis, on n'hésite pas à savourer quelques perles, semées par-ci par-là, au gré des dialogues qui ne manquent pas de sel. Allez, je ne résiste pas au plaisir de vous en livrer une, là, comme ça, juste pour vous donner envie : "Le tweet est à la pensée ce que le pet est au système gastrique". Cash vous dis-je.
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Moi je me suis régalée mais il est vrai que la plume, le rythme peuvent convenir ou pas. En tout cas, ton avis est parfaitement équilibré et donnera sûrement envie à ceux qui le lisent de se faire leur propre idée...