Dans ce matriarcat, où les femmes oppriment les hommes, l’autrice donne les pleins pouvoirs au féminin, même grammaticalement
« Elle » fait bon vivre en Égalie. La présidente Rut Brame travaille nuit et jour à la bonne marche de l'État, quand son époux Kristoffer veille avec amour sur leur foyer. Il y règne d'ailleurs une effervescence toute particulière : à quinze ans, leur fils Pétronius s'apprête à faire son entrée dans le monde. Car voici enfin venu le bal des débutants.
Mais l'adolescent, grand et maigre, loin des critères de beauté, s'insurge contre sa condition d'homme-objet. Dans l'impossibilité de prendre son indépendance, il crée presque malgré lui un mouvement qui s'apprête à renverser le pouvoir matriarcal en place. L'avenir de la cité radieuse est amené à changer... pour le meilleur et pour le pire.
Avec Les Filles d'Égalie, Gerd Brantenberg signe une dystopie féministe et résolument provocatrice. L'auteure renverse littéralement les codes de la société patriarcale : les femmes ont tous les pouvoirs, et la langue s'en ressent.
Le féminin, omniprésent, l'emporte systématiquement sur le masculin, faisant apparaître de nouveaux mots qui soulignent avec une ironie mordante l'oppression invisible qui règne sur la gente féminine. Brûlant d'actualité et débordant d'humour, Les Filles d'Égalie, le grand roman féministe norvégien du XXe siècle, est enfin traduit en français.
Dans ce matriarcat, où les femmes oppriment les hommes, l’autrice donne les pleins pouvoirs au féminin, même grammaticalement
Jubilatoire ! Même si les débuts sont un peu difficiles pour le lecteur qui doit accepter cette nouvelle grammaire où le féminin règne en maître. Livre écrit en 1977, traduit en français en 2022 : "Elle était temps !"
« Les filles d’Égalie » de Gerd Brantenberg est une dystopie, sortie en 1977 en norvégien et en 2021 en français.
L’Égalie est une société inversée (d’après nos standards) ; les femmes occupent les métiers de direction, ce sont elles qui procréent donc elles ont le pouvoir, et les hommes s’occupent des enfants et de la maison, les métiers les plus pénibles parce qu’ils ont la force.
Ce livre est très déstabilisant, perturbant, dans sa façon d’aborder les choses et son écriture ; tout est écrit au féminin : Qu’elle fait bon vivre en Égalie !
À mettre entre toutes les mains…
Les filles d’Egalie est une satire de notre société. C’est une société imaginaire et inversée par rapport à la nôtre, un matriarcat où les femmes détiennent le pouvoir , oppriment les hommes qui sont le sexe vulnérable et les dominent jusque dans la langue. Elles utilisent des arguments biologiques pour assoir leur « maîtressise » sur les hommes. Etant donné qu’ ils sont plus forts qu’elles, leur sont assignées les tâches les plus pénibles comme la garde des enfants et toutes les tâches ménagères. Les femmes sont ,quant à elles, mieux adaptées aux travaux non physiques comme gouverner le pays ou occuper des postes de décision.
Les hommes minaudent et se pomponnent afin d’obtenir des femmes un PPP ( Pacte de Protège Paternité) qui fait d’eux les esclaves de leur épouse mais leur assure une vie confortable à l’abri du besoin. Ils doivent pointer tous les mois au planning paternel et avaler leur pilule contraceptive sous la surveillance de deux femmes fonctionnaires.
Imaginer un monde où des jeunes hommes sont obligés de porter un soutiv (soutien verge) et d’attendre patiemment, au bal des débutants, qu’une jeune fille daigne les inviter à danser. Un monde où les garçons qui veulent devenir « marines pêcheuses » ont l’obligation de rester à la maison pour élever les enfants et répondre aux moindres désirs de leur femme quand elle rentre du travail.
C’est le cas de Pétronius, le fils de Ruth Brame, Directrice du « Directriçoire » de la société coopérative d’Etat et de Kristoffer, que nous allons suivre. Il a quinze ans au début du roman et s’apprête à faire son entrée dans le monde au bal des débutants et rêve de se libérer de sa condition « d’homme objet ». Il va mener un mouvement de révolte et de contestation contre cette société qui ne laisse aucune place à ses semblables.
« Les filles d’Egalie » est un roman un peu déstabilisant à lire au début mais , somme toute, agréable, malgré quelques longueurs en seconde partie. L’auteure est allée jusqu’à jouer sur la langue pour inverser tous les cas où le masculin l’emporte, tels : « Elle était une fois », « si elle vous plait » pour s’il vous plait, les « fumains » pour humains, le « reinaume » pour royaume, « Oh ma Déesse » pour « Oh mon Dieu », tous les métiers sont au féminin. L’ouvrage relève des défis considérables de traduction. Une fois les nouveaux codes acceptés, on comprend à quel point la langue est le reflet et le moteur de la pensée et quel est son impact sur la société.
Malgré sa première parution en 1977, ce livre n’a pas pris une ride et arrive à point nommé dans une société où les débats linguistiques et les revendications féministes sont légion .
Une belle découverte que ce roman culte Norvégien écrit 45 ans plutôt, traduit dans le monde entier et enfin arrivé chez nous en 2022.
" La fumanite. Ma déesse. Les vignes de la Seigneuresse. Soutien-verge. Depuceaute. Une coureuse de calecons. Se cypriner. Clitocrate. Bloody Marius. Elle fait beau. Matriotisme. Les gouins. Le reinaume animal. Karla Amaryx."
Voici quelques exemples savoureux des créations linguistiques de Gerd Brantenberg dans sa dystopie matriarcale parue en 1977 en Norvège.
Dans ce roman, elle présente une société où les femmes ont toujours eu le pouvoir, y compris dans la langue. Non comme une victoire féministe mais comme un état de fait, induit par la biologie. Ce sont les femmes qui mettent les enfants au monde, qui assurent la survie de l'humanité. Il est donc logique qu'elles exercent tous les pouvoirs. Elles cultivent la terre et les océans puisqu'elles incarnent la fécondité, elles occupent tous les postes à responsabilité puisque les hommes sont frivoles et s'épanouissent dans la paternité. La contraception est prise en charge par les hommes puisque ce sont eux qui produisent les spermatozoïdes.
L'éducation des garçons est centrée sur les travaux ménagers et l'éducation des enfants, les sports leur sont déconseillés et on leur apprend à se mettre en valeur pour plaire aux femmes.
L'auteure décline tous les codes politiques, économiques, sociologiques, historiques et scientifiques qui attestent de la supériorité des femmes, de la même manière que notre histoire patriarcale le fait depuis des siècles.
Ce miroir inversé met ainsi l'accent sur toutes les supercheries qui ont jalonné l'histoire des femmes en utilisant l'effet comique pour en démontrer l'injustice.
Dès que ces codes sont posés , en commençant le roman par un cocasse bal des débutants où de jeunes garçons empotés font tapisserie, on comprend rapidement à quel point la langue influe sur la pensée et impacte le fonctionnement de la société.
Lorsque la grammaire se met au diapason du féminin, lorsque celle-ci l'emporte dans toutes les circonstances, le système de domination s'inverse. De la même manière, les garçons obligés de porter un soutiv ( soutien-verge) inconfortable alors que les filles vont seins nus, et les contraintes corporelles de genre sont ridiculisées.
"Ce sont les femmes qui décident de ce qui est essentiel et de ce qui est accessoire. Ce sont les femmes qui écrivent l'histoire."
Il fallait donc ici aussi introduire un mouvement de protestation dans cette pseudo-démocratie, puisqu'il s'agit d'une satire de notre société. L'apparition des masculinistes, en miroir des féministes et non en référence au mouvement actuel, reprend toutes les pérégrinations, les débats et les courants de l'histoire du mouvement. Avec ce constat implacable :
" Le problème, c'est que nous n'entendons pas ou peu parler de ces révoltes et de ces sociétés patriarcales parce que nous vivons dans une société matriarcale. Les historiennes sont des femmes. Les anthropologues n'écrivent pas sur le sujet. Et les anthropologues sont elles aussi des femmes. "
Il faut saluer l'inventivité de l'écriture, l'intelligence de la satire et le comique du roman, même si l'histoire n'est pas toujours à la hauteur des enjeux politiques.
Et si on réinventait les codes? Imaginez une société dominée par les femmes depuis des millénaires. Une société matriarcale où les hommes ne seraient plus des sujets et où ils auraient peur de se promener tard dans les rues. Une société où il ferait bon vivre pour les femmes et… un peu moins pour les hommes. C’est ce que fait l’autrice norvégienne Gerd Brantenberg dans cette dystopie jubilatoire.
Pétronius, quinze ans, va faire son entrée dans le monde d’Egalie avec une tradition vieille comme le monde, le bal des débutants. Peu sûr de lui et rêvant d’émancipation, il va se confronter à la violence et aux idées reçues d’une société matriarcale où les femmes dominent tout et ne voient pas où est le problème. Grâce à sa soif de liberté et des rencontres déterminantes, il réussira à trouver sa propre voie.
Ce roman est une merveille d’intelligence et d’humour. Sur ce thème délicat qui aurait vite pu tourner à la caricature, Gerd Brantenberg crée une fable subtile et brûlante d’actualité qui ne peut que faire réfléchir. Les personnages sont très réussis, loin d’être manichéens et apportent tous quelque chose à l’intrigue. C’est un roman très bien construit et véritablement passionnant. Il montre à quel point le patriarcat impacte tous les pans de la société. C’est une manière très pertinente de montrer que les qualités qu’on attribue généralement aux femmes dans notre société (soumission, coquetterie,..) ou aux hommes (esprit d’initiative, rationalité,...) ne sont absolument pas innées et résultent uniquement de la manière dont est pensée notre société.
Un roman passionnant et édifiant. A mettre entre toutes les mains !
Ce roman qui a été publiée pour la première fois en Norvège en 1977 n’avait encore jamais été traduit en français. Heureusement que les éditions zulma ont réparé cette erreur !
Il faut également noter l’excellente traduction de Jean-Baptise Coursaud car la langue elle-même est un instrument de domination féminine à Egalie et certains termes ont dû être très difficiles à adapter en français.
Egalie est une ville dont le fonctionnement a un petit côté ère victorienne mais où les rôles sont complètement inversés. Les femmes gouvernent et travaillent. Les hommes s’occupent des enfants et préparent le bal des débutants. On découvre le fonctionnement et le quotidien d’Egalie via le regard de Pétronius, un adolescent de 15 ans qui va prendre conscience de son statut d’homme en devenir. Il commence à douter du leitmotiv qu’on leur serine depuis toujours : vous êtes chanceux d’être dans une société si égalitaire. Petronius veut être marine-pêcheuse mais son rôle est déjà décidé, comme tous les garsons, il devra faire des enfants et s’en occuper.
Ce roman commence avec une scène typique de la puberté qui fait jaser toutes les connaissances. Tout le monde fait remarquer à Pétronius qu’il faudrait enfin penser à son 1er soutien-verge, faire attention à l’hygiène, à ses poils et être décent. Passé cette scène frappante qui fait si bien écho à la pression encore subit par les jeunes femmes, le roman se focalise sur le quotidien banal de Pétronius et le début d’une rébellion. Ce train-train inversé permet d’illustrer un panel impressionnant de situations qui casse le mythe de la société égalitaire. Du côté des hommes, on découvre par exemple le bal des débutants où les garsons sont traités comme des bouts de viande, les dragues lourdes, les métiers non accessibles « aux plus faibles », les relations toxiques et même les viols conjugaux ou non. Du côté des femmes, on retrouve les clubs pour femmes où on joue et boit, les débats politiques orienté en faveur des femmes, le côté prédatrice agissant en toute impunité, le pouvoir de décider ce qui est ouvert ou non aux hommes mais aussi ce qui est décent ou non. Inversé les codes pour mettre en exergue des injustices est un exercice risqué qui demande beaucoup de finesse. L’équilibre trouvé par l’autrice permet un ton très juste sans tomber dans une virulence qui pourrait braquer une partie du lectorat.
Qui dit rôles complètement inversés, dit langage courant lui aussi inversé. Il y a un travail de linguistique, grammaire, conjugaison et dans notre cas de traduction impressionnant par sa finesse. Aucun détail n’a été oublié, le féminin l’emporte, le neutre est un mot féminin, les expressions sont aussi féminisées par exemple courir plusieurs hases au lieu de lièvres. Les noms de lieux et de personnage ne sont pas en reste et souvent lié au corps ou au sexe en générale : mamelon, rut, brame, phallustrie…
Les filles d’Egalie est une satire avec des aspects parodiques. La critique de la société fonctionne car les sujets même d’apparence légère sont traités en allant au fond des choses. Les filles d’Egalie a été publié pour la première fois en 1977 en norvégien. Le concept était précurseur et a été régulièrement abordé depuis. Sa traduction tardive peut donner un sentiment de déjà-vu et il semble dommage que ce fait puisse desservir cette oeuvre dont l’ironie et la finesse mérite d’être mis en avant.
Ce roman prend vie dans un monde complètement décalé, je dirais même, complètement inversé. En Egalie, le féminin domine dans tous les sens du terme. « Elle fait bon vivre en Egalie ».
C’est jubilatoire, drôle ; on se régale à voir ces garsons (orthographe dans le texte) dans des situations si bien connues et si mal vécues parfois des filles (les garses dans le texte). C’est totalement improbable, voire loufoque.
Le travail d'écriture est incroyable et a dû demander un travail considérable à Gerd Brantenberg mais aussi au traducteur Jean-Baptiste Coursaud (raison pour laquelle peut-être avons-nous dû attendre dix ans avant qu’il ne soit traduit ?). L’on se doit d’être très attentifs à la lecture car l’effort grammatical fourni jusque dans ses moindres détails pourrait parfois passer inaperçu… tant on lit ce que l'on a l'habitude de lire… et/ou pourrait nous décourager, tentés que nous sommes de chercher l’expression « normale ».
C'est inédit pour moi, impressionnant, provocateur et déroutant c’est certain ; mais si la forme même de cette transposition en société matriarcale est géniale, le fond et les thèmes abordés restent néanmoins assez communs et toujours d’actualité…
Merci beaucoup à Lecteurs.com et aux éditions Zulma de m’avoir permis de découvrir cette auteure avec ce roman résolument féministe !
Chapeau bas à Gerd Brantenberg pour avoir imaginé cette société matriarcale mais surtout pour avoir inventé tout ce vocabulaire féminisé.
Et chapeau bas également au traducteur Jean Baptiste Coursaud qui nous a permis de comprendre l'intention de l'auteure.
Il faut se donner la peine de poursuivre sa lecture même si au début on se heurte un peu ,justement , aux mots, mais finalement on s'habitue très vite.
Pétronius est le héros principal de ce livre. Il a 15 ans au commencement de l'histoire et nous le suivons avec ses questionnements, ses révoltes contre ce monde féminin injuste où les hommes sont exclusivement au service de la femme et des enfants, et si ce n'est pas le cas ils sont réduits à faire les boulots les plus ingrats pour un salaire de misère.
A lire absolument par curiosité et le chapitre du livre que Pétronius a écrit est tout à fait éclairant.
Je conseille vivement aux hommes de s'y intéresser aussi.
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