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Ce roman de Robert Littell est souvent cité en exemple comme de la politique-fiction réussie, à l’instar des textes de John le Carré. En prenant le conflit israélo-palestinien comme toile de fond, Littell implante son intrigue dans l’urgence d’une réalité à laquelle nous sommes confrontés presque chaque jour. Mais, au-delà du contexte géopolitique, son propos me semble bien plus percutant, car il a une portée plus générale.
Bien entendu, le thème de l’affrontement est récurent dans la littérature, au théâtre ou au cinéma. Mais ici, sont en présence un rabbin intégriste et un terroriste islamiste. Très vite, surtout si on est athée, ce qui est mon cas, on comprend qu’ils sont les deux versants d’une même montagne : ceux de la foi. Tous deux utilisent à tort et à travers le verbe « penser », mais ils le confondent avec le « croire ». A aucun moment, l’un comme l’autre ne remettent en cause leurs dogmes, leurs principes moraux, leur identité religieuse. Probablement est-ce pour cette raison qu’ils en arrivent à s’estimer, car chacun se reconnaît clairement en l’autre. Mais, prisonniers de leur condition de symbole, ils n’ont pour conscience que leur propre religion, ce qui permet aux pouvoirs en place de les manipuler sur l’échiquier de leurs fantasmes paranoïaques. Ce sont en réalité des marionnettes, des marottes agitées devant le nez des populations pour attiser leur nationalisme.
La grande réussite de ce roman (ni policier, ni espionnage) est son ancrage dans un contexte brûlant, dont il montre toute l’inanité, l’hypocrisie et la vacuité.
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