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Quant aux femmes de ces histoires, pourquoi ne seraient-elles pas les Diaboliques ? N'ont-elles pas assez de diabolisme en leur personne pour mériter ce doux nom ? Diaboliques ! il n'y en a pas une seule ici qui ne le soit à quelque degré. Comme le Diable, qui était un ange aussi, mais qui a culbuté, la tête en bas, le... reste en haut ! Pas une ici qui ne soit pure, vertueuse, innocente. Monstres même à part, elles présentent un effectif de bons sentiments et de moralité bien peu considérable. Elles pourraient donc s'appeler aussi « les Diaboliques », sans l'avoir volé... On a voulu faire un petit musée de ces dames. L'art a deux lobes, comme le cerveau. La nature ressemble à ces femmes qui ont un oeil bleu et un oeil noir. Voici l'oeil noir dessiné à l'encre - à l'encre de la petite vertu.
Barbey d'Aurevilly.
Plus qu'il ne se livre, Barbey se trahit. Toute son oeuvre romancière exhale l'odor di femmina ; on y découvre, foncièrement, l'obsession de la femme au point de croire qu'il s'en délivrait par le style.
Jean de La Varende, Les Grands Normands.
Introduction et notes de Pierre Glaudes.
J’avoue, cher lecteur, j’ai un gros, gros faible pour Barbey d’Aurevilly (1808-1889) et régulièrement, je me relis une nouvelle ou un roman (ah, la magnifique «Histoire sans nom») de cet auteur trop déclassé.
Dans «Les Diaboliques», six nouvelles sulfureuses, publiées en 1874 et vite retirées de la vente, Barbey d’Aurevilly nous dépeint, avec son style, six histoires étonnantes.
«Le rideau cramoisi» voit une femme mourir pendant l’orgasme.
«Le plus bel amour de Don Juan» raconte une adolescente qui fantasme sur l’amant de sa mère.
Dans le «Bonheur dans le crime», Hauteclaire Stassin empoisonne sa rivale.
«Le dessous de cartes d’une partie de whist» nous montre un homme qui séduit la mère et…la fille.
Et puis l’atroce «Dîner d’athées» et la débauchée «Vengeance d’une femme» concluent le tout, de toute beauté.
Ici, c’est l’enfer vu par un soupirail de province.
Oui, «un romancier n’est pas un préfet de police d’idées», oui aux «ivresses de la passion…sans laquelle il n’y aurait ni art, ni littérature, ni vie morale.», oui, «les passions font moins de mal que l’ennui.», écrivait Barbey d’Aurevilly.
Certes, Barbey d’Aurevilly peut être taxé de misogynie. Certes !
Certes, ce Barbey d’Aurevilly est un rétrograde, royaliste et catholique.
Certes !
Certes, son style est outrancier, voire précieux, gavé d’adjectifs et d’épithètes, débordant de métaphores et d’oxymores. Certes !
Mais c’est si excitant et j’aime ça !
«Cambrée à outrance, comme elle l’était, pour accrocher son chapeau à cette patère placée très haut, elle déployait la taille superbe d’une danseuse qui se renverse, et cette taille était prise (c’est le mot, tant elle était lacée !) dans le corselet luisant d’un splencer de soie verte à franges qui retombaient sur sa robe blanche, une de ces robes du temps d’alors, qui serraient aux hanches et qui n’avaient pas peur de les montrer, quand on en avait.»
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