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« Les traditions millénaires des nations aborigènes sont un tapis que les colons ont délibérément choisi de piétiner. Dans leur soif d'or et d'expansion, ils se sont déployés, tel un virus. ».
Jeune aborigène, Jimmy Stonefire a pu étudier dans les écoles des blancs et, malgré les obstacles, est devenu docteur en physique des particules. Pour défendre la cause des siens, il rêve de remporter la célèbre (et authentique) course du Bridgestone World Solar Challenge et met au point un véhicule révolutionnaire.
Tony Mulatier, conducteur de méga camions, est venu tenter sa chance dans une Australie en proie à de violents troubles sociaux.
La famille Sweeger fuit la banlieue de Sidney rendue invivable par la fumée que dégagent les incendies monstrueux qui ravagent la côte est pour se retrouver dans un camp de réfugiés.
Sur fond d'exploitation éhontée des ressources par les blancs qui détruisent sans scrupule les sites naturels australiens et d'un peuple aborigène bafoué et repoussé sans cesse plus loin dans les contrées désertiques, ces destins vont converger au rythme infernal de la course.
Armé de ses deux grandes qualités, une documentation impressionnante et un rythme narratif totalement addictif, Laurent Whale revient avec un thriller qui vous immerge aux cotés des aborigènes jusqu'à la ligne d'arrivée !
« Le vol du boomerang » est un roman, un peu dystopique qui vous fera voyager sur le seul pays continent, l’Australie et qui – surtout – vous apprendra plein de chose sur les aborigènes.
Porté par la plume très fluide et appréciable de Laurent Whale, ce livre m’a énormément plu pour les caractéristiques reprises ci-dessus. D’abord, pourquoi un roman « un peu » dystopique ? Parce que l’histoire pourrait en soi se dérouler à l’heure actuelle mais, dans le livre, l’Australie est en proie à des méga-feux. Ceux-ci engendrent des paysages de désolation, la mort de faune et de la flore et la migration de quantités d’habitants, laissant tout derrière eux et tentant de refaire leur vie dans d’autres lieux.
Nous nous souvenons tous des terribles incendies qui ont eu lieu fin 2019 – début 2020 durant lesquels des centaines de milliers d’hectares ont été détruits, des milliers de gens déplacés et où les militaires ont été appelés afin de tenter de maintenir l’ordre. Finalement, fiction et réalité ne sont jamais très éloignées…
Ensuite, j’ai beaucoup aimé que le récit prenne place en Australie, hélas, bien trop souvent absente de mes lectures malgré mon attrait certain pour ce continent. A maintes reprises, j’ai eu l’impression d’être moi-même là-bas, immergée dans ces paysages souvent désertiques, accaparée par la chaleur ou le corps fouetté par le sable charrié par les vents.
De plus, Laurent Whale offre par ce roman un très bel hommage aux aborigènes, qui ont été et sont encore trop souvent omis des livres d’histoire mais aussi des livres en général tout simplement.
En plus de s’y initier à cette culture, on ne peut s’empêcher de s’attacher beaucoup au personnage principal de Jimmy Stonefire, génie aborigène pour qui la reconnaissance des siens et par les siens demeure son but premier.
Bref, vous l’aurez compris : ce roman m’a beaucoup touchée. Sorti début février, un peu de façon trop discrète je trouve, il mérite pourtant d’être mis en lumière !
Direction l'Australie, une Australie presque dystopique en proie à des mégafeux qui poussent à l'exode vers l'Est et le Nord des milliers de réfugiés climatiques. C'est dans ce chaos qui exacerbent les tensions préexistantes entre Aborigènes et Blancs que l'on fait connaissance avec Jimmy Stonefire, le héros du roman est un vrai héros positif : brillant étudiant ingénieur alors que ses origines aborigènes ne le prédestinaient pas à un tel parcours universitaire, il a décidé de participer au Bridgestone World Solar Challenge, course folle traversant l'Australie Nord-Sud, 3300 km de Darwin à Adélaïde, réservée aux véhicules propulsées à l'énergie solaire.
Jimmy Stonefire est incroyablement attachant. On prend immédiatement cause pour lui, on veut à tout prix qu'il réussisse dans sa quête qui dépasse son seul succès personnel : apporter de la lumière sur son peuple longtemps discriminé et toujours en proie à un vif racisme depuis l'accès à la citoyenneté décrétée en 1967, montrer de quoi les Aborigènes sont capables au-delà des stéréotypes, toujours dans une esprit optimiste et pur, jamais avec d'aigres visées revanchardes. Que ce soit lorsqu'il construit son bolide Ngiyari ( mot anangu désignant un petit lézard aussi préhistorique, symbole de résilience et détermination ) ou lorsqu'il conduit une fois la course lancée, on l'aime !
Le destin de Jimmy va en croiser d'autres, tout aussi en marche : celui de Tony, routard français à bord de son Mack Titan, road train surpuissant ; celui de la famille de réfugiés climatiques, les Sweeger. Si l'enchâssement narratif de ces différents parcours est parfois un peu confus, la lecture reste très plaisante, sans doute parce que l'auteur parsème son aventure de nombreuses ouvertures sur la culture aborigène. Idéal pour une initiation au « Temps du rêve », « Tjukurrpa » avec sa mythologie et sa vision d'un monde faisant interagir sans hiérarchie toutes formes de vie, animale, végétale comme humaine. J'ai appris plein de choses.
On sent la sincérité enthousiaste de Laurent Whale à partager son amour pour la culture aborigène tout en alertant de façon très directe sur les conséquences désastreuses liées au réchauffement climatique. Son roman possède une fraicheur presque naïve qui place le lecteur en empathie avec la trajectoire de Jimmy, les pages se tournent toutes seules, surtout dans un dernier tiers pied au plancher vraiment réussi qui nous fait vivre les embuches de la course.
Dommage que cette immédiate bienveillance s'accompagne d'un manichéisme un peu trop appuyé, notamment avec le personnage de l'horrible doyen qui doit - ou pas - accorder une bourse dont dépend le héros pour payer les frais d'inscription à la source. de même, les relations entre lui et le personnage de Nancy sont quelque peu téléphonées, là où un peu plus de complexité aurait pu apporter plus de densité au récit. Reste un roman d'aventures très divertissant avec en fond une réflexion juste sur notre monde actuel.
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