On ne peut pas lâcher "Cette nuit" le roman de Joachim Schnerf
Udo Berger, vingt-cinq ans, est passionné par les jeux de guerre jusqu'à l'addiction. En compagnie de sa fiancée, il part quelques jours sur la Costa Brava. C'est la première fois qu'ils passent leurs vacances ensemble. Dans leur chambre d'hôtel, Udo cherche de nouvelles stratégies pour Le Troisième Reich, un jeu de plateforme dont il est spécialiste. Bientôt, le couple rencontre deux autres Allemands puis de mystérieux locaux, le Loup, l'Agneau et le Brûlé. Personne ne sait comment ce dernier a été défiguré. Initié par Udo, il se révèle un adversaire redoutable au Troisième Reich. Mais quel est le véritable enjeu de leur partie?
Avec ce roman rédigé en 1989, Roberto Bolaño nous offre une oeuvre fascinante au charme vénéneux. L'auteur de 2666 y explore les formes prises par le mal et la folie et développe une réflexion passionnante sur les liens entre la culture - le jeu ou la littérature - et la réalité.
On ne peut pas lâcher "Cette nuit" le roman de Joachim Schnerf
Merveilleux premier long roman du maître chilien. Le charme vénéneux de sa prose simplissime opère immédiatement. Pourtant, ici, on est loin encore des formes complexes et des constructions vertigineuses des chefs d'oeuvre que sont 2666 et Les Détectives Sauvages. L'histoire est simple. La Costa Brava, un adolescent allemand accroc à un jeu de plateau, sa copine, la chaleur étouffante, la torpeur des vacances, un petit hôtel, d'autres touristes, des saisonniers, des locaux aux surnoms étranges : le Loup, l'Agneau et le Brûlé. On va lire un journal, le journal d'Udo, qui se raconte, sans rien dévoiler, ou si peu, si ce n'est ses explications sur les stratégies à développer au Troisième Reich, ce jeu étrange et compliqué qui l'absorbe tant. Cela participe à l'étrangeté du récit, c'est ce qui fait son charme, car au fond ce ne pourrait être qu'un modeste roman initiatique, le passage à l'âge adulte d'un adolescent, mais le talent et les ingrédients qui met Bolaño font qu'on est littéralement happé par un mystère, un "charme vénéneux" comme le dit si bien le quatrième de couverture. Fascination, oppression, sentiment d'insécurité, étranges évènements, malaise, folie presque, tension et suspens, tout cela est au rendez-vous, avec ce style limpide et direct caractéristique, mais qui semble toujours cacher de sombres secrets. Premiers émois amoureux, soirées échevelées, amis de vacances, siestes, aubes moroses, bières et plage, chambres d'hôtel aux rideaux que l'on tire pour se protéger d'une lumière trop crue, pédalos entassés formant comme un refuge, un abri contre la noirceur du monde, ou bien, au contraire, refuge du mal et de la noirceur ? On ne sait jamais, mais comme Udo, on est irrésistiblement attiré par cette ambiance pesante, ce clair-obscur empli de faux-semblants. Qu'arrivera-t-il à la fin de l'été ? Qui gagnera la partie ? On tourne fébrilement les pages, comme atteint par la fièvre, pour savoir si le cauchemar finira... Mais peut-être n'est-ce pas un cauchemar, peut-être est-ce tout simplement la vie, et comme Udo, nous devons tous un jour où l'autre faire face. Ne pas reculer. S'y abandonner. L'accident de Charly est une alerte, une alarme qui sonne et qui fait qu'on reste tout au long de la lecture sur le qui vive, guettant le moindre signe, le moindre indice, dans ces dialogues pleins de torpeurs et de sombres présages, pleins de mystères et de ruses, comme si tous avaient une stratégie comme les deux joueurs s'affrontant dans une redoutable partie de Troisième Reich. Bref, un plaisir de lecture, trop rare, à savourer, et aux promesses incroyables, quand au final on se dit que ce n'est pas le meilleur ouvrage de Bolaño !
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