La romancière a sélectionné pour vous 10 lectures indispensables
Parti des confins de la terre et de l'eau, Victor-Flandrin Péniel, portant au cou les larmes de son père dont le visage fut sabré en 1870 par un uhlan, et toujours accompagné d'une mystérieuses ombre blonde, viendra s'établir dans un hameau perdu au bout du territoire et encerclé de forêts où rôdent encore les loups. C'est dans ces terres frontalières, par où la guerre sans cesse refait son entrée au pays, et dans la vie et la mémoire des hommes, que Victor-Flandrin, dit Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, prendra femme, par quatre fois, et engendrera une nombreuse descendance, toute marquée par la gémellité et la violence de la passion.
Bien des romans d'aujourd'hui s'emploient à nous montrer les hommes et les femmes broyées par l'histoire. Mais, avec ce récit, cette terrible réalité se transfigure aux dimensions du légendaire, du conte fantastique.
La romancière a sélectionné pour vous 10 lectures indispensables
Un style particulier, entre réalité et fantastique, onirique même. La mort, les drames, la guerre, la folie, tout est relié à la terre, la forêt. Tout est décrit de façon poétique. C'est beau. C'est puissant. Y'a une "âme" dans ce livre. Je lirai la suite sans aucun doute.
Je ne m’attendais pas à cette atmosphère particulière : un homme qui vit seul avec sa tribu au fond d’un village, entre la défaite de Sedan et la fin de la seconde guerre mondiale.
Ses quatre femmes lui donneront jumeaux et jumelles, presque tous au prénom double.
Le silence règne à la ferme, les femmes meurent en poussant des cris, seules paroles. Les larmes aussi sont retenues.
J’ai aimé que la péniche du grand-père s’appelle A la Grâce de Dieu, que celle du père soit nommé La Colère de Dieu, et que la maison du fils auraient dû se nommer A l’aplomb de Dieu.
J’ai aimé Vitalie, la grand-mère, dont les larmes blanches ont un goût de coing et de vanille.
J’ai aimé les étoiles dans les yeux du fils, une pour chaque enfant qu’il aura.
Mais quand il fait alliance avec un loup, j’ai trouvé l’homme reclus moins intéressant.
J’ai aimé le vocabulaire si particulier du récit : les re-tirer / -affleurer / -découvrir. Mon préféré étant déjeter, très présent dans le texte.
Un premier roman, qui date de 1985, de nombreuses fois primés, et qui offre une plongée dans les nuits du début du XXe siècle.
Une citation :
Après avoir été un batelier rejeté par les fleuves, il n’était plus à présent qu’un paysan rejeté par la terre, un amant et un père rejeté par l’amour, – un vivant rejeté par la vie sans cependant être accueilli par la mort. Il était de nulle part. C’ets pourquoi il n’avait nulle ha^te des e relever de ce seuil où il dormait assis. (p.223)
L’image que je retiendrai :
Celle de la fille Margot, la Maumariée, aux treize jupons blancs, chacun correspondant aux treize années qui lui reste à vivre sa journée de mariage éternellement.
https://alexmotamots.fr/le-livre-des-nuits-sylvie-germain/
Entre 1870 et 1945, l'auteure nous livre une histoire de famille qui démarre sur l'eau des canaux où les mariniers transportent du charbon et se poursuit sur la terre dans une ferme isolée. Victor Flandrin Péniel en est le pilier central au travers de ses nombreux mariages et enfants. La réalité triste, souvent endeuillée, marquée par les trois guerres successives qui interviennent sur le destin de la famille est accompagnée de fantastique qui transforme la narration en conte. le style et l'écriture de Sylvie Germain qui se révèlent dans ce premier roman s'affineront dans ses prochains livres pour le plus grand plaisir des lecteurs.
Ce roman commence comme un conte, un conte noir. On entre dans la vie d’un personnage, Victor-Flandrin Péniel dit Nuit-d’Or-Gueule-de-Loup, de 1870 à sa mort, donc après avoir traversé de nombreuses tragédies dues à la guerre mais aussi à une sorte de malédiction.
Tout y passe dans ce roman : la guerre, le nazisme, l’inceste, la folie, le meurtre, la violence, la souffrance, la passion, le désir aussi. C’est dense ! Mais quelle écriture ! J’aime l’écriture de Sylvie Germain. J’avais déjà lu « Magnus », prix Goncourt des lycéens 2005. « Le livres des nuits » est son premier roman publié en 1985. Et quelle maîtrise, quel talent de conteuse. Elle nous embarque dans l’histoire sombre des Péniel, impossible de lâcher le livre. Le lecteur n’a pas trop de repères au début, puis progressivement il arrive à mettre une date et apprend que le personnage s’installe dans la Meuse. Le livre est divisé en six nuits.
Victor-Flandrin aura 4 femmes et de nombreux enfants, car ils naissent tous par 2 ! que des jumeaux ou des jumelles. Tous ses enfants ont la même tache jaune dans l’œil gauche. Le chiffre 7 est très présent tout au long du roman.
C’est dur, cruel mais au-delà de la partie fantastique, les scènes liées à la guerre paraissent tellement vraies, qu’on en pleure de ressentir ce que ces soldats ont vécu dans les tranchées.
Ce livre est pour moi un classique.
Il a une suite : « Nuit d’ambre ». Ce sera peut-être l’occasion d’une prochaine lecture commune, mais pas tout de suite, je m’en vais lire quelque chose de plus gai !
« Si Victor-Flandrin ne parvenait jamais à capter son propre reflet il essaimait par contre autour de lui des traces de lui-même. Ainsi son ombre blonde traînait-elle souvent dans son sillage longtemps après qu’il avait passé, et lorsque les gens de Terre-Noire la rencontraient sur leur chemin ils s’en écartaient toujours avec la plus grande méfiance. Tous prenaient soin de ne jamais marcher dans l’ombre de Nuit-d’Or-Gueule-de-Loup qu’ils redoutaient plus encore que sa présence. »
Belle imagination. Richesse et singularisation des personnages. Une écriture dense, poétique et belle.
Un des titres qui donne sa place a Sylvie Germain parmi mes ecrivains preferes ...
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