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Lors d'un voyage en Chine, l'auteur retrouve le peintre Tian-yi, connu autrefois, qui lui remet ses confessions écrites. Tian-yi a vécu l'avant-guerre dans une Chine en plein bouillonnement. Plus tard, dans les années 1950, il est allé en Occident, où il a découvert une autre vision de l'art et de la vie.
De retour dans son pays soumis aux bouleversements de la révolution, il a voulu retrouver deux êtres chers : Yumei, l'amante, et Haolang, l'ami. Mais une histoire dramatique les a emportés dans des tourmentes où Tian-yi, à son tour, sera pris...
Poète, traducteur, essayiste, spécialiste des arts de son pays d'origine, François Cheng a su métamorphoser le témoignage vécu en une extraordinaire fresque romanesque, saluée par toute la critique et couronnée par le prix Femina 1998.
"Le Dit de Tianyi" pourrait paraître un titre pompeux tant notre conception occidentale du "Dit" nous ramène à des épopées asiatiques rocambolesques ("Le Dit du Genji" par exemple). Ici, pas de rocambolesque alors que les évènements le sont sans ambages tant le style est doux, comme susurré, presque dénué d'affects bruts pour aller vers une poésie au long court, avec une sorte de fatalisme.
La première partie m'a particulièrement intéressée pour la vision de la société chinoise des années 30 et la moitié des années 40 entre la tradition, la guerre, la volonté de changement de la jeunesse. J'avais l'impression parfois d'avoir des résonances avec "Eloge de l'ombre" de Jun'ichirō Tanizaki, c'est-à-dire cette capacité de communiquer tout un mode de vie et de pensée qui nous sont étrangers en nous les animant devant nos yeux par une associations de mots fluides, donnant une clarté au propos et à l'instant.
La deuxième partie pourrait nous paraître plus familière car en France mais c'est un Paris inconnu pour ma génération (fin des années 40 et années 50) ainsi que l'observation d'un étranger en Occident.
La dernière partie, est le retour de Tianyi en Chine qui est complètement figée par les barbelés de la pensée et du régime communiste, ce qui lui vaut d'aller en camps de rééducation.
Je n'ai pas pu lire ce livre dans la foulée. Il m'a fallu de longues pauses (en jours), tant il est riche et nécessitant une grande concentration pour s'enfermer dans le texte et se laisser porter. Si le "laisser porter" est possible dans les 2/3 de la première partie, cela n'est plus vraiment possible pour la suite car le découpage en chapitres correspond à un découpage de thèmes très variés. L'état d'esprit du protagoniste est particulier aussi, empreint de taoïsme si j'ai bien compris, avec une sorte de distance fataliste à tout ce qui lui arrive.
Lors d’un voyage en Chine, François Cheng retrouve le peintre Tian-Yi. Celui-ci lui remet ses confessions écrites, celles de toute une vie.
L’homme est né en Chine et a vécu dans les années 30-40 en plein bouleversement. Il a étudié aux Beaux-Arts. Il y a appris la peinture. Il a eu l’opportunité de partir à Paris pour parfaire ses connaissances. Il découvre alors une autre vision de l’art et de la vie. Il va vivre des expériences exceptionnelles dans la ville lumière. Malheureusement, il y connaîtra, aussi, la misère et la maladie.
A son retour en Chine, soumis aux soubresauts de la révolution culturelle initiée par Mao Zedong, il sera interné dans un camp de travail et de rééducation. Le « grand timonier » fait régner la terreur sur son pays. Nous sommes à l’apogée du communisme.
« Devenus bêtes de somme, on a vite fait de s’habituer à la saleté ; on accepte la crasse qui colle à la peau comme la gale, qui attire les puces et alimente les poux. A côté de la crasse, il est un avilissement autrement plus dur à supporter : avoir à courber l’échine devant la bêtise des chefs. » (page 327).
Il cherchera, aussi, ses amis les plus chers : Yumei, l’amante et Haolang, l’ami fraternel.
François Cheng nous livre un texte d’une sensibilité peu commune. Echappant à tous les genres, « Le dit de Tian-Yi » est à la fois un roman d’apprentissage, un témoignage personnel avec en toile de fonds l’Histoire. Il nous livre aussi une vision singulière de l’Occident des années 50.
Un roman qui est au confluent des cultures chinoise et occidentale.
« Me voici devant le même dilemme qu’en Italie. Je vois que les Chinois anciens évitaient de représenter la figure humaine, confiant au paysage - ou aux éléments composant un paysage : arbre, rocher, source, etc. - la tâche de signifier leur monde intérieur, leur élan spirituel comme leur poussée charnelle. Peindre un être isolé, a fortiori, une femme, comme ça, leur paraissait toujours un peu factice, dénué de sens profond. L’Occident ne semble pas se poser tant de questions à ce sujet, avec une si longue tradition dans la représentation de la femme, notamment celle de la Vierge avec toute sa charge symbolique. » (page 404).
Il s’agit, aussi, de l’itinéraire d’une génération chinoise sacrifiée au nom d’idéologies communistes aberrantes et dévastatrices.
Le roman est construit en trois parties autour de trois personnages centraux, selon le rythme ternaire de la pensée taoïste : le yin, le yang et le dynamisme vide médian.
Ce dynamisme vide médian intervient chaque fois que le yin et le yang sont en présence, drainant la meilleure partie des deux. Il est ce troisième souffle qui élèvent l’un et l’autre vers une transformation créatrice et leur permet de se dépasser.
L’histoire de Tian-Yi relève, à sa manière, d’une épopée : un départ à l’autre bout de la Terre, une rencontre avec un autre monde, un retour au pays natal.
Cette histoire est l’entrelacement d’un drame personnel et d’un drame collectif.
très beau livre philosophique avec une sensation de légèreté et de grande sensibilité.
j'ai particulièrement apprécié la relation entre les trois principaux protagonistes ainsi que le regard du narrateur sur le monde occidental.
cela soulève des questions et on en vient à se demander si l'homme a vraiment compris ce qu'était réellement la vie.
je le conseille
Pénible et tragique tout comme la vie de Tianyi. François CHENG "hérite" de feuillets que Tinayi, un vieil ami a écrit durant les dernières années de sa vie. Il les traduit mais les laisse dans leur forme originale. Le livre retrace donc la vie de Tinayi, peintre chinois de 1924 aux années 70. C’est la première fois que je lisais l’écrit d’un Chinois et non d’une Chinoise, et c’est une précision importante car le regard porté sur la famille, la place de l’individu dans la Société est totalement différent. J’ai apprécié la première partie correspondant à l’enfance et l‘adolescence de Tianyu car j’y ai (re)trouvé des détails sur la vie quotidienne, les bouleversements entrainés par la guerre sino-japonaise, l’éducation, les premiers émois (Amitié et Amour), la découverte et l’approfondissement de son art. Le style du narrateur est parfois lourd et ampoulé mais malgré tout cette période est restée intéressante et accessible. Par la suite, j’ai commencé à décrocher lorsqu’il arrive en France, qu’il décrit son statut d’étudiant étranger puis d’immigré illégal après la prise de pouvoir des communistes en Chine. La dernière partie sur son retour en Chine n’est pas mieux passée et je me suis surprise à survoler certains paragraphes. Les thèmes sont captivants mais le narrateur est un observateur, un pessimiste chronique. Certes, s’intéresser à sa place dans le monde, dans sa famille, auprès de ses amis peut valoir le coup mais il me semble que jamais Tianyi n’arrive à conforter sa valeur et cette difficulté finit par peser sur le contenu de son histoire. Il vit des évènements terribles (camps de rééducation, mort de ses proches..), j’ai compatit mais je n’ai pas été touchée. C’est tragique.
Un temoignage fiction de la vie sous le joug de Mao. Un recit parfois un peu long mais riche, prenant et qui invite a un retour dans l’oeuvre de Francois Cheng et dans l’ame de cette vaste Chine …
Un livre à lire et à relire, une ouverture sur la beauté de la nature, sur la construction de soi, une merveille !
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