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Le Bateau-usine nous plonge en pleine mer d'Okhotsk, zone de conflit entre la Russie et le Japon. Nous sommes à bord d'un bateau de pêche, où le crabe, produit de luxe destiné à l'exportation, est conditionné en boîtes de conserve. Marins et ouvriers travaillent dans des conditions misérables et subissent la maltraitance du représentant de l'entreprise à la tête de l'usine. Un sentiment de révolte gronde. Un premier élan de contestation échoue, les meneurs sont arrêtés par l'armée. Mais un nouveau soulèvement se prépare.Ce récit bouleversant, directement inspiré de faits réels, provoque un puissant sentiment d'empathie avec ces hommes et leurs aspirations. L'oralité, le style incisif et le "regard caméra" adopté par le narrateur font de cette identification un appel à la révolte en soi.
Roman documentaire puissant qui avec une écriture incisive, rare et remarquable, chargé d’images saisissantes, dénonce les conditions inhumaines subies par les travailleurs japonais en s’inspirant de faits véridiques concernant la pêche au crabe et leur mise en conserves, en mer d’Okhotsk dans la région du Kamtchatka, zone de tension entre la Russie et le Japon en 1920.
L’auteur nous embarque à bord d’un bateau-usine de 3000 tonnes avec 300 miséreux entassés à bord. En sus des conditions d’insalubrité, de maladie et de puanteur invraisemblables mais réelles, ces hommes subissent la cruauté inimaginable d’un intendant, une brute sans foi ni loi.
Ils se révolteront (en vain) mais de retour au port, se rendant compte que la rébellion courageuse eut lieu sur plusieurs bateaux soudant ainsi les hommes dans une même lutte et revendication, ce sera l'avènement du syndicalisme ouvrier nippon auquel se joindront les mineurs et tous les opprimés au travail qui mourraient par centaines dans les usines ou à construire qui des routes qui des voies ferrées, etc.
Soigneusement documenté, l’auteur politiquement engagé, figure du courant prolétarien japonais, sera emprisonné en 1930, suite à la publication de ce livre dont un passage parle des pêcheurs à bout de force luttant épuisés contre la mort et qui s’amusent à penser remplacer le crabe par leurs propres chairs rongées par les poux, dans les boîtes destinées à l’Empereur…
Libéré en 1931, il restera un représentant central des écrivains révolutionnaires reconnu internationalement tout en vivant dans la clandestinité jusqu’au 20 février 1933, date à laquelle il sera de nouveau arrêté par la police politique et mourra à 29 ans, dans la journée, sous la torture.
En 2008, pour dénoncer la dure réalité des travailleurs précaires contemporains au Japon et l’asservissement des classes ouvrières par un capitalisme sauvage, deux écrivains évoquent le chef d’œuvre de Kobayashi Takiji dans un dialogue publié dans le quotidien Mainichi shinbun entre Amamiya Karin au look gothic-lolita et Takahashi Gen’ichirô, professeur de littérature et romancier hard-boiled.
Alors, un éditeur (au nez creux…) va faire resurgir ‘Le bateau-usine’ qui connaitra un immédiat succès de librairie avec un million d’exemplaires vendus en moins d’un an.
Les étudiants, les jeunes, les ouvriers, les intérimaires, le monde aux emplois précaires, se reconnaissent dans les personnages du livre.
C’est un phénomène d’édition internationale qui s’ensuivra d’un film et d’une version BD qui, cette dernière connait elle aussi, un record de ventes.
D’autre part, le monde des médias s’étonnera de l’existence de marxistes au Japon…
Evelyne Lesigne-Audoly signe une très intéressante postface titrée « 2008 en écho à 1929 » en y intégrant les grandes lignes biographiques de Kobayashi Takiji dont l’assassinat le hisse au rang d’icône, et dont la vente des romans réédités et traduits dans toutes les langues fonctionnent « comme un baromètre de l’intranquillité sociale ».
« Dans la mer d’Okhotsk, la couleur des eaux se changea brusquement en gris. Le froid piquant transperçait les vêtements des ouvriers, dont les lèvres étaient violettes. Plus l’air devenait froid, plus soufflait en bourrasque une neige fine, sèche comme du sel. Les hommes au travail sur le pont devaient se recroqueviller à plat ventre pour éviter les attaques des flocons qui venaient se planter dans les mains et les visages comme autant de minuscules éclats de verre. Les hommes tendaient des cordages d’un pont à l’autre et devaient s’y suspendre comme des langes pour travailler. L’intendant vitupérait en brandissant un gourdin à saumon.
Les bateaux pour la pêche au crabe, tous partis en même temps d’Hakodate, s’étaient peu à peu éloignés les uns des autres. Mais, lorsque le navire montait brusquement sur une crête, on pouvait apercevoir au loin deux mâts qui se balançaient, semblables aux deux bras levés d’un noyé. (…) Le bateau se secouait violemment comme un cheval qui se débat pour se débarrasser d’un taon accroché à son dos. (…) Dans la brume, la côte du Kamtchatka étirait sa longue silhouette de lamproie. (…) Les vagues se dressaient en milliers de petits triangles, tirés vers le haut par des foulards d’écume.»
Un chef d’œuvre, classique de la littérature japonaise.
Roman poignant sur la condition ouvrière au Japon dans les années vingt, alors que le bolchévisme vient à peine d'être victorieux chez les 'Russkofs'.
Véritable Malraux de la littérature nippone, cet auteur, vu son succès, a vite été rattrapé par la police secrète japonaise et est mort sous la torture.
Ce bateau-usine est son second livre et il nous fait aimer ces pêcheurs frustres, dont l'humanité est oubliée au profit des bénéfices à amasser pour les capitaines de l'industrie.
Un très beau livre, sans être un chef-d'oeuvre de la littérature.
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