La septième édition des explorateurs de la rentrée ? Des débats riches, des échanges nombreux, une équipe sensationnelle
Magnifique chronique qui me replonge dans le texte. Fine analyse du personnage de Lee Miller.
Paris, 1929. Lee Miller, une jeune américaine, débarque à Paris.
Mannequin, belle comme le jour, elle rêve pourtant de passer derrière l'objectif, animée d'une seule passion, d'une unique obsession?: la photographie.
Presque par hasard, Lee attire l'attention de May Ray, illustre photographe gravitant dans le Montparnasse surréaliste de Dalí et sa bande d'extravagants artistes. Mais pour Man Ray, Lee demeure la muse par excellence. Entêtée, la jeune femme réussit le convaincre de lui donner sa chance. Elle deviendra l'assistante, l'élève, puis l'amante du grand photographe. Dans l'intimité de la chambre noire, leur art et, très vite, leurs corps se lient et s'unissent. Mais alors que Lee se révèle une artiste hors pair, Man, jaloux maladif et génie égocentrique, ne peut bientôt plus supporter l'ascension de celle à qui il a tout appris.
Des cabarets du Paris bohème aux champs de bataille d'une Europe déchirée par la Seconde Guerre mondiale, de la découverte de techniques de photographie révolutionnaires à l'immortalisation de la libération des camps de concentration, Lee Miller s'impose comme une artiste absolue, une femme hors du commun.
La septième édition des explorateurs de la rentrée ? Des débats riches, des échanges nombreux, une équipe sensationnelle
Paris, années 30. Lee Miller, jeune américaine et ancien top, découvre la capitale française à travers son appareil photo. Cette période illustre le long chemin qui la fera définitivement passer de l’autre côté de l’objectif. Elle vit ce développement aux côtés du grand Man Ray, que l’on découvre via la vie intime et amoureuse, sans les flashes de son boîtier qui aveuglent ses adorateurs. Lee Miller l’assiste, au studio et dans la vie. Elle profite du matériel pour se perfectionner, apprivoiser son art, moins reconnu que la peinture, et chercher son style. Est-elle un autre regard aux côtés de Man ou joue-t-elle le rôle de projecteur ? Ce texte est une oscillation entre ses différentes carrières et ce qu’elle est lorsqu’elle est vue au bras de Man Ray, qui met en lumière son propre travail, quitte à s’accaparer le sien, sans même faire l’effort de s’en rendre compte. Une belle image du Paris de l’époque et de la difficulté à être reconnue lorsqu’on est une artiste.
L'âge de la lumière de Whitney Scharer
"Je préfère prendre une photo qu'en être une" – Lee Miller
En 1966, Lee Miller est une femme d'âge moyen qui passe son temps à préparer des repas de dix plats et à rédiger des articles de cuisine pour Vogue. Celle qui fut mannequin à New-York, assistante de Man Ray à Paris, photographe de génie, celle qui couvrit le conflit de la seconde guerre mondiale jusqu'à la découverte des camps de concentration, est aujourd'hui dépendante à l'alcool et mène une vie sans relief dans une ferme du Sussex avec son mari Roland Penrose.
Lorsque sa rédactrice en chef, Audrey, lui demande d'écrire un article sur ses années avec Man Ray, Lee décide de raconter la vérité sur cette relation. Commence alors le récit d'une femme qui aimait un homme, d'une femme qui ne voulait plus être une muse, d'une femme qui avait soif de créer et de se réaliser.
Biographie romancée, fiction historique luxuriante et sensuelle, « L'âge de la lumière » est un premier roman vraiment enthousiasmant et dans lequel je me suis sentie investie émotionnellement jusqu'à la toute dernière page. Withney Scharer propose un voyage direct dans la tête de Lee Miller.
Dans l'ambiance décadente du Paris des années 1930, on découvre une femme déterminée à passer de femme objet à femme sujet, de sujet d'art à créatrice d'art.
Aux côtés de Man Ray, son pygmalion tumultueux et enivrant, elle connaitra l'amour fou et la trahison professionnelle.
Hasard des enchainements de lectures, « L'âge de la lumière » entre en résonnance avec « Miss Islande » de Audur Ava Ólafsdóttir terminé récemment. le lieu, l'époque et le style sont différents mais les deux autrices nous parlent de l'aliénation du désir artistique féminin. S'il est acceptable pour une femme d'être belle et de l'assumer, se revendiquer artiste, créatrice, est une autre paire de manches. Pour Lee Miller, pionnière de la photographie, il faudra sortir de l'ombre d'un homme pour accéder à la lumière.
Traduit par par Sophie Bastide-Foltz.
Ce roman brosse un portrait attachant de Lee Miller, qui fut tour à tour mannequin, photographe, voire actrice pour Jean Cocteau ... Femme passionnée par la photo, elle devient à Paris l'assistante puis l'amante de Man Ray, beaucoup plus âgé qu'elle. Leurs idées croisées, fulgurantes, leur font découvrir mille et un aspects de la photographie, sortant des sentiers battus. Lee Miller, qui a fui l'Amérique et sa famille, en quête de liberté, découvre petit à petit à Paris une vie riche de rencontres dans le milieu surréaliste, entre autres. Elle fréquente avec Man Ray les artistes les plus à la pointe des idées artistiques et littéraires .. C'est un état d'exaltation permanent que connaît Lee, pendant quelques temps. Mais son besoin de reconnaissance l'éloignera de Man Ray, qui finalement utilise le talent de Lee à son profit. Leur vie commune éclatera.
L'auteur n'adopte pas une narration tout à fait linéaire, puisqu'elle fait des aller-retours entre ces années 30, 1945 (année qui voit Lee Miller reporter de guerre pour le magazine Vogue) et les années 60-70. L'on perçoit ainsi l'évolution physique et morale de Lee Miller, femme aux talents multiples mais à l'âme fragile.
"L'Âge de la lumière" est un très beau récit, que l'on quitte à regret, et qui donne envie de se plonger ou replonger dans l'œuvre photographique non seulement de L. Miller mais aussi de Man Ray, et plus largement celles des surréalistes, tel Marcel Duchamp ou Dali. À lire donc !
Lee Miller. Il suffit de prononcer ce nom et les images fusent. Les siennes, devant ou derrière l'objectif, celles devenues célèbres, pour la beauté de Lee, pour son audace aussi. Lee Miller. On l'a souvent croisée dans des romans, des films mais je n'ai pas souvenir d'elle en tant qu'héroïne à part entière. Il y a là pourtant une matière romanesque incroyable pour un écrivain, encore faut-il parvenir à s'en saisir dans toute sa complexité. Je pense que c'est ce qu'a réussi à faire Whitney Scharer, totalement imprégnée du parcours de son héroïne et qui compose un roman kaléidoscope, jouant avec les temporalités pour fragmenter la vision d'une artiste, une femme volontaire et tourmentée, fragile et engagée.
Pour cela, l'auteure centre son histoire sur les mois d'apprentissage et d'éclosion dans le Paris de 1929, le Montparnasse des surréalistes, celui de Kiki et de Man Ray. Lee Miller ne sait pas vraiment ce qu'elle veut faire, à part être artiste. Elle a quitté les États-Unis après une belle carrière de mannequin chez Vogue pour s'installer à Paris et peindre. Elle est habituée à poser depuis sa plus tendre enfance, photographiée par son père, et si elle trimballe un appareil photo, elle n'a pas encore imaginé s'en servir. Cela vient petit à petit, et c'est sur Man Ray qu'elle jette son dévolu pour apprendre. Lui est alors un portraitiste très recherché, gravitant dans un milieu artistique et intellectuel inconnu de Lee. Elle devient son assistante, puis sa muse et sa maîtresse. Une relation passionnelle qui deviendra problématique lorsque l'élève se démarquera de la tutelle du maître et que la femme affirmera son indépendance et son désir de liberté. Une relation qui mêle désir amoureux et apprentissage artistique entre deux êtres aux cultures et aux références très différentes, sans compter la différence d'âge et de vécu. Chez Lee, il y a un terrible traumatisme d'enfance et chez Man, un comportement de génie égocentrique. Forcément explosif.
Mais ce qui emporte dans ce roman, c'est la richesse de la trame narrative. Il y a d'abord cette plongée dans les milieux artistiques et intellectuels avec des personnages plus vivants que nature et rendus d'autant plus accessibles qu'ils sont observés avec les yeux de Lee, d'abord impressionnée, parfois admirative et d'autres plus perplexe. Surtout lorsque les discussions sur l'art tournent au manifeste et ennuient la jeune femme, beaucoup plus instinctive. "... peut-être que ce ne sont pas tant les idées qui sont fausses, que le fait qu'elle ne croit pas que l'art ait toujours besoin d'un message pour être compris. Les créations de Man qu'elle préfère sont celles qui n'ont nul besoin d'explication ou de contexte, celles dont la contemplation provoque une émotion en elle". Nous suivons pas à pas l'évolution de Lee, à la fois vis à vis de cet art qu'elle finira par s'autoriser à exercer, et surtout par rapport à son désir de liberté, d'émancipation de la tutelle des hommes, celle de son père, puis celle de Man plus proche de l'âge de son père que du sien. Son parcours passe par l'expérimentation, la transgression, loin des images sur papier glacé même si elle ne perd jamais le contact avec Vogue. C'est pour le magazine qu'elle partira avec l'armée américaine et photographiera la libération des camps dont elle ne se remettra jamais.
La liberté semble avoir un prix. L'auteure dessine le portrait d'une femme sur le fil, dont l'alcool est le compagnon de toujours, sorte de carburant qui donne du courage et offre quelques heures d'oubli. Et Lee a pas mal de choses à oublier, depuis trop longtemps. En mettant régulièrement en correspondance les moments clé de cet apprentissage et des scènes plus tardives dans le parcours de Lee, l'auteure donne une force supplémentaire à sa démonstration et offre un roman aussi captivant que le destin de son héroïne. J'avoue que je ne l'ai pas lâché, fascinée autant par la femme que par l'immersion proposée par Whitney Scharer. Une jolie réussite.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Clic-clac, défilé de mode. Clic-clac, dans un fumoir d’opium. Clic-clac, dans une chambre noire. Clic-clac, une rue à Paris. Clic-clac, des lèvres charnelles. Clic-clac, une femme dans la guerre. Clic-clac, une femme amoureuse. Clic-clac, un homme amoureux. Clic-clac, une liberté d’émancipation. Clic-clac, deux corps pour un soir. Clic-clac, une séparation. Clic-clac, une biographie romancée magistrale.
Par la voix du roman, Whitney Scharer retrace la relation entre Lee Miller et Ran May, une relation un peu à la « si je t’aime, prends garde à toi », tant leurs corps se fusionnaient mais leurs talents étaient épris de liberté et de reconnaissance ; avec une muleta de la jalousie agitée par Man Ray pour imposer sa patte et son empreinte.
La construction du récit est simple : il commence une dizaine d’années avant le décès de la photographe dans sa maison du Sussex avec son mari Roland Penrose. L’invitée est l’éditrice de Vogue, Audrey Withers, qui soumet à Lee le projet de raconter son histoire avec Ran, sinon, le contrat qui lie la photographe au journal va être modifié… Débute alors la narration de la relation du couple Miller/May jusqu’à leur séparation au début des années 30. Avec seulement quelques chapitres intercalés qui narrent la correspondante de guerre qu’elle fut aux côtés de David Sherman, dont un pour remettre en mémoire la célèbre photo de Lee Miller, nue dans la baignoire d’Adolf Hitler dans sa maison de Munich le 30 avril 1945, jour du suicide du dictateur du III° Reich.
Mannequin, la jeune et superbe Lee ne songe qu’à devenir photographe lorsqu’elle arpente l’asphalte parisien à la recherche de fonds pour vivre. Elle fait quelques connaissances qui vont la mener dans le milieu surréaliste (qui lui correspond totalement) et croiser le chemin du photographe déjà en vogue (sans jeu de mots) Man Ray. Il accepte de la prendre comme assistante et progressivement un désir ardent brûle à l’intérieur de cette femme en admiration devant le travail de son ainé. L’amour fait son apparition, entraîne les amants dans des tourbillons d’ivresse mais le machisme est dans son état endémique et Lee va se rebeller. Belle et rebelle.
Le regard de Whitney Scharer porte le lecteur dans les coulisses du surréalisme, ouvre l’objectif sur André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon, Claude Cahun, dévoile les coulisses de la rencontre avec Jean Cocteau pour le film « Le sang d’un poète » et apporte quelques retouches irréels dans cette France en crise mais où les excès étaient source de création.
L’invitée spéciale de cet « Âge de la lumière » est la sensualité, une sensualité sans tabou mais avec un érotisme à fleur de peau, à l’image certainement de Lee Miller qui depuis son enfance s’est habituée à jeter tout voile, à donner son corps aux autres. La nudité lui a été volée, sa féminité prise, bafouée. Elle en souffrira toute sa vie et alternera le rôle de l’amante à la fois soumise et dominatrice. Corps et volupté, corps et jouissance mais également corps et souffrance.
L’écriture est un diaphragme qui varie subtilement les ombres et les lumières, les détails et l’imaginaire, la réalité et la fiction. Et ainsi, l’auteure met en lumière le destin d’une femme engagée, créatrice (qui est à l’origine du procédé de solarisation récupéré par Ran May), voulant voler de ses propres ailes dans un univers où le masculin l’emporte mais qui saura faire preuve de ténacité et d’audace. Même si les blessures ne se refermeront jamais, elles ne cesseront d’ailleurs de s’ouvrir davantage face à des amours impossibles et à l’immersion dans la cruelle et sanglante Deuxième Guerre mondiale.
Le poids de la prose pour le choc d’un portrait.
Blog : https://squirelito.blogspot.com/2019/08/une-noisette-un-livre-lage-de-la.html
Magnifique chronique qui me replonge dans le texte. Fine analyse du personnage de Lee Miller.
Ce roman raconte la vie romancée de Lee Miller une jeune américaine qui a été mannequin chez Vogue à New York dans les années 20 avant de venir à Paris débuter comme photographe. Là elle aura pour professeur Man Ray, figure du surréalisme avec André Breton… Mais la promiscuité de la salle de développement les rendra amants. Elle sera son élève, sa muse, sa passion destructrice, sa rivale.
Le roman commence en 1966 alors que Lee Miller semble particulièrement « détruite », en proie à l’alcoolisme et à la dépression. Cette amorce est efficace dans le sens où tout le long du roman je me suis demandé comment le fossé entre ces deux visions de Lee Miller serait comblé… Cela a introduit ainsi un certain suspens.
J’ai été intéressée et séduite par ce roman qui est très bien romancé dans une écriture facile, précise et concise, légère et entrainante. Comme une promenade au fil de l’eau, j’ai aimé me plonger dans le Paris glamour des années 20 /30, redécouvrir cette époque si riche et si intense, en particulier les artistes surréalistes. Et j’ai frémi devant les ombres de la guerre.
J’ai aussi appris beaucoup sur la photographie qui est un art bien plus complexe et complet que je ne le pensais : l’art de la lumière.
Petit bémol, j’ai regretté le trop grand nombre de passages sur les ébats passionnés des deux amants. De même, je trouve certaines longueurs à ce roman. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture que je recommanderai donc.
Les explorateurs de la rentrée littéraire
Séduite déjà par la magnifique couverture, je sors de ce roman enchantée, par l’écriture simple et entraînante ; par le récit de la vie palpitante de l’héroïne, Lee Miller. Ce roman est en fait la biographie romancée de cette artiste méconnue, du moins mal connue. On connait bien plus le nom de son compagnon de l’époque ici évoquée (les années 29-30) Man Ray, photographe, peintre, artiste proche du surréalisme aux côtés de qui elle va évoluer et se découvrir.
Jeune américaine, Lee Miller vient à Paris pour fuir New York et son métier de mannequin, pour recommencer sa vie. Elle va rencontrer Man Ray, déjà célèbre dont elle devient l’assistante, puis elle va lier vie professionnelle et vie personnelle. Aux côtés de cet artiste, elle va s’ouvrir au monde de la culture à Paris, au Surréalisme, où elle va croiser Paul Eluard, Tristan Tzara, et se balader des réunions du groupe aux cabarets.
Ce roman lie donc ces grandes thématiques : l’art, l’amour et l’amour de l’art. Lee Miller s’intéresse surtout à l’art de la photographie, dans lequel son compagnon excelle. A deux, ils s’épanouissent au point de créer des techniques, et notamment la solarisation. Je n’ai pas pu rester insensible à cet éloge de la photographie. J’ai voulu découvrir les œuvres décrites dans le récit, celle de Man Ray mais surtout celle de Lee. Un des objectifs de Whitney Scharer, l’auteure est donc atteint.
Mais c’est aussi le destin d’une femme libre. Lee Miller va vouloir s’affranchir de son compagnon, pour exister par elle-même, à travers son art ; elle va aussi se tourner vers le cinéma avec une autre rencontre importante dans sa vie, celle de Jean Cocteau. Le récit nous plonge ainsi en pleine exploration de la période surréaliste où foisonnent les idées et les artistes. Touche-à-tout, passionnée par la photo, Lee Miller continuera son chemin de photographe après cette partie de sa vie. On le sait dès le début du roman puisque des insertions dans ses souvenirs de reporter de guerre ponctuent son évolution.
Je conseille ce roman, un roman complet qui oscille entre roman historique, biographie et roman d’amour et qui offre aussi un portrait de femme moderne, libre et indépendante. Je confirme donc mon sentiment à la page 100, le récit de la vie de cette femme m’a enthousiasmée tant Lee Miller a eu une vie pleine et passionnante.
- Avis à la page100 :
Je suis impatiente de continuer cette lecture et de découvrir la vie, qui semble passionnante de Lee Miller, jeune américaine débarquée à Paris en 1929.
La Lee Miller des années 1966, du prologue m’a émue : cette femme retranchée dans sa cuisine reculée du Sussex, en Angleterre semble perdue, confrontée à ses démons intérieurs.
L’exigence de son amie Audrey Withers, aussi sa rédactrice en chef, de raconter sa vie avec Man Ray enclenche le récit de ses souvenirs. Des souvenirs qui nous entraînent de Paris dans les années 20-30 à Londres pendant la seconde Guerre Mondiale ; de sa rencontre avec Man Ray, photographe reconnu à son investissement personnel en tant qu’assistante, et photographe de guerre.
Le récit de la vie de cette femme m’enthousiasme tant Lee semble avoir eu une vie pleine et passionnante. Je retourne à la lecture !
L'avis de la page 100 - Explorateurs de la rentrée littéraire 2019
Lee Miller vient de rencontrer le célèbre Man Ray, et rêve d'être son élève. Pas facile de convaincre ce dernier de lui enseigner la photographie telle qu'il la vit, mais la demoiselle a de la constance !
Je suis pour le moment plongée dans une ambiance séduisante et entraînante, et le prologue, qui se déroule en 1966, me fait me poser pas mal de questions.
Je ne saurais dire, après 100 pages, si ce roman me plaira ou non. Cela dépendra, je pense, de l'évolution des personnages... mais je suis intriguée !
** Avis après lecture **
Paris, fin des Années folles.
Dans un bistrot non loin de son hôtel, la jeune et belle Lee Miller attire l’attention d’un groupe d’amis qui dîne à la table voisine de la sienne. Lee a vingt-deux ans, du rêve plein la tête, et une impertinence qui colle à merveille avec le Montparnasse de l’époque – le quartier est un des hauts lieux culturels de la capitale. Suivant ses compagnons de soirée, Lee fait une rencontre qui changera sa vie.
« Je suis Man Ray », se présente-t-il, « comme s’il était impossible qu’elle n’ait pas entendu parler de lui […]. » Elle en oublie l’appareil photo qui ne la quitte jamais… et fait appel à lui pour essayer de le retrouver. Un lien se tisse entre les deux artistes, celui que déjà on encense et l’apprentie, prête à tout pour passer derrière l’objectif, qui ne saurait se cantonner au rôle de muse. Après son prologue qui nous entraîne en 1966, en Angleterre, L’Âge de la lumière commence par surprendre. On y découvre Lee Miller métamorphosée, vieillie, bien sûr, mais pas seulement. Quelque chose s’est passé en elle, comme si la flamme s’était muée en ressentiment. Rédactrice pour le célèbre magazine Vogue – elle se « passionne » désormais pour la cuisine et écrit sur l’art de recevoir – Lee se voit plus ou moins forcer la main par sa chef de rendre un article sur sa vie avec Man Ray. Ce sera à une condition : que ses propres photos soient prises pour illustrations.
Voyage dans le temps, à l’aube des années 1930. Une atmosphère de fête, de débauche, où toutes les rencontres semblent possibles, dans les veillées aux airs de bouges, qui fleurent l’avant-gardisme. Car ce roman est avant tout une ambiance. Bohème, presque exotique, on y côtoie du beau monde, ceux qui se proclament comme tels et ceux qui veulent en faire partie. Mélancolique aussi, parfois, dans les désillusions que taisent les personnages. Malheureusement, je n’ai pas réussi à me laisser entraîner par Lee Miller. La sensibilité des artistes ne m’a pas « parlé ». Si l’existence de Lee a été mouvementée, éprouvante, ses sentiments et ses ambitions mises à mal, c’est une femme qui m’a paru fermée, entêtée, quelquefois trop égocentrique. Il m’a manqué, en elle, de la chaleur humaine, des coups d’éclat – qui pourtant la rongent au fil des ans.
Lee Miller et Man Ray n’ont que peu de marge d’évolution. Peut-être est-ce leur histoire qui veut ça : prenez n’importe quelle relation torturée entre deux êtres qui vivent chacun dans leur monde, vous y trouverez des similitudes. Mais j’attendais plus de personnalités aussi passionnées, habitées. Plus de panache. D’audace dans la narration. Ce roman est empreint de simplicité et d’une certaine élégance, les descriptions sont entraînantes, le contexte social et historique bien retranscrit, mais l’ensemble est fade à mon goût. Je me suis contentée de faire partie du décor, sans cette impression – qui m’est chère – d’avoir « connu » les personnages, et je le regrette, car le destin hors norme de Lee Miller aurait pu m’embarquer bien plus loin.
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Merci beaucoup Stéphanie. Que j'ai aimé ce livre, cette façon de mettre justement en lumière cette femme belle et rebelle.