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Île d'Ouessant, années trente. Quand la nouvelle arrive que son mari cap-hornier a péri dans un naufrage, la laissant démunie avec son jeune enfant, Marie-Jeanne Malgorn refuse d'y croire. Elle est persuadée qu'il s'est laissé enlever par une de ces sirènes dont parlent les légendes, une Morgane, à laquelle il est encore possible de l'arracher. Elle se tourne vers Malgven, la vieille rebouteuse, qui lui fait sacrifier un agneau dans le temple des anciennes druidesses. Si la Morgane le laisse revenir, Jean-Marie sera là d'ici la Toussaint, prophétise la sorcière. La vie est dure sur l'île battue par les vents. Malgré le poids de la solitude, Marie-Jeanne se refuse à Yves, l'aubergiste, passionnément épris d'elle, mais laisse un nouveau venu, délicat et rêveur, en mission d'observation ornithologique, la distraire de son deuil. Fascinée par l'homme de science, Marie-Jeanne n'oublie pas que Jean-Marie pourrait à tout moment surgir. Pourtant, à mesure que se rapproche l'échéance fixée par Malgven, de quel espoir est rempli son coeur ?
Édouard Brasey est un écrivain boulimique. A la tête d’une œuvre déjà impressionnante, il publie vaillamment un livre après l’autre. La Sirène d’Ouessant, parue en mai 2014, mérite toutefois le détour. Certes, dans un pays où on aime bien cataloguer les gens, on pourrait le ranger dans la catégorie souvent dénigrée des auteurs régionaux ou régionalistes, mais ce serait d’une part faire peu de cas d’auteurs qui ont souvent donné le meilleur de la littérature en ancrant dans leur terroir des histoires universelles et d’autre priveraient les lecteurs d’un récit qui mêle habilement le thriller aux légendes bretonnes.
Marie-Jeanne Jézéquel, orpheline de dix-sept ans, croit pouvoir arrêter la spirale des malheurs qui s’abattent sur elle en épousant Jean-Marie Malgorn. Maintenant qu’elle a fondé une famille, s’est installée dans une petite maison de l’île, elle espère trouver sa place au sein de cette rude communauté de marins et de pêcheurs.
Mais le destin en a décidé autrement. L’annonce de la disparition en mer de son mari est un tel choc qu’elle décide de ne pas croire tous ces oiseaux de mauvais augure.
Pendant des jours, elle attend le retour de son homme. Ne se résignant pas, elle décide de faire appel à la sorcière qui lui promet un message de son homme d’ici à la Toussaint. L’attitude de la veuve ne lui vaut que le mépris des Ouessantins et la méfiance du Père Loïc. Seul Yves, le propriétaire de « La Duchesse Anne », essaie de la consoler et de venir en aide à la jeune mère. Mais son aide n’est-elle pas intéressée ?
Quand un ornithologue vient procéder à des relevés, Marie-Jeanne voit à nouveau un coin de ciel bleu sur cet Enez Eusa, « l’île de l’épouvante », comme on appelle encore Ouessant. Mais encore une fois, la tragédie viendra frapper à la porte.
Une solide documentation et une plume habile donnent au roman la dimension d’un conte tragique. https://collectiondelivres.wordpress.com/
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