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Dans les dernières années de la vie de Mao Tsé Toung, il fut décidé d'écarter des scènes théâtrales les opéras vieux de plusieurs siècles, au motif qu'ils véhiculaient des schèmes féodaux et faisaient obstacle, dans les mentalités, à l'émergence d'une humanité nouvelle conforme aux principes du communisme. Ce fut " la réforme de l'opéra de Pékin ".
Année 1996. Jeune universitaire lettré gravitant autour des cercles du pouvoir, le narrateur a pris part à cette réforme et raconte son histoire ; il est alors, depuis vingt ans, en marge de la société, s'étant trop compromis pendant la Révolution culturelle pour avoir pu continuer à jouer un rôle quelconque sous la présidence de Deng Xiaoping. Il vit reclus dans un rêve obsidional et solitaire : celui d'être redécouvert et reconnu comme un acteur génial et secret de la Révolution culturelle, cette période sur laquelle, aujourd'hui encore, l'historiographie chinoise officielle a tant de peine à se pencher.
Maël Renouard, né en 1979, est un philosophe, écrivain et traducteur français. Ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de philosophie, il a notamment traduit Nietzsche, Joseph Conrad, Arthur Schnitzler. Il fut aussi de 2009 à 2012, la plume de François Fillon en tant que qualité de conseiller technique chargé des discours. Il rédigea notamment des allocutions pour des remises de décorations diverses.
Contre toute attente, le prix Décembre a été attribué à un tout petit livre (une nouvelle de 60 pages à peine), publié dans une édition de poche et jusque-là passé complètement inaperçu.
Ne soyez donc pas étonné si vous n'avez jamais entendu parler de ce livre (avant l'obtention du prix Décembre) puisque aucune critique n'a été rédigé sur celui-ci dans la presse.
L'histoire en elle-même ne m'a pas vraiment captivé : le narrateur (un chinois prof de littérature à l'université de Beida) recruté en 1966 lors de la révolution culturelle par l'un des membres de la bande des Quatre, Yao Wenyuan (un critique littéraire) est chargé d’écrire des "opéras modèles" d'un genre nouveau plus proche du peuple, où les ouvriers, soldats et autres paysans seraient au cœur de l’histoire.
Hélas bien qu'il se soit beaucoup investi dans cette mission, ses œuvres tombent dans l'oubli et il espère qu’elles soient reconnues à nouveau. Cet homme de lettres rêvait donc de gloire durant cette période majeure (la révolution culturelle) de l'histoire de la Chine.
Le sujet possède indéniablement une jolie portée symbolique. Cependant, l'écriture très froide et à la précision historique minutieuse gomme la majeure partie de l'émotion qui aurait pu s'en dégager, lui donnant un côté un peu raide. Sûrement l'auteur a-t-il eu un peu de mal à se débarrasser de la raideur obligée de ses travaux universitaires mais surtout des discours qu'il écrivait pour François Fillon lorsqu'il était premier ministre. Cette nouvelle (ah, pardon, roman!) ne m'a donc pas totalement convaincu. Mais félicitons tout de même Maël Renouard qui a des chances d'entrer dans le livre Guinness des records avec ce prix.... Je n'en dirai pas plus, sinon je risque de faire plus long que le livre !
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