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Sortons un peu... Faisons connaissance avec libraires et bouquinistes ! N'y-a-t-il meilleure expérience que ce face à face, ce moment sensoriel, visuel, oral, autour de cet objet incomparable qu'est le livre ?
Maël Renouard nous promène dans les librairies qui ont marqué sa vie (nous mettrons de côté son côté prétentieux pour nous concentrer uniquement sur les lieux et les livres), certaines ayant disparu, d'autres encore là, avec parfois un autre propriétaire.
Il évoque donc les livres et pourquoi certains ont laissé une trace dans sa mémoire, une empreinte où s'entremêlent lieux, personnes et contenus des lectures;
Ainsi il nous invite à partager cette expérience de la librairie et qu'elle devienne, à chacun de nos passages, notre propre histoire. Car, qu'il soit roman, essai, poésie, théâtre, le livre nous construit : de cette expérience par procuration (c'est-à-dire ces vies, ces joies, ces drames, ces voyages, ces moments, ces leçons, ces apprentissages, ces connaissances) offerte par le livre, c'est notre propre être qui se découvre, s'éclaire.
Alors moi, je vous propose de regarder votre bibliothèque : voici votre vie, votre existence, vous... qu'en pensez-vous ?
Quand on a été choisi comme condisciple du prince héritier au collège royal, on pense occuper plus tard de grandes fonctions, comme un ministère... C'est ce que croit Abderrahmane Eljarib.
Hélas, quand le prince devient le roi Hassan II, le jeune homme est exilé sur la frontière sud qui sépare le royaume d'une région encore occupée par l'Espagne. Peut-être parce qu'au collège il avait laissé gagner le futur roi aux échecs et s'en était vanté auprès d'autres camarades ?
Après de longues années, alors qu'Abderrahmane pense qu'il finira sa carrière sur la frontière, il est rappelé au palais royal pour être nommé historiographe du royaume, une fonction que Racine occupa auprès de Louis XIV et Voltaire auprès de Louis XV. C'est dire...
S'inspirant des Mille et Une Nuits et des Mémoires de Saint-Simon, Maël Renouard nous fait vivre trente ans d'histoire du Maroc, des prémices de la décolonisation jusqu'à la mort du roi Hassan II. Il n'occulte pas la dureté du régime, ni ne cache les tentatives de renversement qu'il subit, mais sans se prononcer sur où étaient la poule et l'œuf... N'allez pas y chercher des coupables ; on n'est ni dans l'histoire, ni devant la justice. Ce n'est qu'une narration, qui se veut très factuelle.
L'écriture de l'auteur, que je ne connaissait pas, est riche, et nécessite donc un minimum de concentration pour être appréciée.
En synthèse, un livre très bien écrit, qui éclaire d'un certain jour trente années d'histoire du Maroc, mais qui fait peut-être preuve d'un peu trop de pudeur sur le manque d'humanité du régime...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2021/02/01/lhistoriographe-du-royaume-mael-renouard-grasset-brillante-traversee-de-30-ans-dhistoire-marocaine/
Maël Renouard convie le lecteur à suivre Abderrahmane Eljarib des années 50 jusqu'à nos jours. Abderrahmane est le narrateur dans ce récit à la première personne. D'origine modeste, il est choisi dans sa jeunesse pour intégrer le Collège royal et suivre ses études dans la classe du futur roi du Maroc Hassan II. En général, cet honneur permet par la suite une carrière prestigieuse dans les sphères du pouvoir. Toute la vie du narrateur va donc dans la suite du récit être exposée au lecteur avec plusieurs séquences qui s'enchaînent. Le narrateur va toujours avoir pour objectif de plaire au souverain avec plus ou moins de réussite ce qui va entraîner une succession de phases de "grâce et de disgrâce".
Une chose est certaine, ce roman ne laissera pas indifférent. Une première raison, l'écriture de Maël Renouard. Waouh, quel talent de conteur. La qualité littéraire de ce roman est indéniable et j'ai pris un vrai plaisir à parcourir ces lignes.
Au-delà de la grande qualité de la plume de l'auteur, le fond du récit est également très intéressant. C'est tout d'abord un voyage dans l'histoire du Maroc, on part du protectorat et puis on va traverser toute la phase d'instabilité des années de plomb avec notamment la tentative de coup d'état militaire en 1971. C'est très instructif même si l'on peut un peu s'y perdre lorsque l'on ne connaît pas l'histoire du Maroc. C'était mon cas, la lecture m'a donc appris pas mal de choses et m'a poussé à aller jeter un œil sur quelques sources pour avoir un peu plus de détails sur l'histoire de ce pays.
Par ailleurs, ce roman se veut aussi une réflexion intéressante sur l'exercice du pouvoir dans ce pays et son évolution à travers le temps. L'exercice du pouvoir mais pas seulement, l'auteur explore aussi les relations des tiers avec le roi. Le désir de plaire constamment, les jeux de pouvoirs et les rivalités pour se faire une meilleure place aux côtés du souverain, la peur de côtoyer les mauvaises personnes aux yeux du souverain, de placer une parole malheureuse, l'adaptation à des tâches que le narrateur se voit confier pour des raisons parfois absurdes. Le roman va assez loin sur l'étude de ces relations particulières.
Le narrateur est bien développé, ses réflexions très intéressantes et sa vie dans ce contexte historique est vraiment passionnante à suivre. Je n'ai par contre pas vraiment réussi à me plonger dans la peau du personnage, à ressentir ses émotions, le style bien que de grande qualité peut rester un peu froid, distant et il n'est donc pas forcément aisé de s'immerger vraiment aux côtés de ce personnage.
Pour autant, c'est un roman de très grande qualité, très instructif. J'ai vraiment découvert une grande plume et je recommande fortement cette lecture. Bravo et merci à l'auteur pour ce moment de lecture de grande qualité !
Ma note : 4,5/5
Historiographe du roi : que vient faire un poète en politique ? Si Racine et Voltaire ont tenu ce rôle auprès de Louis XIV et de Louis XV, on a le sentiment que le second est plus présent que le premier dans cette fresque éternelle des ambitions et des calculs. Le personnage du savant qui murmure à l'oreille du prince est aussi fascinant (sa culture est immense, la maîtrise de ses sources époustouflante) qu'agaçant (vaniteux, hypocrite, flatteur et parasite : le courtisan par excellence). C'est une femme qui lui rappelle que l'exercice du pouvoir est au service du bien commun, et qui l'éloigne de la cour avant qu'il en subisse tout à fait les effets pervers.
Maël Renouard, Normalien, agrégé de philosophie, s'est servi de son expérience de conseiller culturel à Matignon pour raconter avec beaucoup d'humour les illusions et désillusions d'un intellectuel en politique ; mais son roman marque une éclatante revanche de l'intellectuel sur le politique. Car son livre donne une furieuse envie de relire "Sertorius" de Corneille, "Bérénice" de Racine, les "Mémoires" de Saint-Simon et "Zadig", ou encore "Les Lettres persanes", à défaut des "Mille et une nuits." Finalement, l'historiographe s'efface derrière l'écrivain, car si on se souvient de Racine et de Voltaire, ce ne sont pas leurs travaux d'historiographes qui nous retient, mais bien leur oeuvre littéraire. Le pouvoir de l'écrivain dépasse celui du politique.
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