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Dans des villages espagnols des années 30, trop isolés pour qu´un instituteur y fût nommé, les maîtres d´école étaient recrutés par des villageois au moment des foires. Ils avaient un salaire mais prenaient leurs repas chez les habitants qui les recevaient à tour de rôle. On les appelait catapote, « pique-au-pot ». La Nuit féroce se déroule à cette époque, dans un de ces villages au nom étrange. Le maître d´école est invité à partager une table dans une des maisons du lieu. Mais le terrible meurtre d´une jeune fille fige cette scène et libère la brutalité qui sous-tend ce bourg perdu lorsqu´un groupe d´hommes part à la chasse au meurtrier. Deux innocents fuient, bientôt persécutés par la colère aveugle. Un mal profond, enraciné dans le passé, irréfutable et impassible, gouverne le temps et l´espace dans ce conte noir et métaphysique aux résonances de tragédie grecque.
Par cette nuit féroce de l’hiver 1936, une chasse à l’homme s’organise dans un petit village des Asturies en Espagne. Dans le rôle de la proie : le ou les assassins d’une fillette ; et dans celui des chasseurs : le curé du village et quelques paroissiens. Quelques heures plus tôt, l’un de ceux-ci avait reçu à sa table Homero, surnommé le « pique-au-pot », comme tous les instituteurs de village payés par les habitants eux-mêmes, et invité chaque soir dans une famille différente pour y partager un frugal repas. Frugal, car à l’aube de la guerre civile, les temps sont durs et les paysans sont pauvres, à l’exception du notable du lieu, Irizábal, propriétaire d’un grand domaine.
Alors que Homero est rentré chez lui et que la battue a commencé, deux étrangers perdus et affamés frappent à sa porte. Homero les accueille le temps de les laisser avaler un croûton de pain, avant de leur conseiller de se cacher dans la forêt. Il est clair que ces deux-là n’ont rien à voir avec le meurtre odieux de la petite fille, mais il est tout aussi évident qu’ils seront désignés coupables par le village avide de vengeance. L’issue de cette nuit cruelle semble inéluctable et tant Homero que Irizábal sont impuissants à endiguer le flot de haine. La tension monte, révélant la brutalité des chasseurs. Celle du curé, en particulier, auto-érigé en justicier impitoyable et despotique. L’ambiance est à l’oppression et au mystère, le mal est partout.
« La nuit féroce » est un très court roman, un peu étrange, une fable pleine de noirceur, d’un auteur (et d’un éditeur) que je ne connaissais pas. La découverte est intéressante mais pas totalement convaincante, en raison d’un style un peu trop pompeux et de personnages proches de la caricature, et d’un goût de trop peu : j’aurais aimé que le passé de Homero et la psychologie des personnages soient davantage développés.
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