Une bibliothèque idéale non pas éternelle mais actuelle !
«Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; il connaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude, fasciné par ce tas de mousseline blanche qui tombait du plafond sur un corps moins visible qu'une ombre, et d'où sortait seulement ce pied à demi incliné par le sommeil, vivant quand même - de la chair d'homme.»
Une bibliothèque idéale non pas éternelle mais actuelle !
Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce roman. Heureuse de l'avoir découvert durant mes études, une analyse de l'incipit qui m'a intriguée, j'avais hâte de me plonger dans ces pages.
C'est indéniablement un grand roman. Une écriture puissante, des personnages forts.
Mais je n'ai pas du tout accroché à l'histoire. Cette révolte, toute cette brutalité et cette fureur ne m'ont pas atteinte. Je suis restée en retrait. Je n'ai sans doute pas les connaissances nécessaires pour avoir pu en apprécier toutes les nuances.
Quel donc était le pouvoir de Malraux pour, à ce point, fasciner et façonner l’esprit du public découvrant son analyse de la ‘Condition humaine’ ? Certes, Malraux a développé une écriture descriptive capable de faire vivre ce qu’il prétend nous faire découvrir. Mais, champion de la complexité, pour le commun des mortels, sa vision rigoriste de l’homme qui ne peut exister qu’en sublimant une cause qui le détruira est, à mon sens un non-sens de la condition humaine. La lutte des communistes chinois qui seront appelés à suivre le dictat du communisme soviétique et d’aller droit à leur perte n’est pas, à mes yeux, une promotion de la condition humaine et certainement pas de sa dignité.
Si la condition humaine est de souffrir pour devenir un homme, si hors de la souffrance il n’y a pas d’existence profonde de l’être, à quoi bon vivre ?
Malraux, qui ne cachait pas son parti pris pour le monde communiste d’alors, curieusement développe la même doctrine de la méritocratie qu’utilisait l’Eglise pour justifier la souffrance, digne chemin d’accès pour mériter d’être sauvé. Est-ce là la condition humaine ? Je ne peux, ni ne veux l’accepter. L’Homme est bien au-dessus de ce devoir de souffrance.
Cinquante ans après avoir dû lire ce bouquin pour un professeur de français qui aimait se laisser croire de gauche, j’éprouve, à sa relecture, le même dégoût pour l’œuvre. Je n’accepte pas une telle finalité pour l’Homme et la violence bestiale de tous les régimes, tous axes confondus, qui utilisent les hommes comme des armes de combat qui, une fois la lutte terminée, se transforment eux-mêmes en armes d’autodestruction massive.
Relire ce Goncourt 1933 est inutile. Il ne nous apporte pas une compréhension claire de la situation de l’époque tant Malraux y multiplie les métaphores, les raccourcis et les sous-entendus.
En réduisant l’homme à la violence dont il doit faire preuve pour advenir, il ne nous offre pas une alternative positive à la création de notre condition humaine.
Ce livre est devenu plus que poussiéreux. Qu’il retourne à la poussière !
Un grand classique, qui pose Les Grandes Questions humanitaires.
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