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Dix ans après L'Invitation à la valse, Olivia a divorcé, mûri, quand son chemin recroise celui de son premier amour. Cèderont-ils à leur passion commune ? Dans ce second volet des aventures d'Olivia Curtis, l'émotion, l'invitation à l'amour, les vertiges de la liberté sont toujours là, mais avec une tonalité plus grave, plus profonde.
En effet, pourquoi faire tant d'histoires ? Une petite fêlure, un malentendu regrettable, oublié maintenant. Il ne faut rien exagérer.
Avec une douce insistance, il répétait :
-; Nos gentils petits déjeuners, ils me manqueraient, savez-vous...
Et à moi donc ! Ils étaient charmants.
-; Et nos promenades...
Ah ! oui, nos promenades... elles étaient charmantes. Pourquoi pas un déjeuner, une promenade, par-ci, par-là, discrètement, quand il en aurait envie ? Tout cela était charmant.
Londres, 1930. Dans le train qui la ramène chez ses parents, Olivia Curtis reconnaît immédiatement Rollo Spencer, frère de sa camarade d'enfance Marigold, mais elle hésite à lui adresser la parole. Le riche fils de Lord Spencer a épousé la brillante Nicole, elle-même s'est mariée avec Ivor puis l'a quitté en dépit de la réprobation muette des siens et vit maintenant seule à Londres dans une situation financière précaire.
C'est Rollo qui fait les premiers pas, qui renoue avec entrain les liens d'autrefois -; et Olivia se laisse reprendre par la fascination qu'exerçait naguère sur elle la famille Spencer. Alors que Rollo souhaite la revoir, alors qu'il dit l'aimer, comment pourrait-elle résister ? Elle sait bien pourtant que rien d'autre n'est possible entre eux que la clandestinité, les coups de téléphone en cachette, les chambres d'hôtels anonymes...
Malgré tout ça, elle se lance. Avec lucidité mais avec aussi cet espoir fou de voir ses rêves de jeunesse se réaliser et l'amour s'offrir à elle.
Intempéries de Rosamond Lehmann
Traduit par Jean Talva
J’étais pressée de retrouver Olivia après l’invitation à la valse et c’est 10 ans après qu’on la retrouve, métamorphosée, ayant perdu ses rondeurs, carburant à la cigarette, elle est mariée mais vit séparément. Elle a gardé son gout pour l’écriture et sa lucidité pour s’interroger sur son époque.
Elle est appelée au chevet de son père. Dans le train, elle rencontre le jeune homme qui l'avait charmée lors du bal de ses 17 ans, devenu un homme d'affaires, Rollo, qui est, lui aussi, marié.
Leur liaison va commencer timidement et se poursuivra passionnément. Ce sont les tourments d’Olivia qu’on va suivre, les tourments dans cette relation mais aussi des questionnements sur son positionnement en tant que femme, séparée, amoureuse, n’ayant pas d’enfant au milieu de la bourgeoisie anglaise où elle est surveillée, jugée, aux cotés d’une soeur qu’elle adore et qui est le modèle même de la femme “aux normes” : mariée avec quatre enfants.
Déchirée entre sa volonté de vivre pleinement cet amour, même avec un homme marié, son envie de liberté et sa réticence face aux conventions de l’époque, celle de la bonne société, Olivia sait garder le cap et ne pas se faire écraser.
J’ai aimé toute l'ambiguïté de cette héroïne aux pensées modernes, un peu coincée dans son époque mais passionnée. Une Une héroïne solitaire dans ses réflexions mais qui a une vie mondaine bien marquée. Elle refuse une vie basée sur les conventions.
Tout cela orchestré par la plume délicate de l'auteure offre un beau dépaysement.
J’étais tellement triste de devoir quitter Olivia et Kate à la fin de L’invitation à la valse que j’ai immédiatement enchaîné avec Intempéries. Dix années ont passé, les deux jeunes filles se sont mariées, Kate est mère de quatre enfants. Dès le début, on comprend que du côté d’Olivia, les choses sont peut-être moins simples. Un appel de sa mère lui apprenant que son père est alité et souffre d’une pneumonie, la voilà quittant Londres pour retourner dans la maison familiale.
C’est à cette occasion que sa route va de nouveau croiser celle de Rollo Spencer par qui elle était secrètement attirée dix ans plus tôt. Le dialogue va rapidement se renouer entre eux. Et Olivia va se laisser happer par cette passion. Jusqu’à s’oublier ?
Ce roman de Rosamond Lehmann est beaucoup plus grave que L’invitation à la valse. Moins d’humour, plus d’introspection et de nostalgie mais une plume toujours aussi pleine d’élégance et des personnages auxquels on a du mal à s’arracher.
Olivia est à la fois très libre, elle est séparée de son mari sans être divorcée, elle travaille pour subvenir à ses besoins, sort beaucoup, et à la fois très corsetée par la société dans laquelle elle évolue. Elle essaie ainsi tant bien que mal de conserver un équilibre entre ce qu’elle souhaite et ce qui est acceptable.
Si dans L’invitation à la valse, Olivia avait la légèreté de ses 17 ans, on sent ici qu’elle a gagné en maturité et en gravité face aux épreuves de la vie. Sa liaison avec Rollo faisant partie de ces épreuves car si elle sait qu’il ne quittera jamais sa femme, comment ne pas l’espérer malgré tout. Rosamund Lehmann entre ainsi dans les pensées les plus intimes et complexes d’Olivia alternant le « elle » et le « je » et donnant au lecteur cette impression d’être à la fois spectateur et acteur.
Ce roman est aussi une satire sociale de l’époque, mettant en avant les petites hypocrisies et les petits arrangements, ce qui nous vaut de beaux moments d’humour. Encore une fois, le style de Rosamond Lehmann est d’une extraordinaire modernité et les sujets abordés toujours autant d’actualité. Il me semble qu’il s’agit d’une grande écrivaine injustement méconnue et l’édition de ces deux romans est un bien bel hommage à son talent.
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