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C'est peu dire que j'ai aimé ce roman !
Cette découverte de Rosamond Lehmann fut un enchantement.
Le roman début le jour des 17 ans d'Olivia Curtis, une jeune fille de la bourgeoisie anglaise. Quelques jours plus tard, celle-ci va faire ses débuts dans le monde en participant à son premier bal.
La perspective de cette soirée est source de nervosité et d'excitation à la fois pour elle et sa sœur aînée Kate.
Enfin le bal arrive et les deux sœurs vont affronter chacune à leur manière cette soirée tant fantasmée.
Tandis que Kate passe la soirée avec un seul cavalier, Olivia, timide, mal à l'aise en société, pas vraiment "sophistiquée", aux dires d'un de ses danseurs, rencontre plusieurs personnes.
Chaque rencontre et discussion laisse son empreinte sur elle et la fait réfléchir sur le monde, tel qu'elle le connait très peu, voire pas du tout en réalité.
Le roman entier est un mélange de piquant et de délicatesse, sans être mièvre un seul instant. Le parler soutenu fait parfois place à des expressions familières qui surprennent dans ce contexte mais sonnent terriblement juste.
Au travers de cette soirée, Rosamond Lehmann brosse un portrait juste et acéré de la bourgeoisie de l'entre-deux-guerres.
J'ai dévoré ce roman et j'ai hâte de découvrir Intempéries, qui est la suite des aventures d'Olivia Curtis.
Olivia vient d'avoir 17 ans. Elle fait partie de la bourgeoisie anglaise, vit à la campagne en 1920 et profite d'une vie qui peut nous paraître oisive avec sa sœur Katie, ses parents, son oncle et sa grand-mère.
Olivia se prépare pour son premier bal, son introduction dans le monde.
On l’accompagne à travers ses différentes inquiétudes mais si ses préoccupations peuvent paraître frivoles, Olivia n’en demeure pas moins attachante et amusante.
Ce sont aussi les tableaux de la campagne anglaise qui donnent un souffle et de la fraîcheur à ce roman.
Arrive enfin le bal et tout est plus rythmé plus rapide les danses s'enchaînent, l'euphorie du bal s'installe, venant trancher avec l'ambiance un peu lascive du début, l'euphorie des préparatifs
C'est une succession de rencontres allant du prétendant de sa cousine dont elle ne suis pas les pas de danse, au vieillard libidineu en passant par le charmant jeune homme, Rollo.
Derrière son regard un peu naïf on décèle, chez notre héroïne, aussi beaucoup de lucidité sur le monde privilégié dans lequel elle vit ainsi que des interrogations et la volonté de voir au-delà.
Je n’attends pas pour attaquer la suite car c’est une héroïne qu’on quitte en s’interrogeant sur son évolution et une plume délicate et perspicace que j’ai hâte de retrouver.
Intempéries de Rosamond Lehmann
Traduit par Jean Talva
J’étais pressée de retrouver Olivia après l’invitation à la valse et c’est 10 ans après qu’on la retrouve, métamorphosée, ayant perdu ses rondeurs, carburant à la cigarette, elle est mariée mais vit séparément. Elle a gardé son gout pour l’écriture et sa lucidité pour s’interroger sur son époque.
Elle est appelée au chevet de son père. Dans le train, elle rencontre le jeune homme qui l'avait charmée lors du bal de ses 17 ans, devenu un homme d'affaires, Rollo, qui est, lui aussi, marié.
Leur liaison va commencer timidement et se poursuivra passionnément. Ce sont les tourments d’Olivia qu’on va suivre, les tourments dans cette relation mais aussi des questionnements sur son positionnement en tant que femme, séparée, amoureuse, n’ayant pas d’enfant au milieu de la bourgeoisie anglaise où elle est surveillée, jugée, aux cotés d’une soeur qu’elle adore et qui est le modèle même de la femme “aux normes” : mariée avec quatre enfants.
Déchirée entre sa volonté de vivre pleinement cet amour, même avec un homme marié, son envie de liberté et sa réticence face aux conventions de l’époque, celle de la bonne société, Olivia sait garder le cap et ne pas se faire écraser.
J’ai aimé toute l'ambiguïté de cette héroïne aux pensées modernes, un peu coincée dans son époque mais passionnée. Une Une héroïne solitaire dans ses réflexions mais qui a une vie mondaine bien marquée. Elle refuse une vie basée sur les conventions.
Tout cela orchestré par la plume délicate de l'auteure offre un beau dépaysement.
J’étais tellement triste de devoir quitter Olivia et Kate à la fin de L’invitation à la valse que j’ai immédiatement enchaîné avec Intempéries. Dix années ont passé, les deux jeunes filles se sont mariées, Kate est mère de quatre enfants. Dès le début, on comprend que du côté d’Olivia, les choses sont peut-être moins simples. Un appel de sa mère lui apprenant que son père est alité et souffre d’une pneumonie, la voilà quittant Londres pour retourner dans la maison familiale.
C’est à cette occasion que sa route va de nouveau croiser celle de Rollo Spencer par qui elle était secrètement attirée dix ans plus tôt. Le dialogue va rapidement se renouer entre eux. Et Olivia va se laisser happer par cette passion. Jusqu’à s’oublier ?
Ce roman de Rosamond Lehmann est beaucoup plus grave que L’invitation à la valse. Moins d’humour, plus d’introspection et de nostalgie mais une plume toujours aussi pleine d’élégance et des personnages auxquels on a du mal à s’arracher.
Olivia est à la fois très libre, elle est séparée de son mari sans être divorcée, elle travaille pour subvenir à ses besoins, sort beaucoup, et à la fois très corsetée par la société dans laquelle elle évolue. Elle essaie ainsi tant bien que mal de conserver un équilibre entre ce qu’elle souhaite et ce qui est acceptable.
Si dans L’invitation à la valse, Olivia avait la légèreté de ses 17 ans, on sent ici qu’elle a gagné en maturité et en gravité face aux épreuves de la vie. Sa liaison avec Rollo faisant partie de ces épreuves car si elle sait qu’il ne quittera jamais sa femme, comment ne pas l’espérer malgré tout. Rosamund Lehmann entre ainsi dans les pensées les plus intimes et complexes d’Olivia alternant le « elle » et le « je » et donnant au lecteur cette impression d’être à la fois spectateur et acteur.
Ce roman est aussi une satire sociale de l’époque, mettant en avant les petites hypocrisies et les petits arrangements, ce qui nous vaut de beaux moments d’humour. Encore une fois, le style de Rosamond Lehmann est d’une extraordinaire modernité et les sujets abordés toujours autant d’actualité. Il me semble qu’il s’agit d’une grande écrivaine injustement méconnue et l’édition de ces deux romans est un bien bel hommage à son talent.
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