Nouveaux talents, nouveaux horizons littéraires !
Ilaria a huit ans quand son père l'embarque en cavale dans l'Italie du début des années quatre-vingt. Fulvio ressemble à « un guépard nerveux » pense l'enfant tout en chantant des tubes avec lui dans la voiture. Ilaria découvre Trieste, la mer en Toscane, l'internat à Rome. Elle apprend à conduire et à mentir. Observe et ressent tout tandis que son père boit de plus en plus de whisky dans un nuage de fumée. De petits hôtels en aires d'autoroute, l'enfant perd peu à peu l'odeur et la douceur de sa mère. La campagne sicilienne et la vie de ses paysans la sauvent. Ça ressemble à une aventure, mais c'est un enlèvement. Les mots de ce texte sont à hauteur d'enfant, ce que comprend Ilaria, c'est à travers des sensations physiques, au-delà de tout jugement.
Nouveaux talents, nouveaux horizons littéraires !
Mai 1980. Ilaria a huit ans. Son père vient la chercher à la sortie de l’école. Ils doivent rejoindre sa mère et sa sœur dans un restaurant où ils ont pris depuis quelques temps l’habitude de se retrouver, tous les quatre, le temps d’un repas, pour maintenir un lien suite à la séparation récente des parents.
Le père d’Ilaria va prendre un tout autre chemin. Il part seul avec sa fille.
Ce roman est porté par la vision de ce road trip par l’enfant, par ses mots, par ce qu’elle comprend de la situation, par les silences qu’elle interprète avec l’imagination d’une petite fille.
J’ai été à la fois portée par l’histoire, par l’envie de connaitre l’issue de cette cavale, et par les sentiments que nous inspire la situation de cette enfant ballotée malgré elle, victime principale de la séparation de ses parents.
C’est un texte bouleversant, marquant, où les silences sont de véritables armes, où l’on assiste à la vie d’Ilaria qui se déroule sous nos yeux impuissants.
J’ai adoré ce roman cruel, sensible et très vite lu. Une lecture que je ne suis pas prête d’oublier. Un roman précieux comme un bijou.
Deux ans de cavale
Mai 1980, une petite fille s’active à son jeu préféré, « le cochon pendu » car elle aime éprouver son corps, déjà admiratrice de Nadia Comaneci, en attendant l’arrivée de sa sœur ainée afin de rentrer chez elle.
Mais ce jour-là c’est son père qui vient la chercher.
Le père est un homme en colère qui n’accepte pas le divorce, il rumine sa rancœur l’arrosant d’alcool.
« Papa ment avec naturel, très poliment, avec les yeux. Il donne un tas de détails comme s’il décrivait une image. Il fait ça si bien, il est si précis, que tout le monde le croit. Mais tous ses mensonges ne changent rien à ce silence qui grandit entre nous. Un vrai sac de nœuds. »
Sa femme a quitté l’appartement de Turin, emmenant ses deux filles avec elle en Suisse.
Ils se retrouvent régulièrement à mi-chemin dans un restaurant, mais cela ne lui suffit pas. Il enlève donc Il aria la plus jeune des filles. Il pense ainsi faire changer sa femme d’avis, il la bombarde d’appels téléphoniques passés dans les cabines des stations-service et aussi de télégrammes qu’il signe : Ton mari.
Persuadé que sa femme ne peut pas ne plus l’aimer, il dévisse inéluctablement.
Ilaria a conscience de la situation instinctivement, en observant son père, sa gestuelle, ses addictions tabac-alcool. Elle sait au plus profond d’elle-même qu’elle est prisonnière. Elle développe des sentiments ambigus, le manque de sa mère et de sa sœur, mais ne peut pas quitter son père pressentant l’océan de solitude qui est le sien.
Elle devient la complice de ses magouilles.
« Il est nerveux
Il est en colère
Il va devenir méchant »
À travers ce chaos, il y a des trouées, des bulles où il redevient un papa investit, comme lorsqu’ils échouent chez des amis à la veille de Noël, l’enfant est fière de lui.
Après six mois d’errance, il y a une courte période dans un internat.
Quoi qu’elle fasse, elle a le sentiment de trahir l’un ou l’autre de ses parents.
« Quand est-ce qu’il recommencera à se fâcher ? Je me méfie. Un jour où l’autre il explosera. Je sais qu’il n’a pas oublié ce qui s’est passé à Rome, ce qu’il a appelé ma trahison. Il est imprévisible.»
La mise en page est une véritable mise en scène de cette cavale.
Les phrases sont des veines d’où les mots pulsent ; des pressions sur l’enfant, peu de caresse, de temps de répit, beaucoup de chantage.
Le lecteur est en apnée, profondément perturbé car à cet âge tendre, un enfant ne devrait jamais être l’otage des adultes, et pourtant…
L’absence de pathos rend une réalité brute, précise et minimale qui nous désarme autant qu’elle nous étreint.
De ce voyage étrange l’effroi est en sourdine, la curiosité à son acmé, cela en forge la singularité.
Gabriela Zalapì réussit magistralement à dialoguer avec ses lecteurs dans un propos âpre et une langue soyeuse.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/11/11/ilaria/
J’ai tourné la dernière page du livre « Ilaria ou la conquête de la désobéissance » et j’ai du mal à oublier les paroles de cet enfant de 8 ans. Les flashes d’info sur l’autoradio de la voiture nous informent que nous sommes en 1980, divers drames sèment la peur en Italie, attentats, rapts initiés par des extrémistes, qu’ils soient de droite ou de gauche. Un climat d’insécurité, d’angoisse que nous retrouvons dans l’habitacle de la BMW bleu marine du père d’Ilaria, la petite se demande bien où son papa l’emmène, c’est maman qui devait venir la chercher à la sortie de l’école.
Elle ne le sait pas encore, mais c’est une cavale de près de deux ans qui l’attend. Un « Giro » d’Italie, loin de sa maman et de sa sœur Ana qui résident en Suisse, depuis la séparation des parents. Fulvio le père d’Ilaria essaie de s’expliquer : « Tu te rends compte Ilaria, du jour au lendemain… en rentrant à Florence l’appartement était vide. Complètement vide. Plus de Maman, plus rien. Même pas un mot, une explication. Rien. Elle s’est enfuie avec vous sous les bras. J’ai eu un choc, c’est normal, non ? Ma vie s’était évanouie comme ça, d’un claquement de doigts. Tu trouves ça juste, toi ? ». L’enfant revoit dans sa tête sa maman fermer la porte du salon en demandant à papa d’arrêter de crier, elle nous mettait les raquettes de ping-pong dans les mains et nous disait d’aller faire un tour. Elle sa rappelle les reproches de sa maman, de l’oisiveté du papa, sans travail.
Ilaria est une enfant taciturne, docile, elle ne se plaint pas difficilement. Les premiers temps paraissent comme des vacances, un apprentissage de la vie en accéléré, il lui fait tenir le volant sur une route de campagne, l’initie à l’allumage d’une cigarette. Fulvio a des gentillesses, les nombreuses glaces, un cahier et des crayons de couleur, et surtout un ours en peluche baptisé Burillo qui va devenir « Le confident ». Mais la routine finit par peser, des autogrills d’aires d’autoroute, aux chambres d’hôtels et aux bars, car papa aime bavarder au gré des rencontres, mais surtout il apprécie de plus en plus le whisky.
Fulvio, fatigué par ses errances, par les nombreux coups de fil à sa femme qui se terminent en cris, devient de plus en plus nerveux. Ilaria, elle, devient de plus en plus morose, l’absence de la maman et de sa sœur se fait sentir, surtout que le papa trouve toujours une bonne raison pour ne pas lui passer l’appareil, lors de ses appels.
L’argent manquant, il faut trouver des points de chute, Ilaria devra faire face à des grands moments de solitude lorsqu’elle sera inscrite dans un internat. Mais chez des amis, la grand-mère paternelle, une amie de la grand-mère, elle trouvera du réconfort auprès d’enfants de son âge ou du personnel domestique des logeurs.
La maman, de son côté, n’est pas restée inactive, elle a réussi à faire parvenir à Ilaria un paquet-cadeau pour Noël, du chocolat, du coloriage, mais surtout une boulette de papier qu’elle déplie à l’insu de son père, où figure son numéro de téléphone …
Un drame à hauteur d’enfant. Gabriella Zalapi écrit dans un style dépouillé, direct, sans artifices, en de petits chapitres courts telles les images, les pensées qui traversent la tête d’Ilaria et qui nous happent littéralement. Elle nous fait réfléchir à ces innombrables catastrophes humaines vécues par les enfants lors de la séparation des parents. Qui préfères-tu Maman ou Papa ?
Vifs remerciements aux Editions Zoé.
"Ilaria", la couverture avait attiré mon regard, le nom de la maison d’édition aussi, "Zoé" que j’affectionne particulièrement. En revanche, je n’avais encore rien lu de Gabiella Zalapi. Une rencontre littéraire en ligne organisée par VLEEL a fini de me convaincre : ce roman était pour moi. Je ne m’étais pas trompée.
"A huit ans, j’aime sentir le haut de mon corps suspendu dans le vide…C’est en position "cochon pendu" que je passe mes récréations, que j’attends Ana, ma sœur." Sauf que ce jour-là, ce n’est pas Ana qui vient la chercher, c’est son père pour aller "Chez Léon" retrouver sa mère et sa sœur… Sauf que finalement ils passent la frontière, quittent la Suisse et parcourent l’Italie. Et ce road movie dans l’Italie des années quatre-vingt, jalonnée d’Autogrills, va durer deux ans. "Ilaria" est un roman bouleversant, écrit à la hauteur d’une enfant de huit ans que le père, séparé de la maman enlève. Comprend-elle la situation au départ ? Rien n’est moins sûr. C’est au fur et à mesure qu’elle prend conscience…
L’auteure utilise une langue dépourvue d’artifices. Elle économise les mots au maximum. Les phrases sont courtes et claquantes, précises Pas de chapitres, mais des blancs, parfois des pages entières comme des respirations. Elle décortique à merveille à travers la voix de l’enfant la difficulté de celle-ci à trouver l’équilibre entre la loyauté due à sa mère et celle qu’elle voue à son père. Et si, en effet, elle tente de conquérir la désobéissance, c’est tout en finesse. Son père est dur et alcoolique, mais c’est son père et il peut être aussi drôle et aimant et justement, elle l’aime. Alors, elle se crée une vie dans sa tête au fur et à mesure de ses rencontres et des petits livres qu’elle se fabrique.
Ce roman se lâche difficilement, il est touchant et la voix d’Ilaria m’a longtemps poursuivie. Ce n’est pas toujours simple d’être une enfant.
https://memo-emoi.fr
Gabriella Zalapi puise dans son histoire personnelle la matière de ses romans. Elle signe, en cette rentrée littéraire de l'automne 2024, son troisième opus.
Printemps 1980. Ilaria, huit ans, attend sa sœur Ana lorsque son père surgit. « Viens, nous allons Chez Léon » ment-il avec sa promesse de rejoindre son aînée et sa mère au restaurant où, depuis la séparation des parents, ils ont l'habitude de se retrouver une fois par mois.
Commencent alors une cavale et le vol de deux années d'une enfance qui a besoin de repères et de sécurité pour se construire.
De la Suisse, le tandem, embarqué dans une BMW bleu marine modèle 320 coupé résonnant des tubes de l'époque, rejoint l'Italie, dort dans des chambres miteuses au-dessus de bars dont le père aura éclusé les stocks de whisky, s'arrête dans des Autogrills dont l'univers coloré fascine l'enfant.
Après avoir posé des questions, Ilaria se tait, de plus en plus terrifiée par les réactions de son géniteur qui ne cesse de fabuler, de sauter d'une humeur à une autre et de lui faire du chantage affectif. Alors, elle se réfugie dans la peinture...
Dans un style sec fait de courtes phrases, avec une économie de mots et un art de l'ellipse Gabriella Zalapi dessine le portrait d'une petite fille écartelée entre ses parents et confrontée à la solitude et aux délires de son père.
Au-delà de ce tableau intime d'une finesse brutale, elle fait l'anatomie de la fin des années de plomb en Italie pendant lesquelles l'extrême droite et l'extrême gauche ont semé la terreur dans le pays.
http://papivore.net/litterature-francophone/critique-ilaria-ou-la-conquete-de-la-desobeissance-gabriella-zalapi-zoe/
Un roman poignant, captivant
Un texte court fort, sensible sur l'enlèvement, la cavale d'une petite filled e 8 ans par son père. Un texte intense, très beau, une enfant déchirée entre son père et sa mère et tout ce que l'adulte va imposer.C'est l'enfant qui parle ce qui donne plus de force.
un roman poignant captivant sur l'enfance, se lit d'une traite
1980, Genève. Ilaria a huit ans et ce qu’elle aime c’est faire le cochon pendu et rêver à être Nadia Comaneci, son idole. A huit ans, on a du mal à comprendre pourquoi papa ne vit plus à la maison, pourquoi on ne le voit plus que de temps en temps, au restaurant. Et encore moins pourquoi ce jour il vient la chercher à l’école, sans Ana, sa grande sœur et sans maman. D’abord flattée par ce moment privilégié offert par ces heures volées, les interrogations surgissent quand la nervosité de papa s’accentue, et quand maman n’est pas au rendez-vous promis. Mais à huit ans, quand on est encore une petite fille, on ne rechigne pas à suivre son papa, et on apprécie même d’être sa princesse, de chanter à tue-tête et à découvrir de nouveaux endroits. On ne comprend pas pourquoi les heures de ce voyage deviennent des jours, puis des semaines et des mois. Quand ce périple semble sans but, quand le choix des destinations est anarchique et quand l’argent commence à manquer. Quand il les fait sillonner l’Italie du nord au sud, de villes en villages, de bars glauques en stations essences, dans les vapeurs de mauvais whisky et les nuages de nicotine, sur une route rythmée par les arrêts dans les cabines téléphoniques où papa déverse son agressivité, la poussant à se rendre invisible pour ne pas attiser sa colère. Récit d’un road trip tragique et sordide qui vrille le cœur et bouleverse.
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Ce court roman, c’est le récit d’un enlèvement qui ne dit jamais son nom, conté à hauteur d’enfant. Une petite fille pour qui cette situation est inconcevable car à huit ans on aime ses deux parents et on ne peut imaginer l’incongruité de ces journées. A huit ans, on suit, on accepte tout ce que disent les adultes, sans remettre en question les décisions fussent-elles violentes ou inquiétantes. Tout au long du récit, on a le cœur brisé pour cette gamine. On est bouleversé par sa fragilité, on est ému par par le terrible conflit de loyauté dans lequel elle est plongée. Et on tremble pour elle de cette course sans fin, de chambres sordides en internats austères,de gares en chambres d’amis, ballottée, trimballée entre inconnus et grand-mère acariâtre. Il n’y a qu’à son ours en peluche, Birillo qu’elle confie son désarroi, sa solitude, son incompréhension face à l’abandon supposé de sa mère. Ce n’est aussi qu’auprès de cet ours qu’elle fait peu à peu l’apprentissage de la désobéissance, qu’elle ose enfin s’opposer, se révolter, face au comportement de plus en plus inquiétant de ce père défaillant. Et si finalement c’était cela grandir ?
Un texte à l’écriture simple et factuelle, jamais larmoyante et pourtant d’une sensibilité extrême. Plus celle-ci est simple, moins elle est larmoyante et plus elle touche et émeut. Un roman dont la brièveté renforce l’intensité, qui nous dit combien l’innocence des enfants est dévastée dans les conflits familiaux, combien les enfants sont les premières victimes du désamour des parents. Déchirant et beau.
Roman d’apprentissage délicat et percutant, d’une grande beauté.
« Tu sais, ta mère et moi… on s’aime. Mais on ne se comprend pas, elle dit que je l’empêche de vivre. Je ne sais plus comment faire. La vie avec elle est devenue impossible. Tu te souviens comment elle change d’humeur ? Comment elle change tout le temps d’avis ? Le soir c’est oui, et le lendemain matin, c’est non. »
Ilaria est un texte court qui se lit d’une traite.
C’est un texte bouleversant, fort.
C’est un texte d’une beauté inattendue étant donné le sujet. Quel est-il justement ? Les parents d’Ilaria sont séparés. Lui habite en Italie à Turin, sa mère, elle et sa sœur Ana vivent à Genève. Les relations étant tendues entre adultes, les « retrouvailles » se déroulent au restaurant chez Léon.
Mais ce jour-là, tout ne se déroule pas ainsi. La mère a changé d’avis, et le père embarque Ilaria avec lui pour le week-end… qui durera deux ans.
« Je veux rentrer. Puis l’idée de quitter Papa me glace. Je ne peux pas le laisser seul. »
Le père embarque Ilaria dans un road trip sur les routes italiennes. Bars, hôtels, stations-service, l’alcool coule à flot, le nuage de fumée obstrue habitacle ou chambre. Et à chaque fois la recherche d’une cabine téléphonique par le père. Sauf qu’Ilaria ne peut jamais parler à sa mère, son père trouve toujours une explication, un mensonge…
Il y a l’internat, puis la maison de grand-mère et enfin celle d’Isabella, l’amie de cette dernière.
« Je dois me débrouiller seule. Papa dit que je suis grande, que je n’ai plus besoin de lui. C’est comme ça. Moi, avec mes neufs ans presque et demi, je me sens vieille. »
Ilaria apprend seule, Ilaria se construit à chaque rencontre, à chaque discussion, à chaque abandon de son père.
Les paragraphes sont courts, certaines pages majoritairement recouvertes de blanc. Cette construction traduit le vide, les silences auxquels est confrontée Ilaria, son incompréhension, ses doutes mais aussi sa naïveté de jeune fille de 8 ans. Elle pointe également la sobriété, la concision. Le choix de la narration est également magistral : c’est l’enfant qui vit, qui voit, qui ressent et qui s’exprime. Humain, déchirant, émouvant, bouleversant.
Des télégrammes s’insèrent, s’intercalent entre les différentes aventures, augmentant tension et questions.
Ilaria ou la conquête de la désobéissance est un roman d’apprentissage qui marque durablement.
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