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Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l'attaque contre l'ennemi allemand. Les soldats s'élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent alors sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d'Alfa, son ami d'enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s'enfuit. Lui, le paysan d'Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l'effroi. Au point d'effrayer ses camarades. Son évacuation à l'Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d'ultime et splendide résistance à la première boucherie de l'ère moderne.
j'avais lu la version papier dès sa sortie et offert à mon gendre sénégalais.
Le livre-audio a réveillé ma mémoire: j'avais comme d'habitude oublié des détails. L'auteur ou plutôt le narrateur Alfa Ndiaye, héros du livre souligne à plusieurs reprises que le coup de sifflet du capitaine Armand ne fait pas qu'ordonner l'attaque mais prévient l'ennemi...Au coup de sifflet, les soldats sortent des tranchées, parmi eux Alfa Ndiaye et Mademba Diop.Ce dernier est blessé à mort, Alfa reste auprès de lui jusqu'à la fin qui tarde à venir et que Mademba supplie Alfa de hâter par trois fois. Alfa refuse car sa conscience le lui interdit. Il en ressentira un énorme remords et contestera sa conscience et les traditions. Pour venger Mademba, la guerre anonyme va devenir sa guerre: il va s'emparer d'un ennemi, l'éventrer comme l'a été son ami avec ses entrailles répandues sur la terre, l'égorger et rentrer dans la tranchée avec l'arme de l'ennemi et la main qui la tenait. Il est chaudement félicité pour son courage.
Il va procéder de même jusqu'à la quatrième main mais alors l'opinion change: on le croit sorcier; il va continuer jusqu'à avoir sept mains qu'il va cacher pour que le capitaine qui veut l'envoyer à l'arrière n'ait pas de preuves contre lui. Jean-Baptiste joue avec une de ces mains et fait des blagues de mauvais goût mais après avoir reçu "une lettre parfumée" qui est sans doute une lettre de rupture, JB va brandir la main au bout de son fusil puis sur son casque cherchant à se faire tuer par l'ennemi...un obus va rapidement le décapiter. Une mutinerie se déclare dans les rangs: sept soldats refusent d'obéir au sifflet, d'aller une fois de plus à l'abattoir: le capitaine leur fait lier les mains, les envoie vers l'ennemi, en les appelant traîtres, déserteurs: ils seront abattus par l'ennemi ou par les leurs pour l'exemple.
évacué à l'arrière, en HP, il revit ses souvenirs du Sénégal: la jeune fille qui s'est offerte à lui avant son départ pour la guerre, bravant le déshonneur; son père et celui d'Alpha étant ennemis depuis que ce dernier s'est opposé à l'idée de la monoculture de l'arachide (en quoi, à mon avis, il avait bien raison).Sa mère, très jeune, offerte en mariage à son vieux père pour services rendus; fille de peul, elle quittera Alfa, son fils unique de neuf ans pour retrouver son père, ses frères et leur troupeau mais n'arrivera jamais à destination. Alfa sera adopté par la famille de Mademba. Alfa est beau, il a un physique de lutteur (sport national du Sénégal), il est analphabète ; Mademba est laid, trop maigre mais il fait des études, lit et parle français. Ils se complètent et seront inséparables jusqu'à la mort que ces deux tirailleurs iront chercher en France lors de la Grande boucherie. A l'hôpital, Alfa est bien vu par le docteur et sa fille (qui sera sa maîtresse); ils communiquent par dessins jusqu'au moment où il dessine les sept mains alors l'attitude du père et de sa fille changera car la folie meurtrière d'Alfa leur est révélée.
Les deux ou trois derniers chapitres qui font parler Mademba depuis l'au delà me laissent perplexes.
Un roman qui sort de l'ordinaire, un point de vue différent et original sur les tirailleurs sénégalais et la Grande Guerre.
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