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Luis de Góngora (1561-1627) a plus de cinquante ans lorsqu'il compose ses grandes oeuvres, le Polyphème (1612), selon l'expression consacrée, et les Solitudes (1613). Sa poésie familière (les Romances, les Letrillas) et ses Sonnets lui ont donné une réputation de poète difficile, voire incompréhensible, et si l'on cherche un élément de comparaison quant aux réactions négatives que peut susciter une différence tranchée, absolue nouveauté en poésie, il nous faut franchir trois siècles et les Pyrénées, penser à Stéphane Mallarmé, admiré par beaucoup, certes, mais tout autant détesté, et que Jules Renard prétendait " intraduisible, même en français ".
Góngora nous transporte dans cette songerie charnelle et vivante, cette " extra-atmosphère " que respira le solaire Lorca. Il nous attire parmi sa lumière stable qui s'adoucit pourtant aux creux ombrés des grottes fraîches, au bord des ruisseaux, sur les lits de feuillage où de jeunes êtres s'enchantent de leur belle nudité, sur les versants des collines où paissent les troupeaux du berger monstrueux, mais émouvant tant par les musiques sauvages qu'il tire de ses pipeaux que par le naïf orgueil qu'il tire de lui-même.
Cette nouvelle traduction de Michel Host bouscule les habitudes universitaires qui ont toujours donné de Góngora des traductions extrêmement " froides " et sans " imagination ". Elle devrait faire date. Michel Host a déjà traduit les Sonnets du même poète (éd. Dumerchez, 2002).
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