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Paris 2053. Dans un futur pacifié, abîmé par le réchauffement climatique et maladivement dépendant d'internet, Gabriel dirige Memoriam, cimetière universel on line qui conserve les souvenirs visuels et sonores des trépassés. Il est contacté par le légendaire hacker W3, génie des programmes informatiques de prédiction, qui lui annonce que la civilisation est à deux doigts de verser dans l'obscurantisme.
Las d'informatique opposé à toute forme de croyance et le croque mort numérique plus ouvert aux choses de l'esprit, vont être confrontés, pour sauver l'humanité, au charismatique évêque de la capitale, Monseigneur Vérinas, au Pape Boniface X qui règne sur une Église désormais numérique, puis à la Papesse Orianne, mais aussi aux scientifiques de tout poils, aux hommes de loi omnipotents et à des écolos-radicaux déchaînés.
La guerre contre l'extrémisme religieux s'annonce compliquée.
Entre deux romans noirs, un crochet avec un roman d’anticipation, mais pas que… le week-end de Pâques. Et pas le moindre. Un roman traitant de la religion et de la science. Le conflit entre science et religion ne date pas d’hier. Preuve en est, on débute avec la mort de Louis Pasteur en 1895 et une passe d’arme avec un curé lui apportant l’extrême-onction.
Le tableau est dressé.
Et Henri Duboc s’amuse à nous jeter corps et âme dans notre 21ième siècle. Il nous titille le cervelet pour ce qui est de l’attachement de l’homme à ses croyances et son évolution.
En 2053, notre futur est parti en vrille. Ça pullule d’hologrammes, de numérisation, de dématerrialisation. Après avoir été secoués par le réchauffement climatique, nous voilà totalement dépendants d’Internet. Au gré des chapitres, nous faisons des allers-retours dans cet avenir délabré et numérique à travers quelques personnages. Gabriel, 75 ans, jadis créateur de Memoriam, un cimetière universel en ligne. Il est approché par W3, un hacker légendaire en phase de repentance, avec une révélation fracassante. Notre civilisation risque de basculer dans l’obscurantisme. Preuve en est, dans ce futur pasteurisé, où les souvenirs des morts, quelques soient leurs religions, sont numérisés, Gabriel, le « Croque Monde » qui gère son entreprise avec éthique, doit faire face aux velléités de Monseigneur Verinas, un fanatique religieux de 1er ordre.
Plusieurs trames narratives s’imbriquent. On saute entre les flash-backs. On alterne entre les chapitres et des personnages, plutôt bien dessinés. Gabriel, W3, Verinas l’évêque de la capitale, Oranne, la papesse mère de famille, Yosa le fils surdoué de l’associé de Gabriel et Hattam, un savant barré à l’égo surdimensionné. Certes certains peuvent paraitre inégaux, mais Dieu 2.0 est le 1er d’une trilogie et si ma mémoire est bonne le T1 et le T2 ont été écrits en même temps.
Ce roman regorge d’humour. Il est atypique et provoque chez le lecteur, entre deux écarts de zygomatiques, une réflexion philosophique sur la place de la science, de l’informatique et de la croyance dans notre société. Longtemps, elles se sont affrontées. Rien de neuf. Mais avec l’avènement de la data, la science prend une nouvelle dimension. Jobs a remplacé Job.
Fait est que la technologie avancée par Henri, est toute à fait cohérente, qu’il s’agisse de smartphones, d’intelligences artificielles, de drones, de voitures électriques ou de dématérialisation du papier. Tout cela existe déjà. Nous entamons seulement nos névroses numériques. Le Yphone omniprésent, la data ostentatoire. Et ça devient jubilatoire.
Car si Vatican 3, le mariage des prêtres et la numérisation des baptêmes sont en avance de phase, en revanche, les sites de cimetières virtuels commencent à voir le jour. Cherchez, et vous serez surpris. Les bras m’en sont tombés.
Les références sont nombreuses pour les fidèles adeptes de l’anticipation, même pour les ouailles de la SF. Asimov, Bradbury, Orwell ont décidément posés des bases dont nous ne sommes pas prêts de nous dépêtrer. La lecture est plaisante. Comme je l’ai mentionné, un sourire se barre de temps à autre sur le visage du lecteur et remplace nos rides d’expression, sources d’une réflexion intense. Notamment quand une certaine IA vient à écrire ses propres nouvelles pour tester son humanité.
Reste Dieu 2.0, va un cran plus et pose une réflexion sur le besoin naturel de l’homme de croire. Les échanges entre Gabriel et W3 ont un fondement inaliénable. Sans œcuménisme aucun, sans prosélytisme, Dieu 2.0, fait vibrer en chaque lecteur, une question. Qui est Dieu en ce début de 21ième siècle? Et à partir de celle-ci découlent une kyrielle d’autres. Que représente-il ? Quelle est la force de la religion ? De quelle force parlons-nous ? Oui, il nous est facile de gloser sur le poids des religions dans notre société occidentale, mais ne croyons-nous pas davantage en la technologie ? Les GAFAM deviennent un lieu d’échange, où nombreux sont ceux qui cherchent à « susciter l’adhésion ». Au-delà même du médium, ne faisons-nous pas de la science, un objet même revêtant une part de croyance en son sein ? Ne portons pas nous-même la science aux nues ?
Au-delà des problèmes de définition, il demeure la question de l’observable et de la croyance. Une question qui prend ses sources aux confins de l’humanité. Alors quand une IA envisage de tuer Dieu, faut-il encore qu’elle puisse comprendre ce que représente Dieu pour les hommes ?
à suivre avec Dieu 2.0, Tome 2 : Bye Bye Internet
Un véritable OVNI littéraire : "Dieu 2.0 – La Papesse Online" de Henri Duboc aux éditions Lajouanie.
Le pitch : En 2053, dans un monde qui sait désormais ce que « réchauffement climatique », « guerre nucléaire » et « techno-dépendance » veulent dire, Gabriel, 75 ans, est le « Croque Monde » pour avoir eu l’idée, 40 ans plus tôt, de créer « Memoriam », le site Internet universel qui accueille les sépultures numériques de milliards de défunts, mises en ligne gratuitement sous forme de pages personnelles, ce qui ne fait pas l’unanimité sur le plan religieux… C’est pour éviter de basculer dans l’obscurantisme que W3, un hacker aussi renommé que redoutable, en plein repentir après un coup de folie meurtrier, décide de contacter Gabriel pour lui soumettre une idée : Tuer Dieu…
C’est à l’occasion de la soirée Bookeen Café que j’ai eu l’occasion comme le plaisir de rencontrer cet auteur fort sympathique et découvrir son premier roman fort atypique, que je me promettais de lire le plus rapidement possible au terme d’un échange des plus chaleureux… C’est désormais chose faite ! Le pari n’était pourtant pas gagné avec moi qui suis une littéraire dans l’âme, une scientifique dans les chaussettes et une sous-quiche pour tout ce qui concerne les nouvelles technologies… Et pourtant…
Et pourtant je me suis régalée à la lecture de ce roman qu’il m’a pourtant été si difficile de résumer tant il est dense et complexe !
Alors même que Deezer avait la brillante idée de me passer du Soprano avec « Le Diable ne s’habille plus en Prada », très à propos, je me plongeais donc volontiers au cœur de cette intrigue particulièrement bien construite et admirablement maîtrisée. Parfois très technique mais sous couvert d’humour, le style de l’auteur n’en reste pas moins foncièrement plaisant. Voyageant dans le temps au gré des flash-backs et autres « documents » à la disposition du lecteur, ce dernier se voit ainsi donné une belle leçon d’Histoire… du futur… Oui l’époque a changé… Mais en est-on si sûr ? « Roman d’anticipation mais pas que… » Oui, pas que, car l’auteur met subtilement en avant des questions, bien d’actualité cette fois-ci, qui font tant débat de nous jours et qui pourraient un jour nous conduire à un drame si nous ne sommes pas en capacité de les régler… Poussant ici ces questions jusqu’à l’excès par le biais de personnages particulièrement soignés et foncièrement savoureux, ce roman franchement atypique traite au final du conflit intemporel qui existe entre science et religion, à l’heure où certains exercent leur folie meurtrière au nom de Dieu… Mais qui est Dieu ? Alors qu’on croit bien davantage en Google, la science n’est-elle pas aussi une religion ? L’une est-elle à bannir au profit de l’autre ou peut-on concilier les deux ? Doit-on se méfier de Dieu ou de ceux qui se prennent pour Dieu ? Vaste débat, passé, présent, et visiblement à venir…
En bref, un OVNI littéraire sûrement, mais un petite pépite sans aucun doute dont j’attends la suite avec impatience !
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