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« Dans ma peau est un texte qui a ses racines dans le premier XXe siècle, au temps où les hommes portaient la moustache et les femmes de larges chapeaux, quand les pétarades automobiles effrayaient les chevaux sur les grands boulevards. Dans les violences d'une guerre à la fureur si nouvelle, un monde s'est abîmé et il ne nous en reste que quelques échos déformés et des images tremblotantes que nous ne comprenons plus. Cette guerre, je la connais bien : je suis directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme, au coeur des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, là où s'opposèrent troupes britanniques, armées du Commonwealth et Allemands de 1914 à 1918. Et c'est avec mon corps que j'éprouve l'âpreté de l'ancienne réalité des combats ; depuis quatre ans, je souffre d'une maladie qui n'a pas de nom et qui rend chacun de mes mouvements douloureux et pénible, si bien que je ne connais plus de moment de paix et de repos. Il me semble parfois être si près de ceux dont je dis être le témoin que j'en ferai souffrance commune avec ces hommes qui ne sont plus, que mon horizon est sans cesse bousculé d'explosions intimes. Les objets que je côtoie, les uniformes impeccables qui dorment dans les réserves de l'Historial, les fusils comme les montres, les poignards comme les godillots, tout cela résonne de violences assoupies que je crois ressentir à chaque instant. Voilà ce que j'ai essayé de dire et d'écrire ; et l'attention que je me porte serait différente si elle n'était pas le fruit de mon expérience à l'Historial, si elle n'était pas née d'abord d'une empathie pour de plus souffrants que moi. » G. de F.
Un récit bouleversant qui a reçu le Prix France Télévisions de l'essai 2010.
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Guillaume de Fonclare n’est pas un écrivain mais il sait écrire. Victime d’une maladie orpheline dégradante et directeur de l’Historial de Péronnes dédié à la bataille de la Somme, il a trouvé en soi matière à un récit croisé de sa tragédie personnelle et de la guerre des autres, qui a fauché là plus d’un million d’hommes (Anglais, Français, Allemands…) en quelques mois de l’année 1916 finissante.
Bel exemple d’un écrit intimiste accédant par sa seule force d’expression à l'attention du lecteur. Il faut dire qu’il est bouleversant l’écho de la tuerie sauvage, résonnant « dans la peau » de l’homme au corps douloureux et qu’il est émouvant le stoïcisme du directeur empêché, puisant la force de sa résistance dans la mémoire du meurtre collectif de jeunes générations. Déposent ici devant le tribunal de l’Histoire, au plus profond de leur désarroi : malade incurable que porte sa force morale (et son entourage), gueule cassée et soldat sacrifié, au fond des tranchées, à des intérêts supérieurs, veuve à qui la douleur inspire des paroles déchirantes : « nous autres » quoi (comme dirait l’Autre, je veux dire : Stéphane Audeguy), sachant que si tous les hommes sont égaux devant l’horreur et la mort, certains - comme on dit avec malice - sont plus égaux que d’autres. Ils ont raison de témoigner !
Guillaume de Fonclare a 42 ans.
Cet homme de deux mètres, bedonnant, affaibli par la maladie nous décrit la grande guerre ses violences, ses souffrances et son cortège de millions de morts, mais aussi son combat, face à l’insoutenable douleur de ses membres comme écrasés dans un étau ; l’inévitable route qu’il empreinte et qui le mène à l’invalidité. Avoir à quitter l’historial relèverait du cauchemar.
En moins de 120 pages Guillaume de Fonclare frappe fort, il nous fait passer par toutes les émotions, il réfléchit en permanence, cet homme insatiable observateur, nous livre là un récit touchant, oignant, remarquable, beau, poétique ...
Après avoir lu la 4ème de couverture, j’ai commencé ce livre en me disant que j’allais lire une sorte de Scaphandre et papillon, le locked-in syndrome en moins. Car l’auteur, pourtant pas si vieux (42 ans), est malade. Sa canne devient fauteuil roulant, ses mouvements sont limités, pénibles. Sauf que Guillaume de Fonclare dirige l’Historial de la Grande Guerre, un musée en Picardie. Et que de par sa maladie, il sent plus proche de ces victimes de la guerre de 14-18, héros de son musée, qu’il semble mieux comprendre.
A l’heure où son corps, petit à petit, le lâche, Guillaume de Fonclare réfléchit sur la souffrance, le chagrin, le deuil, les vies brisées, la maladie et la guerre.
Très bien écrit, poétique à souhait, et malgré tout accessible car très court, ce récit (car non, ce n’est pas un roman) peut toucher le plus grand nombre.
J’ai aimé ce petit livre que j’ai lu d’une seule traite. Il s’en dégage une telle force, une telle compréhension de l’humain, qu’on ne peut pas ne pas se sentir concerné.
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