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Les quelques réflexion que l'on va lire, qu'il me soit permis de les placer sous l'invocation de Jean-François Lyotard.
Sous la protection, mais aussi le sourcilleux patronage, de la figure qui aura accompagné, et peut-être guidé, les premiers pas que je risque, en tremblant, dans une oeuvre qui me fascine. Une oeuvre ensorceleuse, une oeuvre, hier encore, qui l'était mente au point de décourager en moi toute velléité de m'arracher au pouvoir hypnotique qu'elle exerçait sur ma craintive personne- et qui est l'oeuvre de Claude Louis-Combet.
Aussi est-ce par reconnaissance, et comme une expression de mon affectueuse gratitude envers l'ami et le penseur, que ce petit livre emprunt son intitulé au texte que lui publièrent les éditions Le Griffon d'argile, à Sainte-Foy, province du Québec, où, sous le titre D'un trait d'union, parut en effet, en 1993, l'incisif opuscule confié par Lyotard à la collection qu'y dirigeait alors Mireille Calle-Gruber et qu'elle avait d'ailleurs elle-même baptisée " Trait d'union " en un geste qui m'impose d'en recopier ici l'argumentaire : "Trait d'union : petit trait horizontal hors de l'alphabet.
Il marque la liaison, ou la séparation, dans certains composés. Il met en question ce qu'il rapproche ; permet de passer outre. Lire par le trait d'union, c'est être conduit au bord des constructions : littéraires, sociales, philosophico-théoriques. " Il marque la liaison ou la séparation, écrit Mireille Calle-Grüber. Il marque la liaison et la séparation, écrirai-je de préférence. Il marque l'une et l'autre tout ensemble.
A l'égal, par exemple, du petit trait qui entre dans la composition d'une expression comme " judéo-chrétien " : du petit trait placé par Paul de Tarse, Apôtre des Gentils, entre Shaoul et Paulus, et d'où résulte, écrit Lyotard, que la vérité du Juif est à chercher maintenant, inadmissible conséquence, dans le Chrétien : du petit tait qui fait passer la résurrection de la lettre par la transfiguration de la chair, et le rachat de la chair par la réinscription en elle de la lettre.
Mais l'une et l'autre, tout aussi bien (dans la phrase qui précède, sans nous en rendre compte, est-ce que nous n'avons pas déjà sauté de cette oeuvre-ci à cette oeuvre-là ? est-ce que nous ne sommes pas déjà passés de l'oeuvre immense du philosophe à l'oeuvre immense de l'écrivain ?) ; mais l'une et l'autre, disais-je, à l'image, cette fois, du petit trait qu'un malicieux génie, pour le meilleur comme pour le pire, se sera un jour avisé de tirer entre Louis et Combet dans Claude Louis-Combet.
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