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Chroniques d'une station-service donne la parole à un pompiste, un certain Beauvoire, dont le patronyme aux résonnances littéraires ne change a priori rien à sa fonction routinière : gérer via les écrans de contrôle les allées et venues des automobilistes, tenir la caisse ou le bar.
Sa station-service, située à Pantin en banlieue limitrophe de Paris, pourrait devenir l'épicentre d'un drame social ou d'un braquage avec force adrénaline, mais l'auteur a préféré en faire le poste d'observation idéal du contemporain à travers les yeux d'un être moins quelconque qu'il n'y paraît.
D'un tempérament contemplatif, l'employé-narrateur scrute et commente l'apparente inertie du quotidien (« non-agir » et « non-être »). En « vigie sociétale », il traque jour après nuit des bribes de transcendance ou de poésie involontaire dans les discours et les attitudes des clients, tel un « zombie mélancolique » épiant depuis sa « capsule » un univers qui lui serait étranger.
De cette position, il tire une réflexion sur l'espace périurbain avec drôlerie et gravité : l'essence comme drogue en déclin d'une société postmoderne (« un monde totalement junkie dont je serais le principal dealer »). D'où les références amusées, voire détournées, du pompistephilosophe aux écrits de Jean Baudrillard ou à une biographie de Scott Fitzgerald, ainsi que les débats érudits avec son pote Nietzland durant leurs interminables parties de dames.
Sublimant l'art du bref en authentique roman, Alexandre Labruffe nous entraîne dans un dédale fictionnel, une multiplicité d'intrigues minimalistes, où se débat la conscience d'un individu à la fois hors du temps et extra-lucide sur son époque. Tendre et caustique, Chroniques d'une station-service est une tentative d'épuisement d'un non-lieu exemplaire, sinon d'une société en manque - d'essence, de sens. Par petites touches impressionnistes, l'auteur explore le terrain de l'infra-ordinaire, du fiasco, de l'acte manqué, pour en extraire les matières premières d'une imagination déjantée.
Envie d’une lecture légère et drôle ?
J’ai ce qu’il vous faut ! Les chroniques d’une station service sont là pour vous faire sourire, rire même, mais aussi réfléchir (ce n’est pas que léger). Il y a un côté philosophique à certaines des réflexions de notre pompiste qui tue le temps comme il peut entre deux clients de sa station aux portes de Paris.
Extrait : « J’aurai tant aimé être Baudrillard. Courir nu dans les champs.
Dire : Tout le monde demande le plein. Mais personne n’a jamais demandé le vide. »
Ce roman, ce sont des rencontres entre des habitués, des occasionnels ou des clients étranges. Ce sont aussi des histoires abracadabrantesques que ce pompiste se raconte, s’imaginant une histoire d’espionnage autour de livres remis poste restante dans sa station ; et c’est drôle, un peu foutraque et ça fait du bien.
J’étais seule sur ma serviette de plage à rire et je voyais les regards interrogateurs de mes voisins « mais que lit-elle donc !? » Alors vous savez quoi, pour finir vos vacances ou bien commencer la rentrée, partez à la rencontre de ce pompiste galeriste (ah oui il se sert aussi de ce lieu comme d’une galerie d’exposition et parfois comme d’une salle de cinéma) et détendez-vous !
Allez une dernière : j’aurais aimé être Baudrillard et pouvoir lancer : « La Subaru est au prêtre ce que les bas résille sont aux nonnes. »
Un roman ? Oui, c'est ainsi que l'ouvrage est catalogué .
Un roman constitué des fragments numérotés d'un discours narratif, de longueur variable ( allant d'une ligne à 3 pages) : celui du gérant d'une modeste station service de banlieue «au milieu de nulle part, coincé entre un hôtel Campanile et un HLM promis à la démolition», l'une des rares où l'on sert encore de «l'ordinaire»
Il se voit comme le gardien désenchanté d'un vestige, «le dernier dinosaure du monde moderne» dont il décrit et analyse le quotidien par touches disparates .
A première vue, un texte décousu, peu attirant …....cependant la lecture de ce blues d'un pompiste de banlieue s'est révélée pour moi savoureuse .
Ce pompiste-narrateur, dans «sa capsule» est transparent pour la plupart des gens qui le regardent à peine en venant payer leur plein, mais a le temps et le loisir d'observer ses clients, leurs habitudes, et d'en proposer une approche sociologique : il est le symbole de l'éphémère et de l'impermanence où les gens ne font que passer .Il n'hésite d'ailleurs pas à ponctuer et nourrir son récit tantôt par des citations du philosophe Baudrillard, tantôt par des répliques de films qu'il regarde en boucle sur le téléviseur accroché au mur. Des films dans lesquels la station-service est toujours au «carrefour d'un monde interlope», un passage obligé des fuyards ou des gangsters.
Ces fragments de réflexion viennent se glisser au milieu de séquences plus légères où apparaissent des situations décalées ou cocasses mettant en scène des clients, son patron, ou lui-même dans ses relations avec ses proches et dans ses propres ratés de séducteur maladroit .
Un ouvrage singulier, baroque dans sa construction, qui progresse par petites touches, et qui nous incite à jeter un autre regard sur ce lieu en voie de disparition, désormais remplacé par les ses stations d'autoroute «clinquantes, rutilantes , modernes et providentielles»
«Aujourd’hui, c’est un jour comme un autre. Il est 17 heures. Je ne fais rien de particulier. Sur le téléviseur installé derrière le comptoir, j’ai mis Mad Max, la version de 1979, que je regarde en boucle depuis ma prise de fonction, essayant d’en extraire sa quintessence, ses enseignements métaphysiques, philosophiques, religieux. Un client boit un café, absorbé lui aussi par le film. Le soleil se couche. Un rayon lèche l’écran. Une Renault Espace se gare devant la pompe no 2. Je suis disposé de telle façon que je peux regarder et la télé et l’entrée, les gens qui débarquent.»
Quoi de plus banal et de plus ennuyeux que le travail dans une station-service? Comme le dit le narrateur de ce roman très original, la plupart des automobilistes ignorent jusqu’à l’existence de l’employé qui n’est plus pompiste. Mais à bien y regarder, cet endroit offre un point d’observation privilégié sur le monde, à condition d’élaborer une stratégie pour tromper la routine et l’ennui. Car, que l’on soit riche ou pauvre, en déplacement professionnel ou pour touriste, que l’on soit seul au volant ou en famille, tous se retrouvent un jour à devoir faire le plein ou effectuer un achat de dernière minute et laissent transparaître un bout de leur vie derrière les pompes à essence.
Le jeune homme que met en scène Alexandre Labruffe aime autant l’odeur de l’essence que son poste situé en banlieue parisienne, près de Pantin. Il se voit comme une «vigie sociétale» qui voit passer le monde devant lui «partir ou arriver, excité ou épuisé». La galerie de personnages qui défile là nous donne en effet de quoi nous divertir ou nous faire réfléchir sur des sujets aussi variés que la famille, la politique, l’environnement, les médias ou encore les relations hommes-femmes.
Plus pu moins sérieuses, les notations sur le Coca zéro, le plus produit qu’il vend le plus, sur les films de série B ou de science-fiction qu’il passe en boucle sur son écran ou encore sur les manies des habitués vont le rapprocher de son mentor, lui qui aurait aimé être Baudrillard.
Les mini-chroniques, qui sont autant de choses vues, vont prendre un tour plus intime quand apparaît la jeune femme asiatique: «Cette femme est un mirage. Elle vient probablement d’une autre galaxie. Tous les mardis à la même heure, vers 18 heures, habillée invariablement de talons hauts, de collants (noir ou chair) et d’une jupe à pois (ce qui renforce son innocence et son éclat), elle achète un paquet de chips à l’oignon et repart. Tétanisé, je la regarde pénétrer dans le magasin. Je retiens mon souffle. Tout se contracte, se fige. Le temps. La station. L’espace. Mon cœur.» Que les lecteurs à la recherche d’un plan de drague infaillible passent leur chemin… À moins qu’ils cherchent la confirmation que pour peu que la volonté soit là, il est possible que des miracles se réalisent. Mais je vous laisse découvrir les charmes de la relation qui va se nouer avec Seiza pour en venir aux autres relations de notre employé-sociologue, Ray, Jean Pol, Nietzland et les autres. Cet ami qui divorce sans vouloir quitter sa femme, ce patron qui voit d’un mauvais œil ses initiatives artistiques – transformer la station en galerie d’art – ou encore cette Cassandre qu’il retrouve dans son lit. Un vrai régal de «choses vues», avec un œil pétillant de malice.
https://urlz.fr/bcBo
Ce roman composé de textes brefs, nous entraîne dans le quotidien quasi immobile d'un employé de station-service d'une aire urbaine.
Chroniques des clients qui passent et ne reviennent jamais, des habitués auxquels on s'attache, instantanés de conversations de voyageurs de commerce, et description de l'attente fébrile de la reprise de l'approvisionnement en carburant lors d'un blocus des raffineries ...
J'ai apprécié cette suite de petits textes courts qui gagne en ampleur au fur et à mesure que le texte avance, quand on retrouve des personnages déjà croisés, quand le narrateur dévoile quelques pans de sa vie privée ...
Un premier roman d'un auteur qui devra confirmer son talent !
Petit ouvrage qui porte bien son nom. Le résumé c'est son titre.
Je l'ai lu en une soirée, car il se lit bien (je ne peux pas dire le contraire), a peu de pages et beaucoup de trous entre les paragraphes !
Toutefois (et j'en suis désolée pour son auteur), il ne m'en restera rien.
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