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Il s'appelle Ramou. Il est français. Il a 24 ans. Plein d'enthousiasme et de naïveté, il débarque un beau matin dans un petit pays d'Afrique où il doit enseigner pendant deux ans l'économie générale à l'Institut Polytechnique. Il s'appelle Joseph. Il va devenir son boy. Sur la colline, on murmure qu'il a trop de diplômes pour faire ce métier-là, et qu'il travaille peut-être pour la Sûreté. Ce qui est sûr, c'est qu'il a un secret... Un portrait féroce du petit monde des expatriés, plein d'ironie et de bonne humeur.Béatrice Hammer est romancière, scénariste et réalisatrice. Elle a publié une quinzaine d'ouvrages, qui lui ont valu régulièrement le prix des lecteurs notamment le prix Goya, le prix Tatoulu et le prix Livre mon ami. Cannibale blues, son plus grand succès, a été la sélection Attention Talent des libraires de la FNAC. Une baignoire de sang, son premier polar vient de sortir aux éditions Alter Real.
Plein d’enthousiasme, Philippe Ramou débarque en Afrique dans le cadre d’un programme de coopération. Nous sommes en 1984. Avec ses vingt-quatre ans, ses certitudes de français, ses idéaux de jeune homme, il vient là pour deux ans afin d’enseigner l’économie dans un Institut Polytechnique. Dès son arrivée, il se retrouve flanqué d’un boy, Joseph, qui semble avoir quelques secrets à cacher. On murmure qu’il travaillerait pour la Sûreté et serait chargé d’espionner les personnes chez qui il est en service. Evidemment, la réalité du terrain est bien loin de ce à quoi s’attendait Philippe. Il se retrouve très vite en butte à la malignité de ses collègues, à la vision quasiment colonialiste des expatriés, aux magouilles locales et à des élèves pas aussi coopératifs qu’il l’aurait espéré. Le voilà même bousculé dans sa fidélité à sa fiancée, Juliette, restée en France par une Vénus noir sublime et une américaine entreprenante.
Petit à petit, les certitudes de Philippe s’effondrent au contact des réalités d’un pays loin de l’image d’Epinal qu’il s’en était fait.
Béatrice Hammer a choisi de raconter l’histoire à travers les voix de Philippe et de Joseph qui se répondent dans ce récit à l’humour féroce. A la naïveté touchante du jeune enseignant vient se juxtaposer le mystère qui entoure la personnalité de Joseph. Autour de ces deux hommes gravite une galerie de personnages hauts en couleurs. Un directeur d’Institut corrompu, un couple échangiste, un religieux magnanime... Tous pétris d’a priori et certainement pleins de bonnes intentions.
La confrontation entre ces mondes et ces personnages est l’occasion pour l’auteure de dresser une satire caustique qui ne ménage personne. L’arrivée de Juliette, la petite fiancée française, sera l’occasion d’un nouveau basculement dans la vie de Philippe qui s’empêtre de plus en plus dans ces relations et dans sa vision de l’Afrique. On comprend au fil de l’histoire qui est réellement le personnage de Joseph, quels drames il a traversé (la touche émotion du récit vient principalement de son histoire), son rôle dans le lent effondrement de Philippe et les raisons qui le poussent à agir de la sorte.
Béatrice Hammer explore tous les clichés qui peuvent s’attacher à l’Afrique, à la relation entre les blancs et les noirs, entre les hommes et les femmes, entre les classes sociales pour les tourner en dérision en dosant très subtilement l’ironie tout au long des pages.
C’est un roman très plaisant qui se lit avec intérêt et dont les rebondissements sont justement amenés. Même celui de la fin dont on se demande s’il est une nouvelle façon de profiter de la naïveté de Philippe ou la réalité. Chacun des personnages est attachant à sa manière (roublarde, naïve, intéressée) et on apprécie grandement ce voyage en Afrique.
J'ai lu avec beaucoup de plaisir ce roman gagné chez les @editions_davallon . Une nouvelle maison d'édition, associative gérée par des bénévoles passionnés, avec donc une philosophie et un modèle économique différents: L'intégralité des droits d'auteurs sont reversés aux auteurs.
Cannibale blues a été la sélection "Attention talent" des libraires Fnac en mars 1999. Les editions d'Avallon lui offrent une nouvelle vie. Et tant mieux, car la plume de @beatrice.hammer75 est très agréable. Alerte, ironique, acide, elle m'a fait passer un excellent moment de lecture.
Philippe Ramou est un jeune homme idéaliste qui débarque en Afrique en 1984 en tant que coopérant avec le projet grâce à son enseignement( il est prof d'économie) de former la future élite africaine et de tirer ainsi le pays de l'ornière de la misère. Rien que ça. Ne croyez pas pour autant qu'il soit un blanc arrogant. Pas du tout. Il veut sincèrement aider et aimer les Africains. Il va d'ailleurs nourrir une réelle affection pour Joseph son boy. Qu'il n'a pas souhaiter avoir du reste. Il est terriblement gêné au début de se faire servir. Mais très vite ce qui le gênait va devenir naturel que ce soit à la maison ou à l'école où il enseigne. L'intégration au pays ne ressemble pas du tout à ce qu'il s'était imaginé. Pauvre Philippe plein de doutes et de questionnements ! Le roman alterne la narration de Joseph dont on comprend très vite qu'il cache quelque chose, qu'il est bien trop éduqué pour un simple boy, et les lettres que Philippe envoie à sa fiancée Juliette restée en France ainsi que son journal. Puis dans la seconde partie, Juliette arrive elle aussi en Afrique et tout va se déglinguer dans la vie de ce pauvre Philippe...
C'est d'une drôlerie féroce et la petite société des expatriés n'échappe pas à une peinture au vitriol pour dénoncer le sentiment de supériorité des blancs sur les africains. L'autrice a elle même connu au Rwanda cette vie d'expatriés à laquelle elle a eu du mal à s'adapter et qui lui a donné l'idée de ce roman où le pouvoir n'est pas là où on l'attend ! Un roman qui se lit comme un polar !
C’est cette fois avec un roman totalement différent que l’auteure fait de nouveau parler d’elle. Un voyage en Afrique, au coeur d’une culture et de coutumes différentes qui vont faire douter Ramou, arrivé dans ce pays, sur ce continent armé de toutes ces belles intentions et ses aprioris d’Européen. Un roman véritablement dépaysant, mais dans lequel je me suis sentie moins à l’aise que dans Une baignoire de sang, qui correspond davantage à mon univers de lecture.
Entre le point de vue de Ramou et celui de Joseph « son boy », le lecteur découvre au mettre titre que ce jeune enseignant, cette façon de penser et d’aborder la vie si différente de ce à quoi son éducation et la bienséance l’ont habitué. Quelques longueurs certes, mais quelques moments croustillants et jubilatoires, entre séances de danse Africaine et bon mots de personnages haut en couleurs. Ramou va d’une certaine façon se redécouvrir, sorti de sa zone de confort il va aborder des côtés inconnus de sa personnalité, de ses désirs, des possibilités qui lui sont offertes.
http://livresque78.com/2020/11/12/cannibale-blues-de-beatrice-hammer-aux-editions-avallon/
Pour Philippe, son premier rendez-vous avec l'Afrique se fait par le biais d'une mission pour le service national. En donnant des cours à des élèves, il se voit déjà conquérir et sauver le continent...
C'est dans le sillage du jeune Philippe que nous parcourons cette aventure étonnante et mouvementée. Ici, les idéaux, les à priori se confrontent à la réalité dans la pagaille ambiante. Nous y suivrons les billets d'humeur, les tranches de vie, de différents protagonistes.
C'est tendre, coloré, fruité, explosif. On est bousculé par des scènes cocasses et déjantées. On y croise des portraits caricaturaux qui débordent de générosité et de sensualité. Par le biais de confidences, se créé une proximité qui touche à cœur. Les chapitres sont courts et donnent du dynamisme au récit. L'écriture est fuselée, acide. Il y a une véritable évolution à laquelle on assiste dans cette expérience. Le jeu est féroce, sauvage. Le spectacle est haut en couleur, saisissant. On évoque l'Afrique ici dans les grandes lignes avec humour, audace et ingéniosité.
Le voyage est catapultant et l'atterrissage grinçant et forcé. Un choc des cultures qui n'est plus à démontrer !
Je retrouve Béatrice Hammer après Une baignoire de sang. Cannibale blues a été écrit avant et les toutes récentes éditions d'Avallon, structure associative gérée par des bénévoles, ont décidé de le rééditer. Bonne idée, car cette plongée dans le monde des expatriés sur fond de FrançAfrique est à la fois mordante et drôle. Empli de bonnes intentions et de bons principes d'égalité entre blancs et noirs, Philippe Ramou se confronte vite à la réalité du pays : les blancs y ont les postes les plus en vue, vivent entre eux et se paient les services d'Africains heureux de trouver du travail. Béatrice Hammer met le doigt sur la difficile adéquation entre les belles idées et la réalité. Se passer de serviteur est mal vu. Les payer davantage que les autres attise les jalousies de tous. Et finalement le pli semble vite pris. Sauf que Ramou se prend d'amitié sincère pour son boy Joseph. Comment agir lorsque les bonnes intentions se heurtent à la réalité et à la suffisance des blancs ressentie par les noirs, cette espèce de supériorité qui fait que certains pensent pouvoir apporter une aide nécessaire et indispensable ? La prise de conscience est rude.
Je ne cache pas que certains passages m'ont paru longs et répétitifs : la lente et longue introspection de Ramou sur la fidélité, ses questionnements maintes fois réitérés m'ont contraint à passer quelques pages. Néanmoins, sa maladresse, sa pudibonderie sont touchantes, totalement décalées dans le monde des expatriés dans ce pays. Ce livre fonctionne avec les codes du roman initiatique pour ce jeune homme un peu gauche qui sera transformé à jamais.
La seconde partie est plus vive, plus dynamique. Toujours aussi alerte et pleine d'humour, la plume de l'auteure est là pour souligner telle ou telle contradiction, tel comportement ou attitude. Et si je puis m'exprimer ainsi, tout n'est pas tout blanc ou tout noir dans ce roman, Joseph a un secret, d'autres locaux se jouent des blancs et comptent bien en profiter. C'est plutôt joyeux et enlevé mais le contexte est un questionnement de fond sur les rapports entre Occidentaux et Africains dans les années 80 aux grandes années de la coopération.
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