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30 décembre 1989, Stan et Pascal arrivent à Berlin pour quelques jours. Au pied du Mur que Berlinois et visiteurs sont occupés à détruire dans la liesse générale, ils rencontrent une fille à la peau brune et aux yeux vairons, Maya, qui subjugue immédiatement Stan. C'est avec elle et ses colocataires d'un appartement communautaire qu'ils passent le réveillon. Déjà installés tous deux dans des vies grises malgré leur jeunesse, Stan et Pascal sont conquis par la ferveur d'un peuple vivant une formidable réconciliation nationale. Il leur semble que les mots «espoir» et «fraternité» prennent là un sens sublimé par la possibilité soudaine de leur application dans la réalité du monde. Ils décident de rester à Berlin.
Berlin, ville magique où tout paraît possible en cette année 1990, abrite les débuts du groupe de rock que Stan et Pascal montent avec Clémentine, mais surtout les soubresauts d'une passion entre Stan et Maya, la jeune femme fiévreuse qui peint inlassablement ses rêves et ses terreurs. Fille d'un exilé cubain et d'une Allemande, Maya a grandi à Iéna, en RDA, dans une ambiance plombée de crainte et de suspicion. Son enthousiasme face aux grands mouvements de l'Histoire n'a d'égale que sa déception quand la menace néonazie semble fleurir tout à coup sur les décombres du bloc de l'Est.
Happés par l’enthousiasme et la liesse générale, Stan et Pascal décide de passer le nouvel à Berlin quelques semaines après la chute du mur. Ils y rencontrent Maya, une Allemande de l’Est, à la peau brune et aux yeux arc-en-ciel dont Stan tombe fou amoureux. Berlin est en effervescence et les deux amis décident de s’y installer pour goûter une liberté totale.
La passion charnelle qui unie les deux amoureux cède comme les rêves suscités par la réunification. L’individualisme, le capitalisme et la résurgence des mouvements néonazis assombrissent ces heures exceptionnelles. Les attentes étaient si fortes que la désillusion et le désespoir l’emportent.
Hymne à cette ville magique qu’est Berlin, Wilfried N’Sondé signe aussi un beau roman d’amour, sensuel et envoûtant.
Parmi les événements qui ont marqué la fin du XXe siècle, la chute du mur de Berlin occupe – au moins pour de nombreux Européens – une place à part. C’est l’un de ces rares moments où chaque individu à pu sentir qu’il tutoyait l’Histoire, celle avec un grand «H». C’est sans doute ce qui a motivé Stan, professeur d’allemand en région parisienne, à faire le voyage avec un ami pour fêter le nouvel an 1989 dans la ville réunifiée.
Mais dès les premières lignes, on comprend que l’intime va sans doute prendre la place, ou du moins se mêler à la politique (voir extrait ci-dessous).
Maya est la Berlinoise qui donne son titre au livre, artiste peintre qui découvre la liberté, après avoir vécu sa jeunesse sous le régime de la RDA et la stasi. « Quand elle a compris que j’étais fraîchement arrivé dans la ville, Maya s’est proposée de me servir de guide et s’est mis en tête de me détailler la situation.»
L’ambiance festive d’une part, mais sans doute aussi la curiosité qui les entraîne l’un vers l’autre, vont faire de ces vacances un moment inoubliable.
Car ils sont à l’unisson de ce que vivent tous les Berlinois, à ce moment charnière où tout est possible. Où rêves les plus fous dominent les futures désillusions.
Berlin en 1989, c’est une histoire d’amour qui commence. Comme celle de Stan et Maya, elle est intense, joyeuse et libre de toutes contraintes. C’est si fort qu’il devient vite évident qu’il est impossible de prendre le chemin du retour. Rester pour jouir encore. « Quand arriva le mois de mars, j’ai prié pour que se multiplient les jours de pluies glacées qui nous dissuadaient de sortir, nous restions des week-ends entiers collés l’un à l’autre sous les draps. » explique le narrateur, qui sent en même temps que la situation est exceptionnelle et qu’elle ne peut continuer éternellement.
Les premières illusions laissent place aux regrets et à la frustration : «de retour à Berlin vers la fin de l’été, nous sommes entrés dans l’automne et sa grisaille. Les semaines se succédèrent, avec elles d’autres bouleversements. »
Wilfried N’Sondé a trouvé à la fois le ton juste et la meilleure construction qui soit pour rendre compte de l’intensité puis du déchirement, de la ferveur puis du désenchantement qui – à l’image du couple formé par Stan et Maya – frappe tous les Berlinois en ce XXe siècle finissant.
Déjà s’annoncent les périls : attaques racistes, foyer de demandeurs d’asile incendié, assassinat d’un jeune mozambicain par un groupe de skinheads. La belle parenthèse se referme, mais elle restera un épisode inoubliable pour les acteurs. Et pour le lecteur.
https://collectiondelivres.wordpress.com/2015/04/
L'immense Rostropovitch jouant du violoncelle au pied de ce mur que les Allemands de l'est et de l'ouest avaient pris d'assaut dans la liesse générale, voilà l'image qui restera de ce 9 novembre 1989. Des images où se conjuguent l'espoir de liberté d'un peuple et sa foi en l'avenir. C'est à cette même période que Stan un jeune professeur rencontre Maya la fille d'un Cubain qui n'a connu juste qu'à la chute du mur que grisaille de l'est, les privations, et l'angoisse d'être constamment épiée.
C'est l'histoire de ce couple naissant qu'a choisi de mettre en lumière Wilfried N'Sondé, à la grande Histoire, il mêle celle de ces anonymes qui ont tant espéré de ce changement inespéré. À la guerre froide succédait la chaleur des retrouvailles, la célébration d'une ère nouvelle, la libération des esprits, mais aussi des corps qui se découvrent dans une sensualité exacerbée. Et de sensualité, il en est question dans Berlinoise, Wilfried N'Sondé fait vivre, revivre les corps à travers les mots qu'il couche sur le papier, de chacune des pages de ce superbe roman exhale la moiteur des corps de Stan et Maya unis, portés par l'espoir d'un avenir où tout est possible.
Mais ce roman est aussi celui des illusions perdues. À la liesse succède la peur de la nouveauté, le manque de repère. Ainsi, l'angoisse de ne pas comprendre ce monde dont ils ne possèdent pas les codes pousse certains extrémistes à commettre des actes contre les Autres, ceux que l'on ne connaît pas, l'Allemagne doit faire face à une recrudescence d'actes racistes et xénophobes. Et Maya, perd pied. Maya, à peur, ne se reconnaît plus dans un monde qui a changé. Elle s’était construite contre une idéologie, contre un système de pensée qui n'existe plus, alors qui est-elle aujourd'hui ?
C'est la lente asphyxie de ce couple que met en exergue ce doux et poétique roman de Wilfried N'Sondé. Le lecteur dès les premières pages se laisse porter par la suave mélodie de cette rencontre, mais il pressent qu'il sera difficile pour ces deux etres pourtant sincèrement épris l'un de l'autre de faire table rase des systèmes de pensées diamétralement opposés qu'ils leur ont été inculqués par les sociétés dans lesquelles ils ont grandis. Que peuvent les sentiments face à des façons différentes d'appréhender le monde ?
Avec Berlinoise, Wilfried N'Sondé signe un roman aux multiples facettes, doux et violent à la fois, sensuel et plein de rigueur. Un roman grave, mais également plein de candeur, un superbe roman porté par une voix particulière qu'il faut vraiment découvrir...
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