Et si on sortait des sentiers battus de la rentrée littéraire ?
À l'est du mur qui sépare Berlin en deux, elles se sont promis de ne jamais se quitter. Hannah et Judith ont six ans quand elles se rencontrent pour la première fois, leur amitié est de celles qui commencent tôt et ne finissent jamais. Elles vivent une enfance heureuse dans un pays qui ne l'est pas. Mais comment préserver ce qu'elles ont de plus cher quand le père de Judith, cadre zélé de la Stasi, préférerait que sa fille s'éloigne de la petite Hannah et de sa mère très critique à l'égard du Parti ? Que se passera-t-il quand Karl, adolescent voyou, trouvera ce que cache son pasteur de père dans les sous-sols de son église ? Et quel rôle jouera Werner, ancien soldat nazi entré en marginalité, maquillant son visage pour attiser encore la fureur de la Stasi ? Sur vingt années traversant l'histoire de la RDA, ces personnages et bien d'autres vont évoluer, grandir, affronter les dangers et défier le pouvoir en place. Certains tenteront de s'évader du paradis socialiste, d'autres seront victimes de son implacable régime. Mais Hannah et Judith lutteront de toutes leurs forces pour protéger leur merveilleuse amitié. Un roman haletant sur fond de totalitarisme, où l'univers des enfants offre de purs moments d'éblouissement.
Et si on sortait des sentiers battus de la rentrée littéraire ?
Une très belle histoire d'amitié entre deux jeunes enfants, amitié qui perdure à l'âge adulte, en dépit des circonstances, Hannah et Judith braveront les interdits dans un Berlin partagé en deux par le mur de la honte. Le père de Judith est cadre de la Stasi et voit d'un mauvais oeil cette amitié que les deux jeunes filles maintiendront en cachette. De belles images de cette Allemagne déchirée, une écriture fluide, Benjamin de Laforcade, auteur que je ne connaissais pas, nous emporte avec lui au fil de ce roman.
Dès leur plus jeune âge , chez les pionniers, Hannah et Judith, apprennent à obéir et à aimer la République démocratique allemande. Dans la largeur immense de l’avenue défilent les chars de l’armée populaire nationale, la marche des soldats rythme les applaudissements. Les immeubles sinistres, leurs fenêtres condamnées, les regards suspicieux, chacun épie son voisin. La crasse de Berlin. Devant les magasins tout le monde se presse, piétine, s’agace, la queue n’avance pas, à l’intérieur tout est vide, les rayons, les étagères. Et la liberté est à quelques mètres… derrière le mur.
Le récit commence en 1967 et se termine en 2016, permettant au lecteur de traverser avec Hannah et Judith l’histoire de la RDA. Une histoire d’amitié puis d’amour entre deux jeunes filles. Benjamin de Laforcade avec une plume évocatrice brosse avec brio le portrait de la République démocratique allemande, à travers les destinées d'un groupe de personnages. Nous suivons leur vie quotidienne étouffée de désirs avec la lente montée de la contestation d’abord clandestine puis au grand jour la rage remplaçant la peur. L’auteur sait parfaitement nous plonger dans l’atmosphère des années noires de la RDA, un état totalitaire avec un impitoyable système de surveillance des citoyens.
Une amitié inconditionnelle entre deux fillettes de six ans, à l’est du mur de Berlin.
Des personnages marqués sans être caricaturaux : un père cadre de la Stasi, une mère célibataire qui élève seule sa fille, un fils de pasteur qui devient voyou, un ancien nazi alcoolique qui se grime en clown, …et dans ce monde, deux filles qui vont grandir jusqu’à devenir adultes, et vont lutter pour sauvegarder leur amitié.
C’est un roman haletant, qui nous rappelle la vie des allemands quand leur pays était divisé, qui illustre les méthodes de la Stasi dans le quotidien des habitants de Berlin, qui à travers cette histoire d’amitié féminine nous rapporte une tranche de l’Histoire allemande, dans sa période de reconstruction post seconde guerre mondiale.
C’est un roman éblouissant, ou des éclairs de lumière jaillissent au milieu de la noirceur de la situation ; c’est une illustration du totalitarisme, qui fait intervenir des enfants ; c’est fin, intelligent et le sujet est traité de façon inattendue.
Un très beau roman de cette rentrée, que j’ai eu beaucoup de mal à quitter. J’aurais pu y rester encore quelques dizaines de pages …
Elles sont nées avec le mur et se rencontrent lorsqu'elles sont petites; Une amitié indéfectible va naitre entre les deux fillettes. Pourtant, le père de l'une va empêcher qu'elles se voient. Entre secrets d'enfance, Stasi et difficultés de vivre en Allemagne de l'est au temps du mur de la honte, une histoire prenante qui pousse le lecteur à la réflexion.
Un roman magnifique, merveilleusement écrit par un jeune auteur talentueux qui confirme ici une entrée remarquable en littérature. Un de mes plus gros coups de coeur de la rentrée 2024!
Ça tient à peu de choses le début d’une amitié. Parfois juste à une fourmi qui fait se rapprocher les épaules de deux petites filles de six ans sur un terrain vague de Berlin Est.
Nous sommes en 1967 et le mur traverse la ville. Judith et Anna sont trop jeunes pour en comprendre la portée mais elles grandissent dans son ombre, dans une relative insouciance, fortes d’une amitié qui ne cessera de croitre. Pour leurs parents il n’en va pas de même. Ils vivent dans le même immeuble mais leurs vies sont bien différentes. Rita, la mère d’Hannah l’élève seule. Ouvrière en usine elle subit de plein fouet les restrictions, la misère et son caractère entier et explosif s’accommode mal de la discrétion imposée par le régime. Et même si elle se rapproche de Inge, la mère de Judith, l’hostilité de Peter son époux, cadre zélé de la Stasi, maintient une distance entre les deux femmes. Un mur invisible celui-là, mais qui ne cessera de grandir jusqu’à mettre en péril l’amitié des deux petites filles.
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Ils sont nombreux les livres sur l’enfance et sur l’amitié. On pourrait imaginer que tout a déjà été écrit et pourtant Benjamin de Laforcade a réussi à me surprendre avec ce très très beau roman. Il m’avait déjà séduite avec « Rouge nu » son premier titre, mais je crois que celui-ci m’a plu plus encore.
Par son contexte, celui de la guerre froide en RDA. Une époque grise, terne où le totalitarisme avait pris le pas sur l’idéal communiste et où chacun vivait sous la menace de la dénonciation. La peinture qu’il en dresse est glaçante, mais toute en nuance, chacun des protagonistes s’accommodant à sa manière avec ses idéaux. Certains fidèles au régime, par conviction ou opportunisme, d’autres tentant de résister, voire de s’évader. Un scission pouvant intervenir au sein même des familles, entre un père et un fils, une femme et son époux, avec éclat et courage, avec résignation ou lâcheté, pour se protéger ou protéger les siens. J’ai aimé tous ses personnages, leur complexité, leurs paradoxes et j’ai été bluffée par la finesse de leur peinture.
Mais c’est réellement la description de cette amitié qui m’a le plus touchée.
L’innocence de l’enfance, magnifiée par ce lien très fort entre Hannah et Judith, ce lien unique qui efface tout ce qui les entoure, qui floute toutes les aspérités et rend lumineux chaque instant partagé. Cet âge où elles parlent « un langage de pouces et de paumes », où « d’une pression légère, elles disent je suis là ». Avec l’envie de faire durer ces moments, parce que « grandir c’est oublier et il n’y a rien dans leur amitié qui mérite d’être oublié ». Et puis le lent basculement vers l’adolescence, la prise de conscience. Cet âge « entre deux rives » où « l’on se souvient de tout et où l’on devine ce qui nous attend ». C’est superbement décrit, dans une langue très belle, presque poétique, mais sans emphase inutile, juste comme il faut.
Un roman trop peu vu à mon goût que j’ai à cœur de mettre en visibilité. J’espère vous avoir convaincus
1967 – Berlin Est. Hannah et Judith ont 6 ans lors de leurs premières rencontres, et tout de suite, le lien affectif est scellé.
Une amitié instinctive et sensuelle
« Elles partagent un seul courage, l’échangent en resserrant leurs doigts au creux des mains qu’elles se tiennent. Hannah et Judith parlent une langue de pouces et de paumes. D’une pression légère, elles disent, je suis là. »
Mais le père de Judith, cadre fervent de la Stasi cherche à exclure Hannah et surtout sa mère célibataire, qu’il trouve trop libre et trop critique.
On suit ces personnages et d’autres, sur une vingtaine d’années.
L’espace de temps nécessaire pour bien montrer de l’intérieur, Berlin Est, la RDA et son régime totalitariste, la vie quotidienne des habitants.
Et de fait, le roman rend bien compte :
- De la misère de la population, même si les mots des politiques les habillent de paillettes et de fausses promesses.
- De la lâcheté des individus face au régime. Comme la mort de cet enfant turc.
« Et puis, un gamin s’était noyé. Cent fois, on aurait pu le sauver, cueillir son petit corps à la surface de l’eau. Personne n’avait eu le courage de violer la frontière. Derrière l’absurdité, la mort qui frappe. »
- De la révolte qui monte petit à petit et gronde.
« Tous ces mots qu’on pensait interdits, les voilà répétés jusqu’à l’étourdissement, gagnant toujours un peu plus de terrain, (…) Dans les yeux de ceux qu’il interroge, une rage a remplacé la peur, une nouvelle ardeur. Les voilà qui répondent, menteurs éhontés au lieu de se pisser dessus. »
Un bel hommage à l’amitié.
Même si je ne me suis pas attachée aux personnages, peut-être car l’analyse psychologique manque de profondeur.
Cela n’empêche, c’est un bon roman ne serait-ce que par la qualité de l’écriture. Richesse du vocabulaire, fluidité des phrases.
Merci aux éditions Gallimard pour ce bon moment de lecture !
https://commelaplume.blogspot.com/
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