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Antoine Choplin a remonté sa rivière au fil des quatre saisons.
Une route à pied, en solitaire, pour s'enivrer de paysages, de nature, d'histoire et de littérature.
Un récit intime sur la marche et l'écriture par l'auteur de La Nuit tombée (La Fosse aux ours), Prix France Télévisions 2012.
L'écrivain grenoblois a choisi de revenir aux sources.
Celles de l'Isère, depuis sa confluence avec le Rhône, jusqu'au glacier qui la voit naître, à plus de 2600 mètres, dans le massif des Alpes.
En remontant la rivière à pied, il progresse à contre-courant dans l'espace, mais aussi dans le temps, parcourant le chemin en quatre étapes, au fil des quatre saisons. Ou comment confronter les coins familiers qu'il fréquente aujourd'hui avec ceux arpentés hier, enfant, aux côtés de son père. Comment transformer une promenade dominicale en épopée, marchant plus de 30 kilomètres par jour. Comment croiser des proches mais aussi des vagabonds. Explorer en terrain connu.
Un beau récit qui mêle contrastes, passé, patrimoine, histoire et interrogations sur l'écriture. À chaque saison son chapitre, son paysage, son ressenti, ses rencontres. Quatre volets d'une marche intime, et d'une marche qui entretient aussi avec l'écriture une relation puissante.
La Nuit tombée (Fosse aux ours), Prix France Télévisions 2012.
C'est la première fois que je lis un livre d'Antoine Choplin qui n'est pas un roman. Il a décidé de marcher le long de l'Isère, à quatre moments de l'année pour profiter des saisons. Aux réflexions sur le paysage se mêlent quelques souvenirs personnels, des phrases sur la marche mais aussi sur l'écriture. C'est sans aucun doute le livre le plus intime de l'auteur, ou disons celui dans lequel on perçoit le plus d'intime, chez cet auteur qui ne semble jamais se livrer dans ses fictions. Et je l'ai savouré comme il le mérite. Comme avec ses romans, je ne sais pas clairement expliquer ce qui me réjouit, une délicatesse certaine mais aussi une profondeur qui n'a pas besoin d'étalage. Antoine Choplin fait partie de ces auteurs qui sont entrés dans ma vie "sans faire de bruit", ce ne fut pas un coup de foudre mais l'apprentissage, de livre en livre (c'est le sixième que je déguste) d'une plume. Ça rend le lien plus fort d'avoir été tissé avec le temps et surtout, c'est le seul auteur dont je sais à chaque fois que je le lirai. Je mets au défi les marcheurs de ne pas avoir envie de chausser les baskets ou les chaussures de marche à la lecture de ce livre. Le parcours emprunté est très intéressant car l'auteur a parfois traversé des lieux qui ne sont pas ceux des marcheurs, des banlieues, des villes.
Mais éprouver sa propre étrangeté dans l’œil des autres est aussi un agrément. Il éveille le sentiment d'une singularité naissante et qui appelle parfois avec facilité la parole et l'échange.
Comme dans la vie, comme dans l'écriture, il a parfois dû rebrousser chemin et emprunter un autre sentier. Et moi qui invente toujours des vies aux inconnus que je croise (dans les files d'attente par exemple, quand je saisis des bribes de conversation), j'ai aimé les interrogations autour des personnes rencontrées, comme celle qui consiste à se demander pourquoi cet homme qui n'a absolument aucune envie d'écrire, pense qu'il devrait écrire après être sorti d'un coma. Il y aussi ces moments touchants, la manière dont il parle de la collaboration avec les prisonniers sur son festival de l'Arpenteur. Il suffit de passer quelques heures en compagnie de l'auteur pour parfaitement visualiser ce que peuvent être toutes ces rencontres avec les autres, un mélange de chaleur, de délicatesse (oui, c'est un mot qui revient quand je pense à l'auteur et à ses romans) et d'écoute des autres.
Je ne sais pas s'il vaut mieux commencer par ce livre et enchaîner sur un roman ou l'inverse mais j'ai aimé apprendre que l'auteur ne décrit jamais de visages dans ses romans, j'avoue que cela ne m'avait pas frappée.
Il y a dans ce livre un passage très particulier sur lequel j'ai eu envie de poser des questions à l'auteur et j'aurais pu le faire. Mais non, je veux rester avec cette part de mystère, inventer le pourquoi, le mien, celui du lecteur.
C'est un peu long, il faudra m'en excuser mais le temps partagé avec ce livre m'a paru bien trop court et pourtant, je le sais, il était de la durée idéale pour partager quelques pas, sans se lasser, avec l'envie de remettre bientôt, mes pas dans ceux de l'auteur.
Avec son dernier livre, À contre-courant, Antoine Choplin nous fait remonter sa rivière : l’Isère, depuis sa confluence avec le Rhône jusqu’à sa source se situant à près de 3 000 m d’altitude, dans le secteur oriental du massif de la Vanoise, contre la frontière italienne.
Il entreprend ce parcours à pied, sac au dos, suivant cette rivière au plus près de son cours, seul, la plupart du temps, sauf entre Albertville et Moutiers où son ami Pierre-Jean fera un bout de chemin avec lui.
Cette marche, véritable épopée avec plus de 30 km par jour, ne doit pas être considérée et se limiter à un exploit sportif ou à une performance, même s’il faut une très bonne condition physique. L’auteur le reconnaît : « Je reviens d’une semaine de montagne dans les Pyrénées et ma forme physique est excellente. »
Il va confronter les coins familiers qu’il fréquente aujourd’hui avec les lieux arpentés, hier, enfant, aux côtés de son père. Il parcourt le chemin en quatre étapes, quatre chapitres. À chaque saison son chapitre, son paysage, son ressenti et ses rencontres.
À contre-courant est un récit intime sur la marche et l’écriture, la marche qui entretient une relation puissante avec l’écriture. Je n’ai pu m’empêcher de penser à Sylvain Tesson (Sur les chemins noirs) que j’avais vraiment apprécié.
Antoine Choplin est sensible à la poésie des choses et des hommes mais observe également le saccage de l’industrialisation et n’oublie pas la violence de l’Histoire. Il ne manque pas non plus d’humour. Après nous avoir conté sa rencontre, près du hameau des Nantieux, avec Vincenzo qui l’accompagne un bout de chemin tout en lui racontant une partie de sa vie, il écrit : « Il est temps de confesser ma forfaiture de raconteur d’histoires. Vincenzo n’existe, sauf hasard improbable, que dans la fantaisie de mes pages… » Et, quelques lignes plus loin, prenant le lecteur à témoin : « On ne m’en voudra pas trop, n’est-ce pas. »
C’est un roman superbement écrit, très sensible, qui m’a emmenée sur cette route proche de la nature, de l’Histoire et de la littérature. Le fait que cette route démarre près de chez moi et serpente sur un territoire que je connais un peu m’a encore plus touchée. Seul petit bémol : je trouve qu’une petite carte insérée dans le livre permettrait de suivre Antoine Choplin au plus près.
Je remercie vivement Masse Critique de Babelio de m’avoir permis de lire ce magnifique nouveau roman d’Antoine Choplin, un de mes auteurs préférés dont j’avais déjà lu Le héron de Guernica, La nuit tombée, L’impasse, L’incendie, Une forêt d’arbres creux et Quelques jours dans la vie de Tomas Kusar.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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