Les nouvelles de ce recueil sont comme des portes d’entrée dans l’histoire des narratrices rwandaises. Cela pourrait être Scholastique Mukasonga tout simplement. Pourtant, comme dit le poète, cela ne semble pas être « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. La première personne nous...
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Les nouvelles de ce recueil sont comme des portes d’entrée dans l’histoire des narratrices rwandaises. Cela pourrait être Scholastique Mukasonga tout simplement. Pourtant, comme dit le poète, cela ne semble pas être « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre. La première personne nous amène dans l’intimité de cette femme et de ce qu’elle porte de son pays, de sa famille, de sa culture, dans son statut de personne déplacée. Sans être au cœur des textes, l’exil et la tragédie du génocide perpétré contre les Tutsi sont présents. Ce sont des thèmes qui hantent les histoires comme des fantômes. Cette absence-présence est très forte et accentue la mélancolie nostalgique des nouvelles. L’autrice nous raconte des discussions passées, des traditions éteintes, d’abord par le colonialisme, ensuite par l’exil, enfin par le génocide. C’est un monde disparu qui apparaît progressivement par touches successives. À la fin de chaque texte, il des notes éclairantes sur l’histoire du pays, sur l’arrivée des explorateurs, des colons, le fonctionnement de la monarchie et le glissement d’un pays hiérarchisé par une discrimination venue d’ailleurs. Scholastique Mukasonga mêle habilement l’intime et le contexte, passant facilement du microscope au macroscope. Elle nous emmène au Rwanda, au milieu des collines, rappelant que l’imaginaire prend appui sur les souvenirs qui peu à peu s’effacent.