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Le premier roman de Polina Panassenko est un récit autobiographique intime, pudique et drôle. L'autrice aborde avec une efficacité la quête d'identité, les questions de l'exil ainsi que ce qui la conduira vers une action en justice pour se réapproprié un prénom d'origine avant sa francisation.
Une plume qui met en avant l'absurdité d'un processus, ponctuer de souvenir, récit attachant qui démontre que la double culture est possible.
Une intrigue dont les thèmes sont différents de Sous les strates mais j'ai une grosse préférence pour Tenir sa langue qui est plus percutant, plus vivant et l'autrice y met plus de coeur.
"Dehors, la petite fille teste, tente les mots, jettent ceux qui ne fonctionnent pas. A la maison, sa mère veille au grain. "Sentinelle de la langue, elle veille au poste-frontière. Pas de mélange. Elle traque les fugitifs français hébergés par mon russe. Ils passent dos courbé, tête dans les épaules, se glissent sous la barrière. Ils s'installent avec les russes, parfois même copulent, jusqu'à ce que ma mère les attrape. En général, ils se piègent eux-mêmes. Il suffit que je convoque un mot russe et qu'un français accoure en même temps que lui. Vu!""
Polina Panasssenko est née à Moscou et y a passé une partie de son enfance. Arrivée en France avec ses parents, elle est devenue « Pauline » pour l’État Civil : son père a cru bien faire en francisant son prénom ! (Comme ce fut le cas pour la mère de celui-ci, dont le prénom (juif) Pessah, devint Polina, par mesure de précaution …)
Quand adulte, l’auteure insiste pour reprendre l’orthographe de son prénom (russe) qui est celui de sa naissance (par le truchement du Tribunal de Bobigny) l’administration française ne l’entend pas de cette oreille !!! Et on se demande bien pourquoi – d’ailleurs – puisque nombre de français « de souche » choisissent de donner à leurs propres enfants des prénoms de toutes origines, voire totalement inusités ou sortis tout droit d’un film de SF !!!…
L’auteure nous livre, dans ce petit livre de 175 pages, des souvenirs de son enfance russe et française (par exemple, comment elle a vécu la chute de l’URSS en 1991, situation qu’elle ne comprenait pas très bien à l’époque …) Ou encore son arrivée à Saint-Étienne (en 1993) où il lui faudra apprendre à être russe à la maison et française à l’école …
Des moments de bonheur, des moments de douleur … Tendresse, humour et émotion … Une écriture sobre, un style enlevé, ce court roman est une petit perle, un gros bonbon !
« Tenir sa langue » est le premier roman, d’inspiration autobiographique, de Polina Panassenko.
L’histoire commence avec un passage de Polina au tribunal de Bobigny. En effet, la jeune femme, qui a émigré enfant de Russie avec ses parents et sa sœur, a perdu son prénom de naissance lorsqu’elle a été naturalisée : elle est devenue Pauline sur les papiers, alors qu’elle est Polina dans sa vie quotidienne, un prénom qu’elle veut retrouver officiellement.
La bataille administrative est l’occasion pour Polina de retracer une vie qui s’est dessinée entre deux pays, deux langues, une Polina à l’intérieur et une Pauline à l’extérieur.
« Tenir sa langue », c’est garder la langue russe pour la maison, et perdre son accent pour adopter « celui de Jean-Pierre Pernaut », c’est aussi la culture du silence, du secret. Ne pas dire que l’on vit en France, à Saint-Etienne, lorsque l’on passe les vacances chez les grands-parents en Russie. Se dissimuler, génération après génération, derrière un prénom d’emprunt pour cacher ses véritables origines – une lignée de peur que l’autrice souhaite briser.
J’ai adoré la façon dont Polina Panassenko retrace ses souvenirs d’enfance, c’est parfois douloureux, souvent vif et drôle. L’arrivée à Saint-Etienne, les bribes de langue française qu’elle essaie d’associer, les premiers jours à la maternelle – ces passages sont brillants et franchement réussis.
Si j’ai trouvé qu’il y avait quelques longueurs lors des retours en Russie, l’ensemble du roman est très bien mené et construit, avec une langue inventive et de nombreuses phrases qui font mouche. Une très bonne surprise !
"Russe à l'intérieur, français à l'extérieur".
Lors de sa naturalisation française Polina, devenue Pauline, a perdu le droit d'utiliser son prénom russe. Ce prénom était également celui choisi par sa grand-mère paternelle juive pour russiser le sien et protéger ses enfants, Pessah devenu Polina.
Alors qu'elle souhaite le récupérer elle se trouve confrontée aux méandres de l'administration.
Ce livre est construit autour d'un aller-retour permanent, de la Russie à la France, du russe au français. Un écartèlement...
comment ne pas oublier la langue maternelle et en acquérir une nouvelle, sans jamais les mélanger ?
On vit à hauteur d'enfant l'arrivée à Saint Etienne et l'acclimatation en maternelle. L'apprentissage d'une nouvelle langue, de nouveaux sons, en totale immersion, grâce notamment aux publicités répétitives de la télévision. Aurait-on un jour imaginé que l'accent "Jean-Pierre Pernaut" équivaudrait à l'accent "BBC" que tous les étudiants en anglais rêveraient d'avoir, le nec plus ultra ?
Alors qu'en France Polina acquiert de nouveaux mots, sa grand-mère restée en Russie perd les siens.
Un livre tendre, joyeux et profond, qui questionne sur l'identité, la transmission et l'intégration.
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