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Un homme accoudé à sa fenêtre et buvant un café, assiste à la chute accidentelle d’une dame âgée, qui attendait le bus. Ainsi débute ce bien joli texte …
Auprès de l’abribus, Benjamin reverra Elsa, la belle accompagnatrice de la vieille dame au large chapeau à ruban bleu (Joséphine Buisson) qui – Dieu merci – n’est pas morte. Elsa est l’aide à domicile à temps plein de l’écrivaine. Une ancienne « baroudeuse » (connue sous le « poétique » nom de guerre de Mirabelle) qui semble avoir tout traversé entre 1939 et 1968. Tandis que Benjamin apprend à connaître Joséphine Buisson, à travers de courtes visites (et la lecture de ses livres) une tendre idylle va naitre entre Elsa et le narrateur.
Un récit qui n’est jamais ennuyeux et de nombreux protagonistes (Lucien, Laurent, Haimeï, Claudette, Louis … et les autres …) plutôt attachants. Un court roman (168 pages) tout en finesse, au cours duquel l’auteur traite (fort habilement) de sujets dramatiques, avec une légèreté mêlée d’une pointe d’humour. L’écriture est délicate, même si le ton est parfois un peu « grivois ». Bref, une première découverte de l’oeuvre de Philippe Moncho très positive !
Benjamin fait la rencontre fortuite d’une vieille dame, Joséphine. Il va se prendre d’amitié pour elle. Elle a écrit ses mémoires et lui confie ses carnets d’écriture.
Ce roman raconte l’histoire de ce lecteur qui découvre dans le passé de cette femme la jeune fille au nom de guerre de Mirabelle qu’elle a été, et son passé actif dans les différents conflits militaires qu’a connus la France au cours de ce siècle.
C’est un peu de la grande Histoire, dans une petite histoire, la transmission par l’écrit et la lecture de temps révolus, d’un destin héroïque et romanesque, du rôle des femmes pendant les conflits politiques.
C’est un court roman, peu développé, qui mêle une histoire d’amour et d’amitié, sur fonds de souvenirs et de récits.
En parcourant mes chroniques rédigées après la lecture de deux précédents ouvrages de Philippe Moncho "Le jardin des anges" et "Respirer la nuit", je m’aperçois qu’un même mot revient : poésie. C’est également celui qui me vient après "Mirabelle", son dernier roman. Oui, celui-ci aussi est empreint de poésie mais aussi d’une belle musicalité.
Pas étonnant, me direz-vous, de la part d’un auteur musicien. Et dans ce dernier opus, cette fibre m’a semblé encore plus présente. La musique est déjà dans le titre. Mirabelle, ça chante, ça danse, ça tournoie et il n’y a pas que ça. Benjamin, le héros, est, lui aussi, écrivain, un rêveur qui passe beaucoup de temps à sa fenêtre et invente des vies aux passants qui déambulent ou s’arrêtent pour attendre le bus juste en face. C’est ainsi qu’il repère une vieille dame affublée d’un grand chapeau, accompagnée d’une jeune femme de grande beauté…Cette dame au chapeau est Joséphine et notre Benjamin va entrer dans sa vie d’une drôle de manière. Et quelle vie !
Et puis il y a l’amour…très présent. Celui, passé, de Joséphine et celui, bien présent, de Benjamin et Elsa, la jolie jeune femme de l’arrêt de bus.
L’auteur nous livre ici un récit passionnant aux mille facettes. A travers les romans et les lettres de cette Joséphine, les rêveries de l’écrivain en herbe à son balcon, il nous entraîne dans un tourbillon qui mêle la grande et la petite histoire depuis les grandes heures de la résistance jusqu’à celles de mai 68 en passant par l’Indochine, Suez et la guerre d’Algérie. C’est un véritable ballet auquel nous assistons, sans oublier l’amour qui subrepticement s’immisce. L’écriture est magique, poétique. Philippe Moncho s’amuse avec les mots et les rimes, les phrases s’enchaînent, musicales et légères, d’une élégante limpidité.
Et pourquoi "Mirabelle", me direz-vous ? A vous de le découvrir. Si vous êtes curieux, vous trouverez la réponse en lisant la quatrième de couverture. Si, comme moi, vous préférez vous plonger dans le roman sans en rien connaître, vous la rencontrerez au détour d’une page. Et, croyez-moi, vous ne l’oublierez pas.
"Mirabelle", un roman aussi savoureux et magique que la liqueur du même nom. Sans oublier la très belle première de couverture.
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Des deux précédents écrits de Philippe Moncho je disais ceci : "Le jardin des anges" est un texte empli de poésie, magnifiquement écrit... et, même si "Respirer la nuit" est totalement différent, la poésie persiste et l’écriture est toujours aussi belle." Mon point de vue est identique pour "Un papillon sur l’Alhambra", recueil de nouvelles.
Il est des ouvrages que je lis une première fois pour le fond, et une seconde, juste après, pour en savourer l’écriture. C’est le cas pour ces sept nouvelles, des nouvelles dont je ne vous raconterai pas grand-chose, sinon qu’elles nous disent le monde, qu’elles nous parlent de la vie mais aussi de chimères. Je peux, en revanche vous répéter encore et encore combien l’écriture est une merveille de poésie, d’entrelacement de mots, de légèreté, de beauté. Comme ceux tressés dans la nouvelle intitulée "Evasion d’un percheron" : "À petits pas de syllabes, je dessinais dans le sable de mon désert intime, ces mots-rébus d’une fable, fers tracés dans l’argile de l’imprimerie pour chanter la formulation, dire la soif et le désir…" Facile, me direz-vous de faire d’une chronique un relevé de mot choisis, mais ce n’est qu’un exemple.
L’auteur nous entraîne au fil de ses phrases dans un monde onirique. Il nous appelle à lâcher prise, à passer sans obligatoirement comprendre, à juste se laisser aller au gré de la musique de ce qu’il jette sur le papier – après tout, il est aussi musicien – et de profiter. Profiter de l’amitié, de l’amour dont il nous parle qui est présent ou pas, le plus souvent, de sourire à certains moments ou retenir ses larmes à d’autres
Et quand arrive la dernière, la nouvelle éponyme, ma préférée entre toutes, l’histoire du papillon sur l’Alhambra, c’est une effusion de couleurs et de sons "…cette voix qui ressemble à l’écoulement de galets dans un ruisseau, cette voix sensuelle et apaisante…" Et une chute des plus réussies.
Décidément j’aime la poésie qui chante dans les textes de Philippe Moncho.
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