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Les aquatiques, c'est le quartier pauvre d'une ville imaginaire d'Afrique.
Katmé Abbia est femme du préfet et inspire le respect.
La tombe de sa mère doit être déplacée et son mari y voit l'occasion d'une grande cérémonie qui servira son ambition politique.
Parallèlement, Samy, son ami de toujours, son frère de cœur, artiste controversé organise une grande exposition, mais sera emprisonné pour homosexualité.
Je n'ai pas été particulièrement fan de l'histoire que j'ai trouvée assez longue.
Par contre l'écriture est très belle, puissante, et nous emporte.
C'est un beau portrait de femme que nous offre l'auteure.
L'histoire se déroule au Zambuena, un pays africain imaginaire, mais qui n'est peut-être pas très éloigné de la réalité de certains pays.
Un pays gangrené par la corruption, dirigé d'une main de fer par « le Vieux », le « Père de la Nation » depuis des décennies.
Un pays où les homosexuels sont traités comme les pires criminels et sont sauvagement réprimés, où les femmes battues ne peuvent s'attendre à aucun soutien des autres femmes (« Toutes les femmes mariées passent par là au moins une fois dans leur vie, tu ne vas pas en faire un drame »), où les juges ne rendent une justice équitable que si « les deux parties leur donnent la même somme d'argent ».
Katmé, une jeune femme intelligente et d'une grande force de caractère, a abandonné sa carrière d'enseignante après son mariage pour endosser les rôles de femme de préfet et de mère au foyer. Malgré son statut privilégié et son aisance financière, elle ne dispose en réalité que d'une liberté limitée et toute relative.
Muselée et méprisée par son mari, véritable tyran domestique dévoré par ses ambitions politiques, la jeune femme doit ravaler sa fierté et encaisser jour après jour les coups bas et les tromperies.
Au fil des ans, elle étouffe dans cette vie, mais comme lui fait remarquer ironiquement l'une de ses amies, « quand on mange avec quatre couverts de chaque côté de l'assiette, on ne fait pas la révolution ! ».
Deux événements vont marquer un tournant dans sa vie : 20 ans après la mort de sa mère, l'organisation d'un nouvel enterrement en grande pompe, qui n'est autre qu'une manœuvre politique de son mari, et l'arrestation de son meilleur ami.
Pour enfin cesser de « vivre au rabais d'elle-même », Katmé, dont le prénom signifie « l'évoluée », devra faire des choix courageux.
Avec une écriture pleine de vivacité et parfois crue, Osvalde Lewat dresse le remarquable portrait d'une femme se battant pour son émancipation, dans une société patriarcale qui peut se montrer d'une grande violence envers ceux qui refusent de se laisser enfermer dans les carcans.
Un premier roman prometteur et intelligent.
Une immersion totale dans la haute société d'un pays africain. J'ai suivi avec grand intérêt et compassion la vie de Katmé enfermée dans son mariage avec un homme de haute société ambitieux.
Alors que la vie pourrait être formidable pour Katmé , belle femme, instruite, et de caractère, sa vie s'obscurcit peu à peu dans ce pays où sont implantées les traditions, les moeurs laissant la place et le pouvoir aux hommes. C'est une description haletante, sensible, de cette descente aux Enfers, un enfer conjugal, familial et sociétal.
Dès le début, on sent un malaise existant dans l'univers de Katmé sans qu'elle en prenne conscience : les exigences de Tashun son mari, son ambition et son égoïsme; la présence permanente et prenante de sa belle-mère. Puis tout se déchaine lorsque Katmé est contrainte d'organiser l'exhumation et le deuxième enterrement des restes de sa mère décédée 20 ans auparavant. Tashun profite de cet évènement pour rassembler la population et crée un événement phare de son avènement vers la politique. Coups bas, politiques et personnels. Katmé pour subir a besoin de se sentir soutenue et c'est chez son ami Samy qu'elle trouve ressources. Samy ami de longue date et artiste la comprend. Mais leur relation servira la cause des adversaires du politicien Tashun, Samy parce que homosexuel sera livré en pâture à cette société corrompue, enfermée sur ses traditions, ses moeurs ancestrales. Ces événements décrits sont stressants, horribles ,scandaleux de réalisme. La description de la mise à mort de Samy est insoutenable.
Katmé va peu à peu se retrouvait seule. Son monde éclate, elle va devoir faire face à sa belle-famille, à son mari, à la bien-pensance de son pays. C'est un roman d'une violence notamment psychologique extrême. Katmé est une héroïne élevée presque au rang d'héroïne tragique. Un beau roman !
Ce roman pourrait se dérouler dans de nombreux pays subsahariens tant le tableau politique est tristement familier : régime ploutocrate, corruption généralisée, vieux dictateur népotique entourée d'un cour clientéliste, homophobie légalisée. Osvalde Lewat a préféré choisir un pays fictif, le Zambuena, afin de pouvoir déployer une réflexion fertile et profonde sur la société contemporaine africaine, en toute liberté.
Sans concession, dès le premier chapitre. L'enterrement bâclé d'une femme, dans un cercueil trop petit, par mesure d'économie car elle n'était pas mariée mais concubine d'un homme riche et puissant. Il est décrit avec un talent évident à maitriser le tragi-comique avec un humour froid très acide dont ne se départira jamais le récit, notamment lors du deuxième enterrement de la même femme qui tourne à la farce pour servir les ambitions de son beau-fils en pleine campagne électorale.
C'est sa fille, adulte que l'on suivra à l'heure des choix. Katmé ne veut plus vivre au rabais d'elle-même, elle ne veut plus vivre un ersatz de vie mais le faire à la hauteur de ce qu'elle est. Elle qui est écrasée par de lourds compromis qui ont envahi son quotidien de femme entretenue, épouse de préfet, empêtrée dans un patriarcat sournois mais profitant d'un confort de privilégiée largement financé par le gouvernement corrompu. le déclic a lieu lorsque son meilleur ami, Sammy le presque frère, un artiste, est dénoncé et arrêté pour homosexualité ostensible. C'est le déclic.
Ce bilan de vie suite à une prise de conscience ne pouvait fonctionner que grâce à un personnage fort. C'est le cas avec Katmé, pas nécessairement sympathique d'ailleurs, dont l'auteur brise habilement l'hermétisme en révélant progressivement, par touche, son passé, afin d'éclairer son choix de la convention, de compromis en renoncement, puis les germes de la révolte pour se libérer. L'introspection est sombre et énergique, portée par une écriture âpre et ciselée qui dit parfaitement toute l'urgence de cette quête de soi émancipatrice. le personnage de Samy, dont les oeuvres sont perçues par le gouvernement comme agressives car critiques à l'égard de l'ordre établi, est également très convaincant.
Un premier roman intelligent qui pose clairement l'univers affirmé d'une auteure à suivre.
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