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Quand un roman vous emporte sur des flots mêlant réalités et imaginaires…
Une maison perchée en bord de mer, malmenée par les vents et la mer, abrite des femmes que le hasard, les circonstances, réunissent en cercle, chaque soir. Run en est l’âme mais un jour elle disparaît, et un phoque apparaît. Nina est responsable de Clara que le destin a mis sur sa route, une jeune adolescente rebelle qui habite la villa. Nina pleure Paul mais ne veut pas croire à sa mort. Pourquoi rester dans cette maison ? Comment trouver les vérités qui cherchent à émerger ?
Si la trame du livre nous parle de mission humanitaire, de maison à sauver, de disparition inexpliquée, de femmes aux destins entremêlés, nous sommes aussi emportés dans des actions mystérieuses, des visions, des réflexions qui donnent un charme inédit à un récit qui fait la part belle à la mer changeante et à la sororité des personnages.
Entre les lignes se lisent des pensées acides envers le monde des humanitaires, de l’édition, des humains. Le fond est savant, l’écriture est poétique, pimentée d’un suspense lié à des post-it. Sans que cela soit perturbant, nous naviguons entre une vie de tous les jours ponctuée d’interrogations existentielles et l’accompagnement de disparus qui accompagnent en leçons de sagesse. Nina, personnage principal, nous fait vibrer au son de ses monologues intérieurs et nous incite à apprendre de nous-même.
Nous vivons une absence qui n’est que présence, comprenne qui pourra. Run avait ses secrets, Clara se cherche, et les femmes autour d’elle, filent, tissent, cousent, créent, formant un cocon protecteur. Il y a de l’émotion et de la détermination.
L’écriture est pudique, aérienne ; un fil d’Ariane nous guide. Entre imaginaire, paranormal et rudesse de la vie, il y a une envie de découvrir et de croire jusqu’à la fin. Fin qui m’a laissée, un peu en attente. Mais peut-être est-ce pour retrouver Nina, un jour…
Je remercie Myette Ronday pour sa confiance renouvelée et je ne peux que vous conseiller de découvrir « Un hiver fertile » surtout si vous aimez les atmosphères originales.
Avis : INTENSE
Il y a des titres qui résument bien et rapidement toute une histoire, c’est le cas avec Un héritage d’amour, un roman qui marie passé et présent d’une femme en quête de son identité.
Nous sommes en 1943 et Mathilde est amoureuse de Leni, un occupant allemand. Nous sommes aussi en 1996 quand Agnés ou Heide décide d’aller à Céret inventorier la succession de Mathilde, décédée trois ans plus tôt, qui comporte une mercerie et des terrains d’estive. Mais des promeneurs y ont retrouvé un squelette. Quel lien entre ces années et la montagne ? Les lettres de sa mère lui donneront des explications qu’elle avait renoncé à vouloir obtenir : lui apporteront-elles la paix ?
Un peu perturbée au départ par les chapitres courts posant l’histoire, j’ai ensuite été accrochée par l’intensité du récit et par l’émotion que les lettres de Mathilde insufflaient en profondeur. L’amour inconditionnel envers le père et la fille éclaire ce roman, bien campé sur des vérités de l’Histoire.
Une touche onirique colore les pages autour de la maison de poupée et avive l’écriture classique et élégante de l’auteure. La guerre est présente en filigrane mais c’est l’histoire de la filiation qui prend le dessus, fruit de l’exceptionnelle passion d’une femme durant ces temps horriblement tragiques et tout au long de sa vie.
L’écriture italique réservée aux lettres de Mathilde les met en valeur et leur donne une force magnifique, symbole de l’affrontement intérieur de la mère et de l’amoureuse. C’est une aventure qui nous est offerte, celle des relations humaines, familiales, secrètes quand la parole est difficile et ne semble pas pouvoir libérer.
La différence de traitement des chapitres suivant leur objet est significative, on ne traite pas l’interrogatoire d’un témoin dans une affaire de meurtre comme la rencontre avec un père ou avec un ange ; c’est à ces détails que l’on reconnaît un roman bien construit. Et ici, tout est pur : les paysages, les sentiments, les souvenirs comme pour faire contrepoids aux atrocités vécues.
Je remercie Myette Ronday et les Editions Complicités pour leur confiance en ce service de presse.
La prose envoûtante de Myette Ronday est tout au long de ce récit poignant et fidèle une gageure. On ressent une auteure face à une fenêtre, la plume crissant sur le papier dévoré d’interpellations, de voix.
C’est une histoire plausible résolument touchante et sensible. On est en balance entre 1996 et les années 40. Une dualité crescendo et un alliage maîtrisé à l’extrême.
L’Estive pour toile de fond. Nous ne sommes pas dans un roman régionaliste, mais dans le passage du gué des existences, traces encore vives. Ce récit vif et tendre est celui d’une passion. L’Héritage pour Agnès sera celui de son initiation à la vie et ce en 1996. Elle revient sur les pas de son enfance. Chavirée, le cœur meurtri, l’abîme est révélateur. Les pâturages hérités, la maison de poupées et tout le symbole d’un passé. Agnès est en plongée entre le rappel pavlovien d’elle murmurant à voix basse le manque de son père Leni, allemand, amoureux fou de sa mère, Mathilde qu’il a abandonné après la naissance d’Heide son premier prénom qui ne doit plus être prononcé. Heide petite fille née cachée dans un antre dans les collines complices. Mathilde veillant sur cette fillette, jusqu’au jour où elle refuse pour elle le même chemin de labeur, celui de mercière.
Heine-Agnès grandit dans un espace de tendresse et d’amitié dans un institut chez les Sœurs. Elle reçoit un enseignement de droiture et l’éducation bercée de compassion.
Ce récit grave, beau et contemporain est un pavé dans la mare des conformités. Mathilde la fautive, aimant un allemand dans le creuset d’un temps où d’aucuns étaient les faux-frères, les regards en coin et le mépris ourlé par les mensonges. Myette Ronday dresse un tableau de maître. Ici, vous êtes dans un huis-clos époustouflant et mémoriel. C’est un livre vivant et historique. Un drame qui sera le coucher du soleil un jour certain. Ce livre à valeur cinématographique serait un phénomène sur grand écran. Ici, le livre devient notre allié. On ne peut quitter Agnès, Mathilde, Leni et ses yeux bleus océan. La maison de poupées devient un filigrane devenue chef-d’œuvre.
« Un héritage d’amour » est méritant. Il y a des livres rédempteurs, celui-ci en plus est un envol de papillon en pleine lumière. On ressent un corps à corps de Myette Ronday avec ses personnages. Elle enlace l’histoire. En cela ce roman est un hommage de droiture, l’humanité-Estive, un élan d’affection. Que dire de Saint-Céré lieu emblématique pour qui connaît cette belle région.
Une révélation ! Publié par les Éditions Complicités.
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