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Les éditions Grasset publient depuis quelques années des témoignages de rescapées de la Shoah. Des textes sobres, écrits souvent à quatre mains (ici Marie Vaislic est accompagnée par Marion Cocquet), qui transmettent un parcours de vie. Un seul témoignage ne résume pas le génocides des juifs de France. Mais chaque voix permet de saisir un peu mieux une époque, une mentalité. Outre les faits, le témoignage de Marie Vaislic est animé par la nécessité de ne pas oublier, de ne pas minimiser ce qui s'est passé. Outre les faits, ce livre nous montre ce que Marie et ses parents pouvaient savoir, ce que l'adolescente qu'elle était connaissait de ses origines, de la place de la culture juive. Qu'est-ce qu'être juif, juive ? Comme elle le dit, c'est la guerre, la France de Vichy qui lui a appris cela.
Marie Vaislic raconte son parcours, le quotidien dans les camps, les rumeurs se propageant et une fois, la guerre terminée, ce qui reste. En parlant de son mariage avec Jean, également déporté, elle partage les questions de couple complètement soumises au traumatisme. Avoir des enfants ? Mais si les nazis revenaient... La peur ne s'éteint pas. Il y a une force dans ce livre, une voix qui se fait entendre et transmettre toute la violence de la tragédie vécue. Ponctuellement, elle rappelle la présence des habitants autour des camps, de cette foule qui, une fois la guerre terminée, disait qu'elle n'avait rien vu.
Marie a 14 ans lorsqu’elle est arrêtée à Toulouse et envoyée dans les camps de concentration de Ravensbrück et de Bergen-Belsen.
Marie Rafalovitch jusque là était surtout la fille de parents émigrés polonais, arrivés de si loin, à l’Est. Une gamine comme tant d’autres, qui n’avait pas vraiment posé de questions sur la famille, les origines, et pris la vie comme elle venait.
Pendant les premières années de la guerre, la famille vit à Toulouse, puis à l’abri dans une ferme dans la campagne. Mais alors qu’elle revient à la ville faire quelques courses pour ses parents, elle est dénoncée par un voisin, et arrêtée par un milicien et un allemand. C’est quelques mois avant la fin de la guerre mais la jeune Marie va passer onze mois dans les camps.
Là elle va tout connaître. Le convoi où les gens entassés ne pouvaient même pas tenir assis, mourraient dans les wagons, le tri à l’arrivée, les douches, les femmes et les enfants assassinés dès leur arrivée au camp.
Les enfants qui meurent de faim, les coups, la faim qui tenaille chaque jour, la solitude et la douleur, la fatigue extrême et la peur de tomber, celles qui deviennent cobayes de médecins de la mort qui n’avaient aucune pitié, la nourriture que l’on vole pour rester en vie un jour de plus.
Et au milieu de tant de souffrance, au cœur de l’horreur absolue, de ce que des hommes sont capables de faire vivre à d’autres, l’amitié, la main tendue, le sourire, l’aide discrète sans avoir besoin de la demander.
La peur, l’horreur de la mort, l’odeur des camps, des cheminées qui fument et emportent en fumée tant d’hommes et de femmes.
Enfin la libération des camps, le difficile retour à la vie normale, enfin, normale jamais plus elle ne pourra l’être.
Ces hommes et ces femmes ont vécu l’indicible, alors comment en parler en sachant que ceux qui sont là ne peuvent pas comprendre, ne le pourront jamais.
Comment dire que l’on est revenu vivant quand tant d’autres ont péri.
Comment faire comprendre les horreurs auxquelles on a été confronté.
Marie a épousé Jean, quelques années après le retour des camps. Jean qui la comprenait, qui savait lui aussi. Et un jour Marie a commencé à dire, aux jeunes, aux vivants, pour qu’ils sachent, parce qu’il ne faut jamais oublier.
Dans les écoles, aux enfants, à tous ceux qui doivent savoir ce dont l’humain est capable, ce que les rescapés des camps n’ont pas dit à la fin de la guerre, ces témoignages qu’il est urgent d’entendre avant que les voix des derniers survivants ne s’éteignent.
Magnifique témoignage, émouvant, fort, sincère, qui fait réfléchir. Surtout depuis ce 7 octobre qui a vu se réveiller la violence et la haine envers les juifs, uniquement parce qu’ils sont juifs. La peur est là de voir à nouveau se lever cette ombre noire sur le monde d’aujourd’hui, comme un retour cent ans en arrière.
Dire, sans relâche, pour ne jamais oublier. Un livre court, essentiel, à lire absolument.
https://domiclire.wordpress.com/2024/07/15/il-ny-aura-bientot-plus-personne-marie-vaislic-avec-marion-cocquet/
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