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Lors d'un concert, un musicien de jazz et une jeune femme tombent éperdument amoureux.
Un an plus tard naît un enfant que refuse la femme, elle perd les pédales.
Une gifle malencontreuse et elle meurt.
L'homme jette alors le corps du haut des falaises d'Etretat.
Dix ans plus tard, on le retrouve avec son fils.
Le poids de son acte impuni le hante et l'empêche de vivre sa vie pleinement.
Une histoire intéressante, trouble, ambiguë.
L'écriture est belle, maîtrisée, intelligente.
La longueur des phrases les rend parfois alambiquée et alourdit une peu la lecture ?
Un bon roman cependant.
You must believe in spring
« Il voudrait l’avoir déjà fait, être déjà en mesure de penser ce qui vient. Tout ce qu’il faudra mentir. Et construire, et reconstruire ».
L’homme, musicien de jazz, partage sa vie entre l’enfant qui s’avère mature, très futé et le groupe dans lequel il joue.Cet homme s’apprête à jeter le cadavre de la mère de son fils à l’à-pic des falaises d’Etretat. Le bébé dort dans son couffin . Ce fils, cause indirecte de leur dispute.
Cet enfant, le narrateur l’aime et s’en occupe depuis le début. La mère, après un déni de grossesse, refuse l’enfant et ce n’est pas un simple baby blues, la cause en est certainement plus profonde.
Bon, maintenant, il faut agir car l’enfant a besoin d’une personne qui l’aime pour l’élever, c’est la raison pour laquelle il ne se dénonce pas
De retour à Paris dans la même nuit, il prévient les autorités de la disparition de sa femme un o deux jours plus tard. L’enquête, certainement un peu bâclée -elle est majeure et a le droit de disparaître- conclut à une fugue. Maintenant, il doit vivre avec ce secret enfoui mais toujours affleurant, toujours présent.
Une dizaine d’année plus tard, on lui annonce que sa femme pourrait être dans une communauté genre hippie en Bavière. Coup de massue pour lui qui sait… Pourtant, il doit faire comme si et les voilà partis pour Mindelheim. La route est longue et l’enfant aimerait savoir maintenant « L’enfant maintenant veut savoir. Espérer, peut-être. Quitte à ne pas comprendre ce qu’il y a à espérer. Car c’est une plaie, l’espérance. On s’y brûle les lèvres et l’âme, et après ça, notre goût à vivre s’amenuise ». « Tu l’avais rencontrée où ? » et le père de raconter, revivre cette belle rencontre, cet amour gai, envahissant de bonheur.
La quête est, bien sûr, veine et les mène également à Cork en Irlande où ...
Deux lieux, deux rencontres féminines importantes. Mado, la serveuse bavaroise qui a séduit père et fils, surtout le fils. A Cork, c’est une avocate française et l’amour est fou, charnel. En grande confesseuse des turpitudes de ce monde, elle voit, dans le récit du jazzman, la vérité vraie.
« You must believe in spring », traduction du père : "Ça veut dire que, derrière les nuages, il y a toujours du soleil. Toujours du bleu au fond du noir". Après la rencontre avec ces deux femmes et, peut-être la confession non avouée, le jazzman se sent non pas libéré, mais le droit, la possibilité d’une nouvelle vie.
La fin du livre, ouverte m’amène à imaginer les deux pistes et….
Ce que j’apprécie chez Marc Villemain, c’est la possibilité d’écrire sur des univers différents (ceci est ma chair, Il y avait des rivières infranchissables) voire opposés son plaisir de jouer avec le langage. J’aime son impertinence, son irrévérence, son écriture fine, sensuelle, son plaisir de jouer avec le langage qui lui permet de passer facilement du poétique au cru.
J’ai bien sûr, en suant sur ces quelques mots, écouté You must believe in spring et je voyais un papillon voleter sur les touches blanches et noires du piano tant c’est léger et véloce, mais je n’y connais rien… je me contente d’aimer et d’écouter, en voiture, les CD de mon mari.
« Une bonne histoire c’est comme un bon standard… Tu n’es pas obligé d’exposer le thème d’emblée, tu peux aussi l’introduire, l’annoncer... », définit bien le cheminement de ce roman.
Dystopie, uchronie ? Non. conte épicurien, oui.
« Comment continuer à nourrir nos chers animaux tout en cohabitant avec des humains qui prolifèrent comme des lapins à la saison chaude ?… Il (le duché) prohiba la consommation de toute viande animale » La cause de la défense animale a été entendue, celle de la surpopulation endiguée à Michão!
Petit rappel historique : Les habitants se nomment les Restaurés « Ainsi baptisés à la suite de la fondation il y a cent cinquante ans du duché de Michão, conséquence de cette période que l’histoire a retenue sous le nom de Troisième Restauration. » Nous sommes dans les années 2100
Les habitants semblent vivre heureux depuis la Seconde Résurrection où ils ont fait sécession avec le reste de l’humanité. Chez eux, plus de problème de surpopulation, et de crise alimentaire le problème est réglé car ils sont cannibales. Oui, vous avez bien lu. Oh là, je vous vois venir avec vos délires de chasse à l’homme et que sais-je encore… Non, non, c’est un cannibalisme heureux. D’ailleurs, la fierté d’une famille de 3 enfants est de donner le second enfant à déguster « Le deuxième enfant d’une fratrie est constitutionnellement sacrifié lorsqu’il accède à la majorité, soit le jour de ses quatorze ans, âge auquel la chair, en sus de ses qualités gustatives assez remarquables, procure les meilleurs avantages comparatifs. ». Par ailleurs, aucune violence inutile, tout est fait dans les normes sanitaires draconiennes. Il y a des abattoirs, la viande est vérifiée,les « clients » sont volontaires.
Tout va bien dans le meilleur des mondes de ce petit conté d’irréductibles gaulois sécessionnistes jusqu’au jour où un complexe carnologique explose. Dès le début de ce chapitre, je n’ai pu m’empêcher de penser au Bataclan dans la description du carnage, toute ressemblance avec des évènements récents est voulue. Pourquoi cet attentat car il s’agit bien d’un attentat ? Le Conté a son lot de détracteurs au sein de ses habitants, ses ultras, prêts à tout. C’est que, la vie que mène ses habitants n’est pas du goût de tout le monde. Gustave du Gonzague, le Dépariteur (chef du dit duché de Marlevache) y va de son discours pour honorer les morts avant que d’en manger les restes. « Entrelardant son discours d’allusions à quelque groupuscule anti cannibale,… Le cannibalisme est l’apogée de l’humanisme, le stade avancé d’une civilisation qui, pour la première foie dans l’Histoire, offre à ses membres une sépulture digne de ce nom et ne les livre pas sans honte aux lombrics et à la putréfaction ».
Dans une langue précieuse, mais pas châtiée, ni châtrée, Marc Villemain en usant force calembours, jeux de mots, réécriture de chansons populaires (ou pas), raconte la vie de ce petit conté qui a des airs de village gaulois par les banquets, viandes, même le barde est là (Je sais, mauvais jeu de mots). Basile du Blaise, c’est son nom est en même temps le curé, pardon le Spirite, avec un S en début de mot.
J’aime que l’on s’amuse avec la langue française, qu’on la triture, la malaxe, la détourne (en tout bien tout honneur), cela donne beaucoup de légèreté à son livre et Marc Villemain le fait si bien. Il
n’emploie jamais le je, raconte, met les personnages en scène, en fait, de temps à autre, une pièce de théâtre. Entre truculence, gauloiserie et tragédie, il conte l’histoire de ce conté florissant, et en profite pour faire une satire à la fois politique, religieuse, sociétale de nos relations humaines.
Liliane, fais les valises, on rentre à la maison » Tout de suite M’sieur Marchais. Bien sûr cela ne dit rien au moins de quarante ans et plus si affinité,… Mais il a fait les beaux jours de l’O.R.T.F. !
Merci Marc Villemain pour ce roman qui m’a littéralement ravie. Je n’ai pas que souri, j’ai ri et, j’aime le politiquement incorrect….que cela fait du bien. Imaginez-vous, regard concupiscent devant un homme ou une femme, admirant ses courbes, sa plastique et... !! Tiens, en mignardise, je me « suçoterais » bien un petit pénis farcis !
Oui, je fais de ce livre un coup de cœur, j'aime l'impertinence et ce livre n'en manque pas
J’ai déjà lu et apprécié « Il y avait des rivières infranchissables », dans un tout autre style
Doigts caramélisés, orteils cannellisés, testicules meringués, mousse de fœtus, sans oublier la fameuse cervelle du sage... tels sont les mets préparés à base de chair humaine dont se délectent les habitants du duché de Michao, qui se rassemblent régulièrement lors de festins gargantuesques !
Leurs ancêtres, qui ont fondé 150 ans auparavant une communauté baptisée « les Restaurés », ont réalisé la « révolution cannibale », partant du principe que le cannibalisme était la solution idéale et moderne pour réguler la population humaine et préserver les ressources naturelles de la Terre.
Dans cette communauté, être mangé par ses pairs constitue un honneur : « Le cannibalisme est l'apogée de l'humanisme, le stade avancé d'une civilisation qui, pour la première fois dans l'Histoire, offre à ses membres une sépulture digne de ce nom et ne les livre pas sans honte aux lombrics et à la putréfaction. »
Mais les attentats perpétrés par la mouvance anti-cannibalisme menacent l'équilibre de cette civilisation...
Dans ce livre au thème très particulier, l'auteur suscite une réflexion intéressante et manie savamment l'humour et l'absurde dans une écriture assez improbable et loufoque. Ce style « astérico-rabelaisien », pour reprendre les termes de la quatrième de couverture, permet de se détacher en partie de certaines scènes plutôt écœurantes et dérangeantes, mais nécessite un temps d'adaptation et rend la lecture assez difficile au début.
Ce roman est très original, certainement un peu trop pour moi, et même si j'apprécie être surprise dans mes lectures et sortir parfois de ma zone de confort, je n'ai pas vraiment accroché. Sans doute car le sujet en lui-même me rebute trop, et car les personnages, grotesques voire parfois vulgaires et bestiaux (bien que l'auteur ait volontairement forcé le trait) m'ont souvent inspiré du dégoût et de l'agacement.
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