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Depuis plus de 20 ans, Marc Alaux se passionne pour la Mongolie et sa « géographie de l’immensité ». Il y a voyagé à de nombreuses reprises, parcourant le pays à pied sur des milliers de kilomètres.
En à peine 50 pages, il ramasse l’essentiel de ses voyages et de la Mongolie, décrivant son climat, sa géographie et ses écosystèmes, son histoire et ses relations avec ses encombrants voisins russe et chinois, son expérience du socialisme puis de la démocratie à partir de 1990 et son entrée dans l’économie de marché mondialisée, pour le meilleur et pour le pire. Il y est aussi question de culture et de traditions, et de modes de vie, nomade ou sédentaire, rural ou citadin.
Ce bref aperçu est suivi de trois entretiens, sur le bouddhisme et autres croyances, sur la langue et la culture mongoles, et sur la place de la femme, l’identité mongole, l’éducation, la corruption et l’incompétence de la classe politique.
Ce petit livre ne se prétend nullement guide de voyage exhaustif. Loin de tout romantisme exotique, il trace à grands traits un portrait réaliste de la Mongolie contemporaine et donne de nombreuses pistes de lecture pour celles et ceux qui voudraient en apprendre davantage.
Depuis plus de 20 ans, Marc Alaux voue une passion sans bornes à la Mongolie. Il y a effectué plusieurs voyages, de plusieurs mois chacun, entre 2001 et 2006. Des voyages à pied, seul ou accompagné de son ami Laurent, avec ou sans cheval de bât, sur des milliers de kilomètres au total, à travers les différentes régions et écosystèmes du pays (steppe, désert, montagne, taïga), sans oublier la capitale Oulan-Bator. De ces périples éprouvants dans une nature souvent hostile, au cours desquels il a souffert des conditions climatiques, de faim, de soif et d’épuisement, il a ramené la matière de plusieurs livres, dont celui-ci, publié pour la première fois en 2007.
« Sous les yourtes de Mongolie » retrace principalement les deux voyages effectués avec Laurent en 2001 et 2004, ainsi que ses séjours à Oulan-Bator. Il ne s’agit pas seulement du carnet de bord de ces équipées hors normes, mais bien plutôt des récits de rencontres avec les Mongols croisés en chemin : nomades des steppes, citadins de la capitale ou de petites villes de province, hommes et femmes, aisés ou très pauvres. Il est question de modes de vie, de culture et de traditions, de changement climatique qui décime les troupeaux en hiver, d’exode rural, de la vie sous le régime communiste, de l’effondrement de ce dernier en 1990 et du libéralisme sauvage qui a suivi, de perspectives d’avenir, du balancier perpétuel sur lequel la Mongolie oscille entre ses deux encombrants voisins, la Chine et la Russie. Un condensé d’histoire-géo, de politique et d’ethnographie.
L’auteur témoigne également des relations tissées avec les Mongols, les rencontres, l’esprit de partage et de solidarité. Sans verser dans le romantisme ou l’exaltation, il fait la part belle à l’introspection et à ses réflexions et ressentis. Il rend ainsi compte d’expériences personnelles exceptionnelles, tout à fait admirables et respectables. Il semble considérer que seule sa façon de voyager permet à un étranger de découvrir la « vraie » Mongolie. C’est sans doute vrai, mais de là à faire preuve de condescendance à l’égard des simples « touristes » qui vont y passer deux ou trois semaines en voyage organisé, je coince un peu. Tout le monde n’a pas les capacités physiques ou mentales pour une telle aventure, sans parler du temps, de l’argent, ou simplement de l’envie. Pour autant, n’a-t-on aucune légitimité à vouloir découvrir un petit bout de Mongolie, même fugacement ? Et tous les voyages organisés sont-ils forcément fake ? (évidemment, je ne suis pas objective, je serai l’une de ces touristes dans l’un de ces voyages cet été). Ce n’est pas la première fois que je lis cette opposition entre « voyageur » et « touriste », dans laquelle seul le premier pourrait se targuer d’un intérêt authentique pour sa destination, fondé sur une curiosité profonde et réfléchie, tandis que le second, superficiel par essence, serait uniquement en recherche d’exotisme et de frime. Ce qui est piquant ici, puisque Marc Alaux n’explique jamais clairement comment est né précisément son intérêt pour la Mongolie. Peut-être de la même façon que le mien, c’est-à-dire par hasard…
A part cela, ce livre, très riche en informations en tous genres, est intéressant sans être passionnant. Un peu trop long, un peu trop érudit (le style gagnerait à être plus sobre et moins précieux), il me laisse aussi sur ma faim quant à l’évolution de la Mongolie depuis 2007. Alors qu’il a été réédité en 2022, je trouve dommage qu’il n’ait pas été enrichi d’une petite mise à jour.
Qui pourrait être assez fou pour aller passer tout un hiver dans les montagnes de l’ouest de la Mongolie où les températures sont à – 30 C le jour et peuvent descendre à – 45 C la nuit.
Marc Alaux l’a fait. Il faut dire qu’il connait la Mongolie et qu’il en parle même la langue.
Sa passion pour ce pays mal connu le conduit dans une famille nomade, des éleveurs Bayad, qui vivent dans la région de l’Uvs. Durant l’hiver, leur yourte se dresse dans le district de Malchin à 1300 km de la capitale Oulan-Bator. C’est là que l’auteur va partager durant trois mois le quotidien de Gotov le Moustachu, de sa femme Oyunchimeg et de leur jeune fils Hatnaa. Ce sont des éleveurs, ils possèdent des vaches mais aussi des « pattes courtes » c’est-à-dire chèvres et moutons.
La famille vit dans une yourte, espace clos sans séparation où la promiscuité est omniprésente. Mieux vaut s’entendre avec ses hôtes !
Le climat est rude pour le bétail (De nombreux animaux meurent durant les grands froids) mais aussi pour ces hommes et ces femmes qui travaillent dur pour une vie de pauvreté.
Très vite, Marc Alaux va apprendre le métier de berger, qu’il s’agisse de mener les bêtes paitre dans la neige loin du campement, ou bien de nettoyer la bergerie en entretenant le précieux horzon, cette couche d’excrément qui sert d’isolant aux bêtes. De ces excréments, on extrait l’argal qui servira de combustible pour le fourneau. Grâce à son travail, il gagnera la confiance de ses hôtes.
La vie de ces nomades se déroule de la même façon que celle de leurs aïeuls, on respecte les fêtes traditionnelles comme le Mois Blanc qui célèbre la nouvelle année. Les femmes cousent les vêtements traditionnels et fabriquent les bottes de feutre pour toute la famille. Portant, l’intrusion du monde moderne est omniprésente grâce à la télévision qui déverse son lot d’informations et de fictions étrangères.
Dans cette immensité perdue, il est étonnant de découvrir que l’on est rarement seul, les visites des voisins étant fréquentes et incontournables. On vit dans une certaine promiscuité, mais l’entraide et l’hospitalité sont des valeurs fortes chez les Bayads.
Le rôle de la femme est très important dans cette société, elle a de nombreuses tâches pourtant c’est l’homme qui décide pour la famille.
L’auteur découvre aussi les ravages de l’alcool. On trinque à la vodka, les tournées s’enchainent et gare à celui qui refuse de boire !
Ce livre est une belle ouverture sur le monde. Dans un style fluide, Marc Alaux nous fait partager son quotidien chez ces éleveurs mongols. Rien de tapageur, mais un amour sincère et sans jugement pour ce peuple d’un monde perdu qui a gardé ses coutumes, ses croyances malgré le communisme et la mondialisation.
Une carte et une galerie de photos agrémentent la lecture. J’ai aussi apprécié les symboles mongols qui illustrent chaque début de chapitre.
Sous la photo de l’œil d’un cheval on lit en exergue : «« La steppe se livre au preux : la vie y est le refus des simulacres ; la vertu s’y conquiert dans la sueur. Pour s’en satisfaire, il faut placer l’idéal du campement au-dessus de son bonheur personnel. Habiter la steppe impose de se soumettre à une loi qui dépasse et unit la communauté. L’homme mongol n’existe que par elle. »
Une belle découverte que ce récit qui concourt pour le Prix littéraire Terres d’Ailleurs 2019 qui récompense un livre d’aventure vécue.
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