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Seule condition avant de lire cette œuvre, se poser avec La mauvaise herbe de Georges Brassens (cf. bande son du roman) dans les oreilles.
La vie de Shorba, ado de 17 ans, n’est pas bien florissante. Depuis qu’il a abandonné le lycée, au grand regret de sa mère, il traîne avec ses deux potes, Youri et Zak. Le trio squatte en bas d’immeuble des journées entières, rien de bien kiffant. Jusqu’au jour où un certain Léo, trentenaire, un peu hippie sur les bords, débarque. Ce gauchiste leur montre les bidonvilles, les sans-papiers, les migrants, ceux que la société rejette et n’assume pas. Pour Shorba c’est le début de la révolution.
Léo a sorti un pot de peinture de sa caisse, et il a grimpé sur une échelle pour recouvrir la dédicace des nazillons. Mais au lieu de simplement recouvrir les mots, il a choisi d’en rajouter. D’abord un, puis deux, trois, jusqu’à former une liste immense, dont chaque ajout déclenchait des cris de joie parmi nous! Ça a donné ça : « La France aux Français, Maliens, Malgaches, Pakistanais, Italiennes, Colombiens, Chinois ou Chine-toi, Algériens et Algépleins, Islandaises, Soudanaises et Surdanaises, Homo Sapiens et Homos tout court, Juifs à papillotes et punks à crête, Curés anarchistes, Putes en uniforme et Bonnes Sœurs en civil, Cancéreux en pleine santé, Nains de jardin et Géants de bureaux, Grévistes en CDI et employés modèles en alternance, Vieux gamins, Vieilles connes et Amoureux de tout, sauf de la haine ». Et il a signé : « Les Châtelains ».
Pour son premier roman, Gaspard Flamant a choisi les valeurs humaines et le respect de l’Homme comme point d’ancrage. L’auteur est issu d’une famille militante et engagée, ce qui lui permet de parfaitement maîtriser son sujet : la révolte.
Le récit se centre sur deux personnages : Léo, le mentor qui initie son disciple, Shorba. Ce binôme (aussi logique soit-il) nous sert de fondation pour découvrir un monde dont peu de gens connaissent – ou veulent connaître- l’existence.
Shorba, l’appel de la révolte c’est une plongée hors norme dans des milieux défavorisés, de ceux sur lesquels nous fermons les yeux. Shorba se heurte à cette réalité, et tente de trouver sa place. Avec l’aide de Léo, il apprend, il évolue, il grandit et parvient à imposer sa liberté de penser et d’agir.
« Dans un silence rêveur, il se dit que c’est ça, un authentique prisonnier politique : quelqu’un qui a sacrifié sa liberté pour améliorer la vie des autres. La classe. »
Un roman au sang chaud, au rythme rapide, qui frappe fort sur un sujet terriblement actuel (l’accueil des migrants en Europe). Chaque lecteur se retrouve dans cette histoire et se positionne ou pas (chacun est libre), et se donne le courage et la force d’affronter l’injustice de notre pays. J’ai été prise en otage de mes émotions lors de ma lecture, comme une envie de hurler, de ne pas subir, d’arrêter cette maltraitance, de dire non. Ça secoue et bouscule nos idées préconçues de citoyen, preuve que la perfection n’existe pas, nos mentalités doivent évoluer avec notre temps. Un texte plein d’espoir, de tendresse, d’élan généreux dont le monde a besoin.
À noter qu’Amnesty International soutient ce roman qui fait résonner « les valeurs de respect des droits humains » principale action de cette association.
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/01/16/37944797.html
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