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Comment ne peut-on pas aimer son enfant ? C'est pourtant ce qui arrive à cette femme, mariée à un homme qu'elle n'aime pas. Elle a accepté ce mariage pour obtenir un titre de noblesse. Par contre, sa vie n'est pas simple. Elle a tenté une fois de se confier à un prêtre mais les ragots de village se sont vite multipliés et le prêtre a dû partir. le fils ressemblant à son père, elle le trouve dégoûtant et ne peut se résoudre à l'aimer. Pourtant, un jour, elle va se battre et se mettre à genoux devant l'instituteur du village (communiste) pour que celui-ci accepte finalement de donner des cours à son fils. Malheureusement pour le petit sagouin, les cours ne vont pas durer.
Comment peut-on faire passer ses idées politiques avant l'instruction d'un enfant ???
On suit le parcours intérieur d'un adolescent, bientôt adulte. Il est sous l'emprise totale de sa mère et il en prend encore plus conscience lors de la mort de son frère. Il est seul face à elle. Celle-ci est très riche et assure son salut en payant les études d'un fils de métayer, Simon, un ami de son propre fils. Elle espère qu'il deviendra prêtre mais celui-ci déviera. Elle ne l'acceptera jamais et on comprend que de toute façon, elle n'aime personne. Elle n'a pas aimé son mari et son seul amour est l'argent, son intérêt : l'accumulation de terres. Son fils, qui souhaite devenir autonome, se détache de sa mère. Il ne la comprend pas. Il est lui aussi très chrétien et cela se traduit autrement. L'argent importe peu, mais il aime la nature, son domaine, Malataverne, don de Dieu. Cela permet aussi de faire vivre les métayers. Pendant ses études, il rencontre une jeune libraire dont il tombe amoureux. Celle-ci s'est éloignée de la religion et pour lui, il est impossible de ne pas passer par le sacrement du mariage. de plus, il lui cache sa richesse mais il finit par apprendre qu'elle sait tout, de par son ami Simon. La question se pose alors : l'aime t-elle ou est-elle seulement attirée par son argent ? Quant à sa mère, elle ne peut que s'opposer à cette liaison. Elle envisage de le marier à un "pou" de la région, elle aussi très riche.
C'est Mauriac et donc bien écrit. On retrouve un personnage typique chez Mauriac, tiraillé par les doutes et les questions, un personnage double. Je l'ai pourtant trouvé moins passionnant que d'autres oeuvres de Mauriac.
Lorsque j’avais 16 ans, j’avais à lire ce roman pour mon cours de français et j’ai un souvenir d’ennui profond. Je n’avais pas été touchée par ce roman, peut-être justement parce que je n’avais pas cette vision d’adulte et que les conventions sociales ont bien évoluées depuis la publication du roman.
C’est avec mes yeux d’adultes que j’ai relu ce roman et j’en ai une toute autre interprétation. Bien sûr, les conventions sociales ont évolué et la place de la femme a grandement évolué depuis l’écriture du roman. Le recours au mariage arrangé n’est plus systématique, loin de là et le recours au divorce est légion de nos jours. Thérèse Desqueyroux de nos jours aurait pu éviter d’en venir à tenter d’empoisonner son mari pour se débarrasser de lui.
Ce qui reste probable de nos jours, c’est que le paraître et la réputation familiale à tenir face à autrui sont toujours d’actualité. Et ce sont bien là 2 aspects qui sont tenaces et qui peuvent amener à de terribles situations.
Thérèse Desqueyroux s’est mariée par convenance parce qu’il le fallait et qu’elle s’est résignée à suivre ce qu’on attendait d’elle. Mais très vite, elle s’aperçoit que cette situation ne lui plaît pas car son mari semble ne pas s’enquérir de son bonheur et considère Thérèse comme un faire valoir.
Elle a toujours été un peu en recul de ce qui lui arrivait, même avant son mariage. Elle semble ne pas vivre pleinement sa vie et la vivre tout du moins par procuration, du point de vue de sa meilleure amie, Anne. Celle-ci rêve de rencontrer l’amour et se marier mais elle aussi va devoir se ranger et finit par se marier, sans amour.
Thérèse finit par tenter d’empoisonner son mari, qui n’y succombera pas. En revanche, Thérèse est arrêtée et pour sauver les apparences et la réputation familiale, notamment le père de Thérèse, son mari va témoigner en faveur de sa femme. Elle va donc être libéré.
Loin de reconnaître ses torts, son mari ne va pas prendre le parti de reconsidérer la situation et de prendre sa part de responsabilité.
J’ai du mal à reconnaître les torts de Thérèse, même si bien évidemment, en venir à ces extrémités, c’est loin d’être anodin. Néanmoins, l’auteur arrive tellement à nous rendre compte de la prison dans laquelle s’est enfermée Thérèse au sein de sa famille, que j’ai du mal à lui donner tous les torts. Thérèse est à la fois victime et coupable en même temps de s’être laissée enfermée, car elle ne s’est pas révoltée, ou tout au moins, elle ne semble pas avoir voulu réellement faire comprendre à son mari son mal-être. On a comme l’impression que son mari finirait par le comprendre et qu’il en tirerait lui-même les conséquences.
C’est donc un roman sombre, oppressant et en même temps terriblement réaliste. La pression monte, le lecteur se demande comment cette histoire peut se terminer. Les descriptions rajoutent à cette ambiance terrible, notamment lorsque Thérèse est libérée par le juge et qu’elle se remémore son passé, qu’elle prépare son discours face à son mari pour se justifier de son acte. J’ai beaucoup aimé ce roman et cette fin est parfaite. A lire !
Très occupé de journalisme politique pendant et après la seconde guerre mondiale, l’académicien girondin François Mauriac ne renoue avec le roman qu’au tournant des années cinquante, peu de temps avant son obtention du prix Nobel de littérature. Poursuivant sa peinture des turpitudes cachées des familles bourgeoises, il signe avec Le Sagouin, entre nouvelle et court roman, un récit glaçant et désespérément noir.
Le Sagouin est un garçon d’une dizaine d’années, enfant chétif et craintif dont la furie de mère, la main lourde et le verbe injurieux, ne supporte pas le physique ingrat et l’esprit attardé hérités de son père, ce « dégénéré » qu’elle s’emploie de toutes ses forces à exécrer depuis qu’elle l'a épousé pour devenir baronne. Renvoyé par les Jésuites après deux tentatives d’intégration en pensionnat, interdit de précepteur depuis de troubles commérages qui ont provoqué la mutation du curé, de trop bonne famille enfin pour fréquenter les bancs de l’école communale, il ne lui reste qu’une dernière chance pour espérer sortir un tant soit peu du cloaque familial : que ce « rouge » d’instituteur accepte de le recevoir pour des leçons particulières. C’est sans compter les convictions idéologiques, qu’après un premier contact pourtant prometteur avec l’enfant, le maître d’école décide de faire passer avant sa vocation éducative. Pour le garçon et son père, le contre-coup s’avèrera terrible…
Quelques traits suffisent à l’écrivain pour nouer le drame autour du pauvre Guillou, innocent sacrifié sur l’autel des ambitions égoïstes et jalouses des adultes qui l’entourent. Dans cette France de 1920 qui voit les conflits sociaux saper l’ordre ancien et la stratification bien établie des classes, chacun des personnages rumine ses frustrations jusqu’à la haine et, barricadé dans ses principes, s’enferme dans une rigidité propice aux antagonismes aveugles. Issue de la bourgeoisie bordelaise, la mère qui rêvait tant de noblesse vit dans un dépit haineux le mépris de sa belle-mère, méchamment obstinée à lui faire payer la mésalliance de son fils et à défendre le prestige vacillant d’une famille habituée à dominer le village des hauteurs de son château et de ses privilèges. A l’opposé, l’instituteur, fier de ses idées socialistes et laïques, se refuse à pactiser avec un quelconque représentant de la noblesse, en fut-il le malheureux et impuissant rejeton, stigmatisé comme idiot par les siens et par tous les enfants du village, en réalité un enfant sensible, capable de lire et de comprendre, mais miné par la peur et par un profond sentiment d’insécurité.
Dans ce jeu de frictions entre adultes, mise à part la bonne qui, sans voix au chapitre, est la seule à témoigner quelque affection au garçon, ce sont les femmes qui mènent le bal avec un acharnement à la mesure de leur méchanceté. Fermement rappelé à ses intérêts par son épouse, même l’instituteur achève dans cette histoire d’enterrer ses idéaux pédagogiques, tandis que, simples pions méprisés et bafoués dans le combat pour l’autorité qui oppose la mère et la grand-mère, enfant et mari se retrouvent niés jusque dans leur droit à exister. Le dénouement tragique menant à l’ultime sacrifice du père et du fils, le récit s’achève alors par une sorte de châtiment divin rappelant la ferveur catholique de l’auteur. Aucun des personnages ne l’emportera au paradis.
Tout l’univers de Mauriac est contenu dans ce récit fulgurant, intense et poignant, caractéristique de son tourment de se trouver si attaché à l’étouffant milieu bourgeois qu’il ne cessa de peindre avec une lucidité sombre et critique. Coup de coeur.
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