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J'avoue que je ne connaissais pas la Réforme agraire des années 50 en Chine.
Je me suis donc pleinement et très curieusement plongée dans cette lecture.
Un roman historique qui nous embarque dans les années destructrices de Mao et en particulier cette réforme agraire poussant une famille de propriétaires terriens à se donner la mort pour échapper aux séances publiques d'accusations dont on connaît les sombres issues.
A travers Qinglin, j'ai découvert l'histoire d'un pays et c'est très intéressant, j’ai appris beaucoup de choses. Le devoir de mémoire, les secrets et la transmission sont au cœur de ce roman.
Sans être un coup de cœur, j'ai aimé ce beau roman.
Qu'est-ce qui s'est vraiment passé à Wuhan ? Qui sait mieux que quelqu'un qui y vivait pendant le confinement ?
Voici le journal de Fang Fang romancière renommée en Chine. Elle prend la plume pensant décrire quelques jours de confinement ; confinement qui va durer 60 jours.
Il ne faut pas tenter de s'immerger dans ce journal avec notre pensée occidentale. La culture chinoise imprègne cet essai : il y un mélange de contestation et de soumission. Elle critique le gouvernement et conteste les décisions des officiels tout en enjoignant la population de suivre les recommandations.
Elle parle de ses sentiments en tant que résidente ordinaire vivant au centre épique de cette épidémie.
Elle adore sa ville. Elle parle de dépression, de désespoir, de peur, de tristesse et de colère mais aussi de petites joies et de grandes solidarités.
C'est un aperçu intéressant de la façon dont au moins un Chinois se sent réellement vivant dans ce pays communiste. Elle revient pendant quelques pages bouleversantes sur son enfance pendant la révolution culturelle.
C'est courageux de défier les autorités. Son compte sera bloqué et elle sera aidée par une résidente américaine pour mettre en ligne son journal.
Le livre de Fang Fang fait l'éloge des gens ordinaires (travailleurs médicaux, organisations locales, bénévoles, travailleurs communautaires, policiers, et bien sûr les gens qui sont restés confinés) qui ont aidé la Chine à arrêter la propagation du virus tout en demandant des réponses aux responsables et en regrettant l'arrogance des officiels.
Elle est précurseur ; rapidement, elle alerte sur les faits des gens souffrants d'autres pathologies que le coronavirus ne sont plus pris en charge. Elle s'émeut des traumatismes à venir notamment pour les enfants et les jeunes.
Lire ce journal pendant que, nous en France, sommes dans notre second confinement est très interpellant sur ce qu'elle pressentait déjà.
Cerise sur le gâteau ; elle m'a donné envie d'aller à la découverte de Wuhan, ville tant aimée.
Le journal tenu sur Weibo par l’écrivain Fang Fang est intéressant sur ce qu’il dit de la Chine actuelle et le vécu à chaud de l’épidémie.
Il gardera sans doute juste cette valeur de témoignage au même titre que d’autres récits qui ont eu moins d’audience que le sien. Je l’ai trouvé long et ennuyeux.
Mais ce qui m’a le plus dérangé c’est le ton de l’auteur. Il m’a rappelé celui de certains discours et vindictes de bon ton contre le gouvernement tout en entretenant une forme d’ambivalence à son égard. On est quand même en Chine, la parole n’est pas libre.
Certains propos m’ont choqué, notamment lorsqu’elle compare cette période à celle de la Révolution Culturelle qu’elle a vécu enfant et étudiante. Elle ne semble pas avoir été épargnée par le lavage de cerveaux de l’époque. Elle se livre ainsi aux mêmes campagnes contre les « droitiers » de cette époque. Ses textes condamnent le comportement de certains, les attaques qu’elle subit sur internet, elle semble chercher les coupables via les réseaux. Pour nous lecteur, nous avons un condensé de ce qui se lit sur la toile, en somme un travail d’agrégation d’informations parsemé de bons sentiments (et je ne sais plus qui a écrit que c’était le terreau de la mauvaise littérature) mais sans la rigueur d’un journaliste ni la vivacité de la plume d’un écrivain.
Je comprends que l’éditeur ait cédé aux sirènes des rendements promis par la vente d’un récit vécu de l’intérieur mais qui me semble moins pertinent et important que le travail sur la durée de journalistes ou alors le récit porté par un auteur lucide qui ne se contente pas de réagir aux informations glanées deci-delà.
Bref résumé :
Le journal quotidien de Fang Fang, écrivaine chinoise confinée à Wuhan, durant la pandémie et publié chaque soir en ligne.
Elle décrit les conditions de vie des habitants et l’environnement sanitaire et administratif.
Ce que j’en pense :
Les critiques sont nombreuses, répétées et essentiellement dirigées vers l’administration, jamais vers les dirigeants politiques :
« Si la même situation était apparue dans d’autres provinces, les cadres locaux n’auraient pas fait mieux. Une administration qui ne permet pas la promotion des meilleurs éléments engendre des conséquences désastreuses ; des discours politiquement corrects mais creux, au détriment de la recherche de la vérité à partir des faits, engendrent des conséquences désastreuses ; empêcher les gens de dire la vérité et les médias de rapporter la réalité engendre des conséquences désastreuses. »
Dans la vie courante, on apprend que la province de Wuhan est touchée par la pénurie de masques et que les hôpitaux n’ont pas été en capacité d’accueillir les malades et que beaucoup sont morts dans la rue :
« Le fait que dans la province du Hubei, les statistiques soient inexactes et le nombre de décès si élevé est clairement dû à l’insuffisance des ressources dans les hôpitaux. Ainsi, certaines personnes n’ont pas été diagnostiquées après leur mort, et d’autres sont mortes juste avant d’être hospitalisées. »
« Quand le nombre de soignants contaminés s’est mis à augmenter, tout le monde dans le milieu médical a compris que le virus était en réalité transmissible d’homme à homme. Mais personne ne l’a dit haut et fort car cela n’était pas autorisé. »
Le ton est modéré face au gouvernement chinois : « Je me conforme sans réserve à chacune des décisions prises par les autorités. Plus encore, je m’efforce de les aider en expliquant leurs mesures aux gens qui ne les comprennent pas, et en rassurant ceux qui se font du souci. »
Cela n’a pas empêché l’auteure d’être agressée régulièrement par des internautes : « Tu seras la honte de notre histoire. » et de subir la censure.
« Bien que mes articles soient effacés les uns après les autres, au fur et à mesure que je les publie, je n’ai pas l’intention de renoncer à écrire. »
Elle écrit simplement ce qu’elle observe, ce qu’elle ressent. Très soucieuse d’être comprise par son auditoire, à tel point qu’il lui arrive de répéter la même chose sous différentes formes.
Extrait du Courrier International :
« Quelques jours avant la sortie de son livre en France, Fang Fang a répondu à nos questions depuis son domicile, confiant notamment que « certains articles postés après minuit étaient bloqués dès le lendemain matin : les lecteurs s’empressaient donc de les lire durant la nuit, car ils craignaient de ne pas pouvoir les retrouver le lendemain.”
Scrutés par les censeurs, les voix et témoignages du déroulement de la vie sous confinement dans cette ville de 9 millions d’habitants étaient en effet systématiquement effacés des réseaux sociaux. (…) Elle nous a expliqué « croire au pouvoir des mots : cette force est illustrée par cette expérience qu’est l’écriture de ce journal intime. Des dizaines de millions de personnes ont attendu pour lire sans dormir ! J’étais vraiment surprise. Pour la première fois, j’ai pleinement compris la puissance des mots. »
Un excellent documentaire qui dévoile les coulisses du premier confinement 2020 de la planète et montre l’universalisme d’une crise sanitaire. Avec les mêmes sentiments et réactions de la part de la population : la peur, l’incompréhension, l’angoisse, les frustrations, la colère, et les mêmes défaillances des gouvernants, à des degrés différents, face à un évènement tragique et imprévisible.
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