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Grandeur et misère d'une jeune prof démunie.
Un récit de vie ou plutôt de survie en milieu inhospitalier .
Celui d'une jeune prof de Lettres, Emmanuelle Delacomptée, fraîchement émoulue de l'université, envoyée pour son premier poste dans un collège rural d'une modeste bourgade dans « les tréfonds de l'Ouest » : le collège des 7 grains d'Or, « au beau milieu des champs de maïs »
Un endroit étranger à cette parisienne issue d'un milieu intello et favorisé, censée enseigner les Lettres à des élèves de 14 ans dont le langage, les goûts et les préoccupations sont très éloignées des oeuvres aux programme.
Quant au jargon abscons des instructions officielles et les vagues conseils de ceux qui sont censées l'aider, ils ne sont d'aucun secours à cette jeune prof démunie plongée dans la fosse aux lions .
Son épopée quotidienne, à la fois burlesque et pathétique est construite sur une succession de petits chapitres et forme une comédie bouffonne, souvent digne d'un album de BD .
Si les séquences portant sur l'administration et les consignes pédagogiques m'ont semblé vraisemblables, celles qui relatent l'enfer du quotidien de la classe face à des élèves qui n'en ont rien à cirer de l'école m'ont paru caricaturales.
Signalons qu'après avoir enseigné 1 ans dans ce collège, puis en Seine-Saint-Denis, Emmanuelle Delacomptée s'est tournée vers le monde de l'édition et est devenue éditrice chez Robert Laffont .
La cuisine, la pâtisserie sont à la mode. Qui ne suit pas au minimum une émission TV avec des grands chefs ? Nous nous intéressons maintenant aux chefs et non pas seulement à leurs restaurants. Alors quand une BD « Sacrés chefs » sort, forcément je fonce. Que vais-je y découvrir ? La vie d’Alain Ducasse ? Celle d’Anne Sophie Pic ? Tiens d’ailleurs on en saura peut-être plus sur ce que c’est d’être une femme chef…
Guillaume, journaliste stagiaire est envoyé par son oncle faire un reportage chez les grands chefs de la cuisine française. Guillaume est plein d’apriori sur ces derniers et sur le journalisme culinaire. Après lui avoir pris rdv auprès de 8 grands chefs français, son oncle lui donne donc comme mot d’ordre de s’ouvrir. Son objectif : les comprendre, saisir leur univers, leur philosophie.
Et Guillaume s’ouvre, il va de surprise en surprise, de découverte en découverte, qu’elles soient humaines ou sensorielles.
Car oui il est question de sens dans cet ouvrage, d’odeurs, de goûts, mais aussi de la vue. Car la cuisine, la grande cuisine, c’est tout ça à la fois.
Le texte est au service du sensoriel, tout comme l’image. Les ¾ des dessins sont en noirs en blancs et la couleur apparait comme des explosions pour nous révéler le ressenti de Guillaume devant un aliment, un plat, une odeur.
Tout est poésie dans cet ouvrage. Il est très doux. Le graphisme est clair et au service, à l’image, de la philosophie des chefs. L’écologie, le respect de la nature et des aliments, le véganisme… sont aussi des messages véhiculés par cette BD.
Après cette lecture, qui explique qu’avec des aliments simples, on peut atteindre le nirvana, je n’ai plus envie d’acheter mes tomates n’importe où, je veux de bon qui ait du goût et de l’odeur.
Vous l’avez compris j’ai pris un grand plaisir à me plonger dans l’univers de ces « Sacrés Chefs » et je vous le conseille vivement.
« Il n’est pas nécessaire d’écrire pour être poète. Tu n’inventes pas des poésies, mais tu vois la poésie qui est autour de nous. Les arbres, les bruits, les gestes, les insectes, les détails dont les autres se moquent, ce qui nous dépasse... »
Cela fait maintenant plus d’un an qu’Isabelle est partie, Bernard a laissé filer sa chance. Quatre murs où l’on suffoque l’été et où on gèle l’hiver, c’est tout ce qu’il avait a lui offrir. Depuis il se laisse aller, il mange peu et boit beaucoup. Tous les dimanches, il va acheter des croissants au cas où elle revienne. Les femmes ne courent pas les routes dans le coin, heureusement il a ses chiens. Au village, on l’appelle l’homme aux sangliers, il est aussi sauvage qu’eux. Il a l’impression qu’il n’y a aucune place pour lui, nulle part. Qui pourrait aimer un type dont la vie ne vaut pas plus que celle d’une bête.
Et puis il rencontre Marie, elle doit avoir 75 ans, son visage aux traits affinés a gardé de la beauté. Ils ne sont pas du même cercle, mais ils ont le même rapport au monde, la même sensibilité. Il n’est jamais impatient de la quitter, il a chaque fois, l’impression qu’elle lui offre une pause dans son agitation intérieure.
Dans ce roman que j’ai trouvé très beau et bien écrit, Emmanuelle Delacomptée nous raconte l’histoire de Bernard qui vit en harmonie avec la nature et les animaux.
« La nature il la vénère comme un Indien ou un Aborigène. Sans être bigote, sa mère estimait, elle aussi, cet équilibre sacré. Cet infini de mécanismes imbriqués les uns dans les autres, ces cycles réguliers, ces agencements minutieux, ces beautés qui s’ignorent. »
L’auteur sait parfaitement nous faire ressentir l’absence de femme dans la vie de cet homme de plus en plus solitaire. Il y a plusieurs passages qui m’ont interpellé comme les descriptions très réalistes des scènes de chasse et surtout les dernières lignes où Bernard compare le corps de Marie à sa Dordogne qu’il aime tant. Un beau récit, je me suis attaché à ce personnage rustre, bourru qui meurt petit à petit faute d’amour.
Molière à la campagne est le récit d’une jeune enseignante qui nous raconte sa première année de stage dans une classe de 4ème, au cœur de la Haute-Normandie, dont elle a la charge en français. Elle partage son temps entre cette classe et ses élèves aux prénoms de « série télévisée » et la formation à l’IUFM. Le constat est difficile pour cette jeune femme qui pensait pouvoir enseigner la littérature et le français correct et qui se retrouve face à des élèves qui parlent plus le langage « SMS » que la langue de Molière... Le deuxième constant difficile pour elle est cette formation qui n’est vraiment pas adaptée à la réalité du terrain et à ce qu’elle vit tous les jours face à ces jeunes.
L’idée était bonne, la difficulté du métier d’enseignant et le thème aurait pu être intéressant si Emmanuelle Delacomptée n’avait pas systématiquement caricaturé les élèves d’aujourd’hui, beaucoup trop également d’éléments négatifs même si le milieu scolaire n’est pas le monde des « Bisounours », il n’y a sûrement pas que du « mauvais ». Toutefois ce récit a le mérite de mettre en lumière les difficultés du système éducatif entre la formation réduite, des jeunes fonctionnaires lâchés avec peu de formation et le manque d'implication des parents, rien d’encourageant pour les futures générations d’enseignants. En ce qui concerne les passages par rapport à sa formation, sûrement réalistes mais qui m’a laissé perplexe par rapport à son absurdité car en décalage complet par rapport à la réalité du terrain. Certaines parties étaient même « marrantes » et « cocasses » mais ne m’a pas permis de trouver ce récit intéressant.
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