Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Une star d’Hollywood Audrey Hepburn ? Non, juste une grande Dame.
Grande par sa beauté, grande par son intelligence, grande pour ses choix de vie et surtout grande pour son altruisme en faveur des plus défavorisés.
Car c’est au service de l’UNICEF que l'actrice de Vacances romaines a mis sa notoriété afin de s’occuper de ceux, qui comme elle, ont souffert.
Car même si Audrey est née au sein d’une famille maternelle issue de la noblesse néerlandaise, cela ne l’a pas empêchée de souffrir, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, de malnutrition.
L’hiver 1945 aux Pays-Bas sera surnommé "l’hiver de la faim", les nazis ayant décidé de se venger de leurs défaites en cours en interdisant l’importation de nourriture.
C’est donc de farine de bulbes de tulipes que les Néerlandais se sont nourris afin de pouvoir survivre jusqu'à la libération de leur pays.
Avec “Audrey Hepburn”, une biographie graphique signée Eileen Hofer (scénariste de Prima Ballerina Assoluta) et Christopher, nous entrons dans l’univers de l’actrice. Mais avant cela dans l’univers de la fillette ballottée par ses parents en raison de leur présence, mais surtout de leurs absences.
Dans l’univers de la ballerine dont le rêve de carrière fut brisé par l’invasion de son pays par l’armée du Reich.
Dans l’univers de la femme, celle qui était prête à mettre de côté sa carrière hollywoodienne pour être auprès des hommes qu’elle a aimés. Dans l’univers de celle qui est devenue mère de deux garçons et qui a préféré leur donner une enfance presque normale en Suisse.
Et enfin dans l’univers de l’actrice oscarisée qui nous a tous fait rêver par la simplicité et le chic de ses interprétations cinématographiques et théâtrales.
Un magnifique hommage en noir et blanc couvrant toute la vie de celle qui fut à la fois ambassadrice de la mode française, de par sa très grande amitié avec le couturier Hubert de Givenchy, mais aussi ambassadrice des Nations Unis, en raison de son altruisme.
Beauté et bonté, deux mots se conjuguent parfaitement bien ensemble et qui décrivent tout simplement cette femme et son dévouement envers les autres.
L'histoire commence à La Havane en 1931 lorsque la jeune Alicia débute les cours de danse. Puis elle continue dans la même ville, quelques années plus tard, lorsqu'elle remplace au pied levé une autre danseuse et qu'elle devient une véritable icône du ballet : Alicia Prima Ballerina Assoluta. Elle dansera avec les plus grands chorégraphes malgré une perte progressive de la vue et sera une fervente de la révolution cubaine en 1959.
Son histoire croise celle d'Amanda, en 2011 qui rêve d'être une grande danseuse et qui, dans un pays fatigué et pauvre, tente de se faire un nom.
Je ne suis pas connaisseur du monde de la danse et c'est même un art que je ne comprends pas, mais j'aime beaucoup les dessins de Mayalen Goust, ses choix de couleurs douces, son trait. Et sur ce point, je ne suis pas déçu du tout, bien au contraire. C'est doux, très beau, coloré, cela évoque sans marteler la difficulté de vivre à Cuba entre marché noir, débrouille et misère. Et la joie de vivre malgré tout, l'envie de s'en sortir.
Le scénario d'Eileen Hofer présente Alicia Alonso (1920-2019), la vraie danseuse, celle qui a existé, avec d'autres personnages fictifs. Il brosse le portrait d'une femme volontaire et motivée, ambitieuse au point parfois d'oublier la misère des Cubains, qui frayait avec les chefs de la révolution cubaine, Fidel Castro notamment. Mais aussi bien sûr la grande danseuse qu'elle fut, qui surmonta sa cécité pour continuer à danser sur les plus grandes scènes, qui fit preuve d'une volonté sans égale et qui est pour la jeune Amanda et pour toutes les jeunes danseuse du pays, un modèle.
Très bel album, grâcieux et fin qui me permet de faire la connaissance d'Alicia Alonso.
Alicia, Giselle, deux prénoms de femmes. La première incarna la deuxième, la deuxième donna la possibilité à la première de devenir une Prima Ballerina Assoluta.
Alicia, c’est Alicia Alonso, danseuse classique née sur l’île de Cuba en 1920 et décédée en 2019. Elle eut la chance à l’âge de 9 ans que ses parents acceptent qu’elle montrât ses jambes, ce qui ne se faisait pas à cette époque. Une danseuse exceptionnelle, qui alors qu’elle se trouve à New York en 1943, va devoir remplacer, au pied levé, la ballerine qui devait interpréter le personnage de Giselle, dans le ballet romantique du même nom.
Mais Alicia Alonso, c’est également celle soutiendra Castro et ses théories développées dès 1959 lors de l’instauration de la révolution cubaine. Elle mit à la disposition du Líder máximo la compagnie de danse qu’elle avait fondée en 1948, afin qu’elle devienne le Ballet Nacional de Cuba, un outil de propagande à la solde du régime castriste.
Enfin Alicia Alonso, c’est cette vieille dame aveugle ou presque, qui malgré de nombreuses interventions chirurgicales depuis l’âge de 19 ans, continue de faire rêver les jeunes ballerines élèves de l’école de danse de La Havane, telle Amanda dont les parents ont tout abandonné pour qu’elle devienne à son tour une Prima Ballerina Assoluta.
Cet album est un retour sur ce que fut la révolution cubaine et ce qu’il en reste aujourd’hui. Mais plutôt que d’utiliser l’œil de l’historien, Eileen Hofer a choisi une approche toute autre, en suivant le parcours de la danseuse exceptionnelle que fut Alicia Alonso.
C’est intéressant, c’est marquant, c’est touchant parce que plein de vie, d’espoir, de joie mais également de douleurs quand on réalise ce qu’endurent ces très jeunes ballerines, avant d’espérer pouvoir peut-être devenir un jour danseuse étoile.
La dessinatrice Mayalen Goust a mis au service de cette très belle histoire un trait fin et aérien, tels des entrechats réalisés par ces ballerines, pour nous offrir des dessins de toute beauté.
Un très bel album mettant en lumière une danseuse et un pays auquel elle sera restée fidèle toute sa vie.
La journaliste et cinéaste suisse Eileen Hofer a consacré son deuxième long métrage documentaire « Horizontes » à Alicia Alonso en 2015. Elle a déclaré, peut-être en guise de boutade, qu’elle avait choisi le cinéma par dépit car elle ne savait pas dessiner. Quoi qu’il en soit quand, au fil des rencontres, l’occasion s’est présentée d’adapter son documentaire en bande dessinée, elle n’a pas hésité. Elle est épaulée en cela par Mayalen Goust au dessin.
Les deux autrices ne réalisent pas une hagiographie révérencieuse, bien au contraire. Si elles reviennent sur le destin incroyable de cette danseuse devenue malgré sa cécité grandissante « prima ballerina assoluta » - titre accordé aux ballerines le plus exceptionnelles de leur génération - continuant à danser pendant plus d’un demi-siècle avec les plus grands(Balanchine, Jérôme Robbins, Roland Petit, Maurice Béjart,) et devenant même chorégraphe et directrice du ballet National de Cuba, elles n’omettent pas ses zones d’ombre. Ainsi, elles soulignent son opportunisme dans son soutien à Castro et l’élaboration du concept de « cubanidad », elles évoquent son racisme également et montrent que si elle permit à sa discipline d’acquérir un rayonnement à nul autre pareil en éduquant les masses au ballet, elle se compromit largement avec le régime. Et puis surtout, même si elle est désignée comme l’héroïne éponyme du roman graphique, elle n’y est pas au centre.
Alicia, Manuela, Amanda et les autres…
L’album s’attache en effet tout autant à deux autres figures féminines du Cuba contemporain: Manuela, métisse de 40 ans, qui a n’a pas réussi à percer en tant que ballerine peut être à cause de sa couleur de peau, et qui doit jongler avec plusieurs métiers pour réussir à élever son fils seule ( femme de ménage, danseuse de cabaret, prostituée occasionnelle et vendeuse d’œufs au marché noir) et la jeune apprentie ballerine Amanda dépositaire des espoirs de sa famille et plus particulièrement de sa mère, amie de Manuela, qui vit sa vie par procuration à travers sa fille. Autour d’elles gravite toute une galerie de personnages pittoresques : un prêtre balletomane, un chauffeur maladroit qui tombe toujours en panne, un cardinal rescapé des camps d’internement, un peintre du dimanche qui fait un portrait d’Alicia sous les traits de la sainte patronne de Cuba et le curateur du musée de la danse qui veille à la perpétuation du culte d’Alicia.
Il était une fois la Havane
Le récit se mue alors un récit choral qui permet de montrer les contradictions du régime : si Josefina, la mère d’Amanda, fait le panégyrique du castrisme, les situations de manque et de pénurie dans lesquelles elles évoluent, les bâtiments qui tombent en ruine, les communications défaillantes, les coupures d’électricité et la délation qui sévit mettent à mal ces beaux discours. Toute la séquence consacrée à la procession de la Cachita, sainte patronne de la ville, montre également comment après avoir banni la religion le castrisme s’en sert pour fédérer les Cubains et éviter la création d’une opposition. Cet épisode permet par ricochet de jeter le trouble quant aux motivations présidant à la création du ballet national … et l’analyse devient alors féroce.
Ces différentes thématiques sont magistralement servies par le dessin de Mayalen Goust. La couverture donne le ton en mêlant drapeau cubain, étoile de la révolution, ballerine et palmiers dans une palette un peu surprenante où la silhouette de danseuse se détache en noir sur un camaïeu de couleurs pastel. Danse, Révolution et Cuba sont ainsi intimement liés. Après la Russie de « Kamarades » et l’Argentine de « Vies volées », la dessinatrice nous offre de très beaux panoramas en pleine page de la Havane. Elle arrive à nous transmettre une atmosphère de dynamisme et de jeunesse alliée au dénuement à travers ses portraits de foules, ses gros plans sur les bâtiments lézardés et un très beau travail sur la lumière. Quant à ses pages de danse, elles sont somptueuses et captent à merveille la grâce des danseuses grâce à un découpage et une mise en page particulièrement appropriés y compris dans les têtes de chapitres qui reprennent chacune les cinq positions de pied du ballet classique. Les personnages s’émancipent de la case et se déploient dans des grandes vignettes ou même des pleines pages. Le répertoire classique est dépeint dans des tons violet tandis que la salsa est présentée dans des teintes beaucoup plus franches. La continuité chromatique pour les pages de ballet classique permet d’établir la filiation entre Alicia et Amanda et souligne le legs de la prima ballerina.
L’ensemble est donc fort bien composé et pensé. Le va et vient entre les époques, lisible et les destinées de ces femmes, passionnantes. La documentariste Eileen Hofner réussit brillamment son entrée en bande dessinée et Mayalen Goust confirme l’étendue de son talent. Seul bémol peut -être un petit dossier avec des repères historiques et un rappel de la carrière d’Alicia Alonso aurait été bienvenu en bonus !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...