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Ecologiste radical, conteur hors pair, amoureux du désert, ...Edward Abbey c'est tout ça, et bien plus encore.
Dans ce livre, où sont réunis plusieurs textes écrits à la fin des années 50, lors des deux saisons consécutives où Abbey a travaillé comme ranger dans l'Arches National Park, en plein désert rougeoyant de l'Utah, il décrit des plantes, commente la météo, observe les créatures vivantes qui l'entourent, raconte des anecdotes désopilantes, rend compte de l'expérience de liberté absolue ressenti dans les paysages désertiques des Arches. Mais on y trouve aussi ses réflexions lors de son retour dans ce même désert, 10 ans plus tard. Constatant les ravages du tourisme et de l'exploitation minière dans cette nature autrefois sauvage, Abbey décide de dénoncer, d'avertir, d'éclairer les consciences et de nous raconter cette nature vierge qu'il a connue et qui n'est déjà plus.
Son aventure solitaire de la sauvagerie est militante, habitée par l'amour de toutes les créatures, par la folie intrépide d'un homme qui parle aux serpents et s'extasie devant les fleurs du désert, un type drôle et rude parfois, que j'ai adoré suivre dans ses équipées sauvages, à dos de cheval ou sur un canot, dans les canyons assommés de chaleur comme sur les rapides du Colorado.
Il y a une saine colère dans ces pages, contre la fuite en avant du progrès et du profit, contre l'américain en goguette qui ne peut se passer ni de sa voiture ni de son coca, détruisant au passage les sites les plus incroyables du territoire américain.
Si le discours tenu par Abbey peut parfois sembler convenu, il est en réalité visionnaire et programmatique, parce qu'il dit l'urgence d'arrêter de considérer la nature comme un terrain de jeu, et qu'on a l'impression désespérante que plus de 50 ans plus tard, il a prêché dans le désert dans tous les sens du terme.
J'ai adoré ce voyage intrépide et dangereux, cette écriture franche et poétique, un grand récit!
Parc National des Arches, désert de l’Utah, dans les années soixante.
Edward Abbey occupe pour 6 mois le poste de ranger, gardien de cette réserve naturelle. Son rôle consiste à accueillir les touristes et à veiller à leur sécurité et à l’entretien du parc.
Mais ces 26 semaines de grande solitude la plupart du temps sont surtout le prétexte à l’observation de cette nature aussi époustouflante que dangereuse.
Et il s’y connaît le bonhomme en observation et aime à les écrire avec verve et poésie. De magnifiques pages sur les roches, les plantes, les animaux du désert, sur les orages.
De nombreuses digressions et réflexions viennent compléter ce récit autobiographique. Abbey est un homme en colère, contre le gouvernement qui envisage de transformer les parcs naturels en parcs d’attraction, contre la prospection minière, l’usage que les américains font de la voiture, contre un certain progrès qui se fait au détriment de l’écologie ... il ne mâche pas ses mots, est tout à la fois violent et poète, drôle et cinglant, en fait toujours un peu trop, et avec le recul est plutôt visionnaire.
Belle découverte !
Traduction Jacques Mailhos
Préface fort intéressante de Doug Peacok
A grands coups de rames et de mots, Edward Abbey nous entraine dans son sillage sur les rivières sauvages américaines.
Il met sa plume, sa poésie et son humour aussi au service de sa colère face à une nature sacrifiée. Son récit navigue, tourbillonne, se faufile entre réflexion philosophique et émerveillement poétique.
Un texte puissant et fin, drôle et passionné !
S’il fallait emmener un seul livre sur une île déserte, je crois que ce serait celui-là, tant il a de multiples facettes.
C’est à la fois un récit d’aventure avec des descentes de rivières impressionnantes où l’on s’immerge dans des paysages encore sauvages, et c’est aussi une réflexion philosophique sur la place de l’homme dans son espace naturel, passé, présent et à venir.
Belles, vivantes et dangereuses, les rivières américaines, au fond de leurs canyons escarpés, imposent le respect aux hommes et aux femmes qui les parcourent. La Tatshenshini, la Green, la Colorado et bien d’autres cours d’eau, du Yukon Canadien jusqu’en Arizona en passant par l’Alaska et l’Utah, ces rivières, « flux sanguin de la nature », obligent l’homme à faire corps avec elles et résistent à sa domination.
Edward Abbey, le philosophe de la nature, part du principe que « la domestication de la Nature nécessitait et engendra la domestication des êtres humains » et qu’aujourd’hui, « une société qui se sent trop pauvre pour préserver ce qu’il reste de nature sauvage ne saurait mériter qu’on l’appelle civilisation».
Son combat, c’est l’arrêt de l’expansion humaine, la limitation des profits tirés de l’exploitation de la nature et la préservation d’espaces entièrement sauvages.
Onze textes d’une densité sans fond, dans lesquels j’ai puisé autant de sensations que de réflexions et dont je suis sortie grandie, éblouie et convaincue.
Il ne suffira pas d’une seule lecture pour tout appréhender et, installée dans mon île déserte, je sais que j’y trouverai matière à réfléchir, des années durant.
Acerbe, drôle et désabusé, Edward Abbey, l’aventurier érudit, m’a fait sourire plus d’une fois et m’a régalée du début à la fin de cet ouvrage qui fera référence, sans aucun doute.
Décédé en 1989, il a rejoint cette Nature qu’il aimait tant et, du fond de son désert, je l’imagine regarder avec compassion les humains se débattre dans cette prison qu’est devenue notre Planète et qu’ils ont construite de leurs propres mains.
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