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Je connaissais Dominique A en tant qu’auteur-compositeur-interprète et j’avais eu l’immense privilège de le découvrir sur scène devant un lieu unique créé par un autre artiste : Le Palais Idéal du Facteur Cheval.
Mais je ne le connaissais pas encore en tant qu’écrivain et c’est grâce à Babelio que j’ai pu découvrir ce récit, Ma vie en morceaux, dans lequel Dominique Ané nous relate les moments les plus importants de sa vie.
« On se demande parfois de quoi on se souvient. Mieux vaudrait se demander comment. Dans mon cas, je le sais, c’est avec les chansons. Chaque période de ma vie a été définie, délimitée par les disques que j’ai réalisés et les chansons qui en sont ressorties. » Ainsi, chaque chapitre de son livre - il y en a vingt-six – porte le titre d’une chanson, et chaque chapitre se termine par les paroles de cette chanson.
L’ouvrage débute avec « Le courage des oiseaux », chanson magnifique qui, dès la sortie de son premier disque – La Fossette – fut adoptée « comme le morceau emblématique de la scène qu’on sentait poindre. »
Plus loin, il nous raconte comment « Antonia » est née d’une rencontre avec deux livres : Celui qui n’est pas là de Dominique Fabre et Mon Antonia de Willa Cather. Ce fut ainsi le coup d’envoi d’emprunts de plus en plus fréquents à la littérature.
Ma vie en morceaux se lit d’un trait et ce récit m’a passionnée de bout en bout.
Dominique Ané : chanteur ou écrivain ? Il répond sans hésiter : « Je suis un auteur tout simplement, au sens large. »
Ce livre confirme le plaisir talentueux avec lequel le chanteur devient écrivain. Pour Dominique Ané, en tout cas, chanson et littérature sont bien liées.
Récemment, à la fin du mois de septembre, j’ai eu le plaisir de rencontrer Dominique Ané aux Correspondances de Manosque. J’ai pu l’écouter chanter et lire des extraits de son livre lors d’un concert littéraire puis, le lendemain, parler de son livre en public. Ensuite, je n’avais plus qu’à me régaler en lisant Ma vie en morceaux.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
A travers de petits textes, Dominique Ané nous parle de son adolescence à moins que ce ne soit de la fiction, le tout s'emmêlant sans doute, comme le dit Lim Chul-woo, auteur coréen : "Sur le squelette de mes souvenirs d'adolescent, j'ai drapé quelques haillons romanesques". De courts textes qui se répondent entre eux et qui répondent aussi au recueil précédent de l'auteur, Y revenir, plus centré sur l'enfance. Une suite donc...
La ville est très présente dans ce livre, jamais nommée par son nom, elle est néanmoins le lieu vers lequel le jeune homme narrateur converge pour ses nouvelles expériences. Sans doute le gouffre qui s'est creusé entre lui, "Le Parisien" (parce qu'il habite dans une petite ville) et ses anciennes connaissances de la campagne -et que celles-ci lui font bien sentir-, est-il la source de cette omniprésence de la ville. Et même si l'éveil des sens se fera plutôt assez loin de l'urbanisation, la découverte de l'amitié forte, de l'amour, de la musique, les essais de toutes sortes se feront en ville.
Beaux et courts textes de l'auteur qui habituellement est à peine dissimulé sous son nom de chanteur, Dominique A. Si vous ne le connaissez pas, c'est un tort, écoutez son dernier et somptueux album Eléor, vous verrez des similitudes dans l'écriture -une chanson d'ailleurs s'appelle L'océan. Les textes de Regarder l'océan pourraient aisément se retrouver mis en musique. Ils sont nostalgiques, poétiques, mélancoliques : "La vie me fait peur, mais il faut bien vivre. Un regret, si fort soit-il, n'y suffit pas. J'apprends à me faire aimer, et à aimer moi-même. Cela m'occupe. Mon obsession a perdu de son autorité : j'en viens parfois à douter de la fiabilité de mon souvenir. Je m'en veux alors un peu." (p.41).
De la même génération que Dominique Ané, je me retrouve dans pas mal de ses écrits, dans les états d'âme d'adolescents que nous étions, pas vraiment dans la musique que j'ai découverte assez tardivement et pas en tant qu'interprète mais dans le reste. Nous traînons également dans les mêmes endroits puisque nous nous sommes croisés deux fois récemment, lui descendant d'un navibus (pour les curieux, la signification de ce mot étrange est ici) et moi y montant -la première fois- et vice-versa la seconde ; moi, je l'ai reconnu mais pas l'inverse -ce qui est étonnant car je suis quand même allé deux fois à ses concerts et j'achète ses CD..., m'enfin, me snoberait-il ?- je n'ai pas osé l'aborder et le déranger et d'ailleurs que lui aurais-je dit à part "J'aime bien ce que vous faites... ?", même si c'est vrai que j'aime bien ce qu'il écrit et chante...
Dominique Ané, connu en tant que chanteur sous le nom de Dominique A parle de son enfance, de sa vie jusqu'à son adolescence à Provins. Une ville qui le hante qu'il hait puis qu'il ne déteste plus tant que cela. Un rapport très particulier à sa ville de naissance qu'il analyse et écrit dans ce petit livre.
En tant que Nantais, j'avais l'habitude de dire que Dominique A était de chez nous. Erreur totale, puisqu'il est né à Provins et arrivé à Nantes en pleine adolescence, sur les coups de quinze ans. Disons pour nous consoler, nous autres Sud-Bretons, que le chanteur s'est essayé dans les salles de la ville et des alentours avant de connaître la notoriété. Dans ce livre, il revient sur ces années d'école, de collège, sur ses fréquentations, ses peurs liées à la ville de Provins. De fait, ce qui pourrait être un texte très personnel est aussi assez partagé (à moins que nous ne soyons que nous deux à avoir vécu ce genre de questionnements). Je n'ai pas vécu à Provins, je ne connais cette ville que de nom (j'ai même appris que son maire était Christian Jacob, ce qui perso ne m'incite pas vraiment à aller me rendre compte sur place), mais beaucoup des tourments, des interrogations de D. Ané enfant puis jeune homme font écho en moi. Par exemple, le sentiment d'être un peu à part, isolé (ce qui pour le coup me paraît être universel) ou encore ce passage obligé par la piscine que je peux reprendre à mon compte (je pourrai même écrire pire, tellement ce fut une épreuve pour moi) :
"Je ne sais pas nager, et le plongeoir s'ouvre devant moi comme sur un gouffre. Le maître nageur éloigne la perche, et me fait replonger jusqu'à extinction des larmes. Je sors de la piscine avec une rare sensation de délivrance, et l'idée que la vie normale peut reprendre ses droits pendant deux semaines." (p.36)
Je subodore qu'on s'entendrait bien également sur la véritable épreuve que fut le service militaire, car immédiatement après cet extrait, il écrit : "Cette expérience a le mérite de m'enseigner ce qu'implique d'être un homme. Je vois se profiler le service militaire, menace lointaine, comme une séance de natation en continu."
Tout petit livre de 94 pages, très bien écrit, nostalgique, autobiographique c'est-à-dire vraiment très personnel qui finalement peut parler à tout le monde des liens que l'on crée avec les autres mais aussi avec les lieux que l'on fréquente. Je finirai par une phrase de Kazuo Kamimura -ça fait classe, hein, de citer un auteur japonais, pas vraiment connu (enfin pas connu de moi puisque c'est Dominique Ané qui le cite dans son livre et que K. Kamimura est un auteur de manga, genre littéraire que je ne maîtrise pas du tout)- qui colle parfaitement au propos de l'auteur :"Ce qui marque le plus une personne, ce ne sont pas tant ses expériences passées que les paysages dans lesquels elle a vécu." (phrase citée p.77).
Dominique A est donc provinois et non nantais. Tant pis, je l'aime bien quand même. Son bouquin est bien, ses chansons excellentes et son dernier concert à Nantes restera un souvenir très fort pour Madame Yv et moi
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