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Clemence Boulouque

Clemence Boulouque
Docteur en histoire et études juives de l'Université de New York, Clémence Boulouque, également essayiste et romancière, est professeure associée au département de religion de Columbia.

Avis sur cet auteur (11)

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    Couverture du livre « Le sentiment des crépuscules » de Clemence Boulouque aux éditions Robert Laffont

    Gerry sur Le sentiment des crépuscules de Clemence Boulouque

    Alors que je ne suis pas pour les romans où les personnages principaux sont des personnes ayant réellement vécus, j’ai bien aimé cet ouvrage qui met en scène le temps d’un repas : Freud et sa fille, Dali et Gala, ainsi que Stefan Sweig.
    A la veille de la seconde mondiale, nous avons droit à des...
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    Alors que je ne suis pas pour les romans où les personnages principaux sont des personnes ayant réellement vécus, j’ai bien aimé cet ouvrage qui met en scène le temps d’un repas : Freud et sa fille, Dali et Gala, ainsi que Stefan Sweig.
    A la veille de la seconde mondiale, nous avons droit à des échanges ou actions tout à la fois légers (Dali qui veut voler un objet appartenant à Freud) ou au contraire très lourds avec les évènements de cette année 1938 si difficiles (notamment le fait que Freud et Sweig aient pu s’échapper d’une Autriche nazie).
    C’est bien écrit et personnellement, je ne me suis pas ennuyée.

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    Couverture du livre « Le sentiment des crépuscules » de Clemence Boulouque aux éditions Robert Laffont

    clesbibliofeel sur Le sentiment des crépuscules de Clemence Boulouque

    J’ai immédiatement été attiré par ce livre qui réunit Stephan Zweig, Sigmund Freud et Salvador Dali, curieux de lire ce que ceux-là avaient bien pu se raconter et admiratif du défi de Clémence Boulouque.

    L’autrice a eu l’idée d’imaginer les échanges entre ces trois personnages charismatiques...
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    J’ai immédiatement été attiré par ce livre qui réunit Stephan Zweig, Sigmund Freud et Salvador Dali, curieux de lire ce que ceux-là avaient bien pu se raconter et admiratif du défi de Clémence Boulouque.

    L’autrice a eu l’idée d’imaginer les échanges entre ces trois personnages charismatiques lors de leur rencontre à Londres juste avant la guerre, le mardi 19 juillet 1938. Freud tout juste exfiltré de l’Autriche nazie vient d’y emménager avec sa fille Anna, alors que sa femme, Friderike est restée en Autriche :

    Zweig, un proche de l’analyste, a organisé cette visite à la demande de son ami peintre Dali qui trépigne de montrer une de ses toiles à Freud. Dali est accompagné de son épouse Gala et de son agent Edward James, un riche poète britannique mécène des surréalistes. Cette « rencontre avec l’âme du monde » a réellement eu lieu mais les échanges sont restitués librement par l’autrice. La démarche est proche de ce que Zweig a écrit, notamment sur ces épisodes où l’histoire s’accélère prenant soudainement une direction particulière. Il vient de relire la traduction française de son recueil « Les Très Riches Heures de l’humanité » qui sera publié en français en 1939.

    Comment ne pas évoquer également le recueil de nouvelles d’Erika Mann « Quand les lumières s’éteignent ». On était alors dans les années 1930, avec un propos plus réaliste, plus sombre aussi, au cœur de la tragédie. Le titre ici est assez vague, il s’agit « seulement » d’un sentiment, d’un crépuscule, façon de saisir au vol un moment de l’histoire, de plonger avec une certaine distance et légèreté dans l’intimité des personnages. Le style est intéressant et riche, présentant un grand nombre d’informations passionnantes. Le récit s’appuie visiblement sur de nombreuses sources, ce qui aurait mérité une bibliographie et des notes afin d’appuyer et légitimer le propos.

    C’est une belle idée de revisiter cette réunion improbable de personnages si différents, comme mettre en présence l’eau et le feu, la carpe et le lapin, la grenouille et le bœuf. Stefan Zweig cultive l’altruisme dont l’autrice fait dire à Anna, la fille de Freud, qu’il permet de remplacer la peur de la mort par le soucis des autres. Elle se demande ce qu’il adviendrait s’il n’avait plus personne à aider. Salvador Dali est tourné vers lui-même, un individualiste seulement soucieux de sa renommée, de sa fortune. « C’est sans doute un véritable fou qui fait semblant d’en être un ». Peut-être un jeu au départ en phase avec le mouvement surréaliste mais qui va devenir une marque, un signe de reconnaissance qui le maintiendra au sommet très longtemps.

    Freud a déjà 82 ans, Zweig en a 56 et Dali seulement 34 ans. Les lignes se sont croisées et s’échapperont de plus en plus. Le surréalisme s’est appuyé sur les travaux du psychanalyste viennois, ouvrant l’imaginaire qui allait se refermer brutalement avec le fascisme et la guerre. Ce jour de juillet 1938, Zweig et Gala freinent un Dali toujours dans la démesure, désireux de se mettre en avant.

    Une journée annonciatrice de tragédies. La suite n’est pas écrite mais peut-être à rappeler ici. Sigmund Freud, malade, meurt en septembre 1939 d’une dose sans doute létale de morphine. Fin tragique pour Stephan Zweig qui se suicide en 1942 au Brésil. Salvador Dali saura passer le cap grâce à son excentricité, son goût pour le luxe et la célébrité qui se fondent à merveille dans l’époque. Il décède en 1989 en Espagne franquiste dont il reçoit les honneurs, prime à son allégeance aux vainqueurs.

    Voici un livre de la rentrée littéraire qui permet de réfléchir à une journée particulière du début de l’été 1938. J’ai pensé à ce début d’été 2024 où on a pu ressentir ce sentiment des crépuscules, dilué ensuite dans la réalité des résultats électoraux et l’euphorie d’une paix olympique, momentanément réconciliatrice. C’est un livre singulier, une biographie où des personnages de l'ordre du mythe, romancier de renom, scientifique éclairé, peintre surdoué et médiatique, s’exposent dans leur force et leur faiblesse et, peut-être, nous éclairent. Il y a tellement de densité dans le propos que j’ai relu avec plaisir bon nombre de passages pour cette chronique.

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    Couverture du livre « Le sentiment des crépuscules » de Clemence Boulouque aux éditions Robert Laffont

    Salix_alba sur Le sentiment des crépuscules de Clemence Boulouque

    Un magistral roman « Le sentiment des crépuscules », que cet aréopage de célébrités laissant libre cours à leurs pensées acerbes, et qui dissertent sur le devenir et la fin de leur monde. Londres, année 1938, Stefan Zweig arrive à organiser un rendez-vous chez Sigmund Freud pour son ami Salvador...
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    Un magistral roman « Le sentiment des crépuscules », que cet aréopage de célébrités laissant libre cours à leurs pensées acerbes, et qui dissertent sur le devenir et la fin de leur monde. Londres, année 1938, Stefan Zweig arrive à organiser un rendez-vous chez Sigmund Freud pour son ami Salvador Dalí et son épouse Gala ainsi que par Edward James – agent de Dalí.

    Ainsi, le maître reçoit ses invités, accompagné de sa fille, Anna. Zweig avait insisté pour que celui-ci reçoive l’un des représentants de l’art moderne, et donc du surréalisme. Une discussion qui abordera tous les thèmes que focalisent l’actualité du moment : la vie difficile des émigrés et surtout l’évasion des pays où la liberté d’expression voire de vivre n’existe plus ; les persécutions, les juifs étaient insultés et battus ; l’Art bien sûr, la religion évidemment, et pour Freud, l’évolution de la certitude que la psychanalyse permettra d’apporter enfin des solutions aux tourments de l’esprit ; en outre sera évoqué le discours pour le moins mystérieux sur l’amitié, et l’ambiguïté que génèrent la confusion des pulsions soulignant la complexité de l’être humain.

    Clémence Boulouque analyse avec sa plume critique le caractère de chacun des intervenants et y suggère sa compréhension de ces personnages illustres. Sans conteste, le génie de Dalí, confirme son caractère voué à l’outrance, à l’exagération et qui énonce des jugements sur tout, avec sa verve : tantôt ironique, tantôt acerbe...Quant à Freud, qui répond à l’interrogation de Zweig : Comment peut-on vivre sans foi ou sans chimère ? » par « Car la psychanalyse, cher ami, est une science et la science n’est pas une religion. ». Un avis que Michel Onfray « Le crépuscule d’une idole » réfute en affirmant « que la psychanalyse ne serait qu’une dépendance de la psychologie, de la littérature, de la philosophie...mais en aucun cas la science « dure » à laquelle aspire son fondateur ». Sans doute, pour cette assemblée, les derniers soubresauts d’esprits libres à l’aube du crépuscule des Dieux.

    Je remercie les Éditions Robert Laffont ainsi que Babelio pour l’envoi de ce livre et la découverte de cette auteure.

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    Couverture du livre « Le sentiment des crépuscules » de Clemence Boulouque aux éditions Robert Laffont

    Anita Millot sur Le sentiment des crépuscules de Clemence Boulouque

    Stefan Zweig, admirateur – et ami – de Sigmund Freud, a organisé (sur l’insistance de Salvador Dali) une rencontre autour d’un thé chez le vieux psychanalyste, dans sa maison d’Elsworthy Road, à Londres. Nous sommes le 19 juillet 1938. Zweig et Freud, tous deux autrichiens, ont fui le nazisme …...
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    Stefan Zweig, admirateur – et ami – de Sigmund Freud, a organisé (sur l’insistance de Salvador Dali) une rencontre autour d’un thé chez le vieux psychanalyste, dans sa maison d’Elsworthy Road, à Londres. Nous sommes le 19 juillet 1938. Zweig et Freud, tous deux autrichiens, ont fui le nazisme … Quant à Dali, il a laissé la guerre d’Espagne derrière lui.

    Seront présents les trois « grands hommes » mais également Gala (la femme de Dali) Anna (la fille de Freud) ainsi qu’Edward James (agent et mécène anglais du peintre espagnol) À l’époque, Freud était âgé de quatre-vingt un ans, Zweig de cinquante-six ans et le jeune Dali de trente-quatre ans …

    Un court roman, rédigé tel un témoignage, au cours duquel nous découvrons différentes facettes de ces protagonistes, à la personnalité complexe, éventuellement agaçante … (surtout Dali, tout du moins en ce qui concerne mon propre ressenti …) Des échanges que j’ai trouvés inégaux par moments, tour à tour passionnants ou passablement ennuyeux …

    C’est – en tout cas – très bien écrit. Peut-être un peu trop « journalistique » à mon goût … Un récit politico-socio-philosophique, heureusement agrémenté d’évocations intimes sur la vie des uns et des autres. Bref, si cette lecture ne m’a pas lassée, je n’ai pas, non plus, éprouvé un réel coup de coeur …