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Christy Lefteri livre un récit intime sous forme d'une fable où Irini décrit l’incendie criminel criminel laissant derrière lui des victimes et 100000 hectares de nature calcinée. L'écriture est fluide avec un soupçon de tension et de suspense, immersive, une fiction avec de l'émotion, une aventure, un témoignage mais aussi une réflexion sur le climat, le sentiment de culpabilité, les traumatismes et la reconstruction. Une oeuvre aussi douce et poétique.
"Les feux de forêt sont toujours plus destructeurs en période de sécheresse, et au fil des ans celles-ci sont de plus en plus longues et fréquentes. Presque chaque été, la terre se retrouve assoiffée et les vents sont plus violents, le taux d’humidité plus bas. Les conditions climatiques se sont progressivement détériorées."
"Dans le jardin, le figuier est peuplé de moineaux qui chantent à tue-tête. L’arbre tout entier palpite de leurs gazouillis intermittents. Je le contemple du seuil. Les autres arbres me manquent. "
"Il était une fois un charmant village qui recelait un million d'histoires d'amour, de deuil, de paix et de guerre. Un jour, il fut dévoré par un brasier dont les flammes léchaient le ciel. Le feu dévasta tout, ne s'arrêtant qu'à la mer, où il se retrouva face à son reflet."
Un réel plaisir de recevoir un mail vous annonçant que vous êtes retenu pour lire et chroniquer un livre.
Rescapée, tout comme sa fille et son mari, d'un gigantesque incendie Irini raconte ce qu'elle a connu avant la catastrophe, la fuite pour échapper aux flammes, et l'après. Christy Lefteri dresse une fresque sociétale, familiale,, avec une petite touche d'enquête policière, pour raconter son incendie. Elle dénonce le mercantilisme qui a mené à cette catastrophe. Dans la relation entre les trois personnes de la famille (mère/fille - mari/femme - Père/fille) on voit toute la difficulté à se reconstruire et à reconstruire une vie "normale". Les personnages transmettent leurs émotions, ou pas. Il faudra beaucoup d'efforts pour retrouver l'attrait de la vie quotidienne.
Bien que le récit (sur le fond) m'ait plu, j'avoue avoir eu quelques difficultés avec la forme de la narration. l'histoire proprement dite est longue à se mettre en place et le premier quart du livre m'a semblé très décousu. Par ailleurs sur certains sujets (l'attitude du mari, la découverte de l'incendiaire) c'est très répétitif. le récit des contes qu'elle fait à sa fille n'apporte pas grand chose à l'histoire objet du livre et alourdit inutilement. Ce livre m'a plu sans me captiver.
Irini, professeur de musique, son mari Tasso, artiste peintre et leur fille Chara, menait jusque là une vie normale. Le père de Tasso, Lazaros aimait cette forêt qu’il parcourait avec attention, guettant l’évolution des arbres, les conséquences dramatiques du dérèglement climatique sur eux. Mais, soudain, tout bascule : la forêt est en feu, il faut fuir car leur maison va brûler et celles des autres tout autour. Il faut fuir, direction la mer, s’opposer aux forces de l’ordre qui ont l’ordre des les en empêcher, escalader des clôtures, malgré la souffrance, les brûlures.
Irini et Chara ont réussi à atteindre la mer, mais elles vont devoir attendre longtemps les secours, alors que d’autres personnes vont y laisser leur vie dans cette eau salvatrice. Elles sont sans nouvelles de Tasso qui a voulu aller chercher son père pour le sauver des flammes.
Comment se reconstruire après un tel drame ? Tasso n’est plus le même, il est prostré sous son figuier, rongé par la culpabilité de ne pas avoir pu sauver son père, ses mains sévèrement brûlées lui rappelant qu’il ne pourrait probablement plus peindre. Irini, elle, a vu tous ses instruments de musique détruits par le feu, y compris le précieux bouzouki du grand-père.
Tout le monde sait que c’est le voisin, qu’Irini appelle « le moine » qui a déclenché l’incendie, en voulant brûler « seulement quelques mètres carrés, pour que son permis de construire soit validé !
Comment réagir quand on se trouve en présence du criminel ? surtout lorsqu’on le trouve étendu, une corde cassée autour du cou, mais encore vivant ? Irini s’enfuit et mettra du temps à appeler les secours. Suicide ? Lynchage ?
Christy Lefteri nous propose une réflexion sur la fragilité de la Nature, la tragédie des feux de forêts, les habitants qui ont tout perdu, les conséquences sur les familles, le désir ou non de continuer à avancer, la résilience. Mais elle s’attaque à un autre thème : comment réagir devant le coupable ? lui porter assistance ou le laisser mourir ? et par conséquent, une réflexion sur l’âme humaine, la colère, le pardon difficile voire impossible. Qui est le plus criminel des deux : celui qui allume l’incendie ou celui qui ne l’aide pas ?
Christy Lefteri a choisi un récit gigogne, alternant la période post-incendie et la vie de tous les jours qui lui succède, et un « journal » qu’elle appelle « Le Livre du feu » dans lequel elle raconte la manière dont elles ont échappé aux flammes, en l’entrecoupant son histoire familiale : sa famille partie vivre au Royaume Uni lorsqu’elle était enfant, la vie de son père, pour leur offrir une vie décente et des études, et le retour chaque été au pays où elle retrouvais son ami d’enfance Tasso.
Irini revient aussi sur le passé, les anciens qui ont été chassés de Turquie, qui ont dû tout quitter pour partir sur les routes, à pied, pour un exode lointain.
J’ai beaucoup aimé le précédent roman de l’auteure « Les oiseaux chanteurs » et c’est pour cela que j’ai tenté ma chance pour obtenir « Le Livre du feu ». J’ai bien aimé, l’histoire, la réflexion sur la Nature et tout ce que l’homme lui fait subir, en n’entretenant pas la forêt ; dans le cas présent, mais aussi la gestion catastrophique des gens qui gouvernent la planète.
L’auteure a choisi de baser son roman sur l’histoire familiale, le couple, et surtout centré sur Irini, probablement pour ne pas livrer un récit trop militant, ce qui constitue un bémol pour moi mais j’ai bien aimé ce livre, un peu moins puissant que « Les oiseaux chanteurs » mais quand même réussi. Il serait temps que je sorte « L’apiculteur d’Alep » de ma PAL, dont le thème me fait plus peur en fait.
Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver l’univers de son auteure dont j’ai beaucoup apprécié « Les oiseaux chanteurs ».
https://leslivresdeve.wordpress.com/2024/06/08/le-livre-du-feu-de-christy-lefteri/
Christy Lefteri m’avait captivé, enchanté avec L’Apiculteur d’Alep puis Les Oiseaux chanteurs. Aussi, je me suis lancé avec beaucoup d’envie dans la lecture de son dernier roman : Le Livre du feu.
Son récit est mené sur deux temporalités : l’une en direct, au moment présent, l’autre est intitulée à chaque fois, à chaque retour en arrière « Le Livre du feu », le titre du roman.
Aussitôt, je retrouve, sous la traduction de Karine Lalechère, la verve, le sens de l’écriture fluide, agréable à lire, de Christy Lefteri.
Un promoteur que la narratrice appelle Monsieur Moine - de son vrai nom Michael Trachonides – est sans délai identifié comme l’auteur d’un terrible incendie dont les conséquences s’étalent dans la partie que j’appellerais actuelle.
Quand la narratrice, Irini, reprend la parole, j’apprends qu’elle a un mari, Tasso, une fille, Chara, et un chien, Rosalie. Elle est musicienne, spécialiste du bouzouki, et son mari est un artiste peintre qui excelle à représenter la forêt, cette si belle forêt en train de partir en flammes.
C’est dans les passages intitulés « Le Livre du feu » que l’action est la plus intense, la plus stressante. Là, je suis en apnée car il faut suivre Irini et Chara qui tentent d’échapper aux flammes dévorant tout ce qui vit : êtres humains, animaux, insectes et végétaux. Dans cette fuite éperdue, j’apprends que les plus riches ont construit leurs villas au bord de l’eau, barrant tout accès à la mer.
Ensuite, je suis un peu déçu car Christy Lefteri adopte un style feutré, remonte dans les souvenirs de ces Grecs revenus de Londres, pour vivre au pays. Bien sûr, les dégâts causés par le feu font frémir, désolent vraiment. Si l’on connaît le coupable, si l’on incrimine le gouvernement, si l’on reproche aux pompiers une organisation défectueuse, si la police a préféré protéger les biens des plus riches, personne n’évoque le principal responsable de ces gigantesques incendies qui ont dévasté, dévastent encore d’immenses territoires de notre planète : le réchauffement climatique. Cela, Christy Lefteri le détaille très bien dans sa Postface.
Je n’oublie pas le rappel de ces déplacements de populations entre Grèce et Turquie, bien remis en situation, après la chute de l’empire ottoman. D’ailleurs, ces exilés se sont même croisés en chemin… enfin ceux qui ont pu échapper à la violence meurtrière inhérente à ce genre d’évacuation forcée.
Christy Lefteri réussit à mettre un peu de suspense, de tension avec une mort suspecte et l’intervention de la police. Pourtant, ce sont les scènes de la vie familiale, les tentatives pour rétablir la communication dans le couple après le traumatisme de l’incendie qui occupent l’essentiel du roman. Les contes, les histoires racontées aux enfants, à Chara en particulier, par sa maman, révèlent toute leur importance comme celle, si nécessaire, de la nature.
L’autrice décrit très simplement la vie quotidienne de la petite famille. Elle aborde même la question des greffes pour les grands brûlés avec beaucoup de délicatesse mais était-ce nécessaire de placer cette histoire de jeune chacal recueilli par Chara ?
Aussi, en dehors des moments intenses, Le Livre du feu donne un ensemble poétique, doux et émouvant, souvent empreint de nostalgie. Au final, ce roman me déçoit un peu mais je respecte le choix de l’autrice qui a privilégié l’intime, le familial par rapport au spectaculaire et au clinquant.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil qui m’ont permis de continuer l’aventure littéraire avec Christy Lefteri.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/05/christy-lefteri-le-livre-du-feu.html
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