Quel livre fascinant ! Je ne me souviens pas avoir lu un autre livre comparable à celui-ci. Quasiment 700 pages, et pas un mot de trop. Personnellement j'aurais même bien continué un peu avec les derniers personnages du roman. L'émotion est bien présente, chacun des personnages sait nous...
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Quel livre fascinant ! Je ne me souviens pas avoir lu un autre livre comparable à celui-ci. Quasiment 700 pages, et pas un mot de trop. Personnellement j'aurais même bien continué un peu avec les derniers personnages du roman. L'émotion est bien présente, chacun des personnages sait nous toucher, chacun avec ses failles, ses faiblesses, mais aussi ses déterminations, ses forces, et ses victoires.
Un roman sur plusieurs époques, chacune mettant en scène des personnages qui se révèleront tous reliés, les uns aux autres.
Konstance, dans un futur lointain, en route vers une planète à des années-lumière, seule enfermée dans une capsule de son vaisseau l'Argos, découvrant la terre par un programme nommé Atlas, sous la surveillance d'une intelligence artificielle nommée Sybil.
Anna, jeune brodeuse à Constantinople, au quinzième siècle, plus passionnée par les livres, les idées et le pouvoir des mots que par les points de broderie :
« "Tu te bourres le crâne de choses inutiles ", lui chuchote Maria. Peut-être - mais le point de chaîne câblée, le point noué et le point de marguerite, Anna ne les apprendra jamais. Quand elle manie l'aiguille, son talent le plus sûr consiste à se piquer accidentellement le bout du doigt et à tâcher l'étoffe de sang. »
Omeir, à la même époque jeune paysan au bec de lièvre, recruté avec ses boeufs pour rejoindre l'armée du sultan, à la conquête de Constantinople. Omeir qui aime ses bêtes plus que beaucoup d'humains
« Ce n'est pas normal qu'un enfant ait moins de sympathie pour les humains que pour le reste des créatures.
La mèche du fouet claque à deux doigts de son oreille.
Un conducteur à la barbe blanche, qui les accompagne depuis Edirne, lance alors : « Laisse ce gamin tranquille. Il a de la bonté pour ses bêtes, et après ? le Prophète lui-même, que la paix soit avec Lui, a préféré un jour couper un pan de sa tunique plutôt que réveiller le chat qui dormait dessus. »
Zeno et Seymour, tous deux vivant à Lakeport aux États-Unis, quelques dizaines d'années les séparant. Zeno ancien soldat, solitaire, qui se prend de passion pour la traduction de textes grecs et Seymour, jeune hypersensible, passionné par la nature et se battant pour sa défense.
Et puis le personnage le plus improbable, Aethon, berger grec inculte de l'antiquité qui va partir à la recherche d'une cité céleste utopique : la cité des nuages et des oiseaux.
« Il fut Homme pendant quatre-vingts ans, Âne pour une année, Loup de mer pour une autre, et une année Corbeau. »
Le lien le plus immédiat entre eux est ce livre de Diogène, racontant la quête d'Aethon. Ce livre fera partie de leur histoire à chacun au cours des siècles, et l'auteur nous révèlera peu à peu toutes les ramifications qui unissent ces hommes et femmes au cours de l'histoire. Beaucoup d'informations dans les premiers chapitres, qui peuvent dérouter certains lecteurs, et peu à peu le récit s'organise, rythmé par les chapitres du livre de Diogène, et les différentes parties du récit s'accordent les unes aux autres, telles un puzzle immense. Je suis admirative de la façon dont l'auteur a mis en place toutes les petites pièces qui trouveront toutes leur sens à un moment ou un autre.
L'auteur nous enchante par un talent de conteur hors du commun, rendant chacune de ces époques, chacun de ces personnages, réels, touchants. Aucun n'aura un destin glorieux, mais ils survivront et sauront nous captiver. Je les aurais tous aimés. Je n'en oublierai aucun.
Ce roman est aussi un formidable hommage aux bibliothèques et surtout aux bibliothécaires, ceux d'aujourd'hui et ceux d'hier, qui protègent et transmettent les livres. Ces livres qui sauvent l'homme de l'ignorance, de la solitude, qui lient les différentes générations, indispensables et pourtant si fragiles. Combien ont disparu au cours des âges, combien ont été détruits par la bêtise humaine, l'intolérance, le besoin de puissance et de domination.
Je terminerai cette critique par la dédicace de l'auteur :
« À tous les bibliothécaires passés, présents et à venir »